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Covid-19 : Une enquête révèle la suspicion des Français à l’égard des politiciens

7 Français sur 10 ne font « pas du tout confiance » aux politiciens et aux leaders politiques* pour dire la vérité sur le coronavirus” selon l’enquête « Les Français et la Science 2021 » de l’Université de Lorraine.

Science & You (U.L.)

Commandée par l’Université de Lorraine dans le cadre de Science&You et réalisé au 4ᵉ trimestre 2020 par l’institut d’études et de sondage Gece, la 8ᵉ édition de l’enquête Les Français et la science 2021 décrypte les tendances de fond dans le rapport de la population française à la science et ceux qui la font depuis 1972, avec un focus sur le coronavirus.

Si les résultats de l’enquête analysés par une équipe de sociologues de l’Université de Lorraine (Pauline Hervois), du Gemass (Michel Dubois) et de la London School of Economics and Political Science (Martin W Bauer) mettent en avant un niveau de confiance en la science des Français qui reste élevé (84%), certaines tendances émergent en 2021.

Les Français manquent de familiarité avec la Science

Si les Français conservent un intérêt évident pour les sciences, la mesure de leur familiarité avec quelques notions élémentaires suggère que depuis les années 1990 cette familiarité tend à décroître. Dans les années 1990, la moyenne des bonnes réponses aux questions posées était de 2 sur 3. En 2020, la moyenne des bonnes réponses est légèrement supérieure à 1 réponse sur 2.

Un record d’ambivalence face à la science et ses effets

Contrairement à certains pays, comme la Suède ou le Japon, qui se caractérisent par une vision très positive des effets de la recherche scientifique sur la société, la France est marquée par une forte ambivalence : plus de la moitié des Français estime que la science apporte à l’homme « autant de bien que de mal ». Ce positionnement qui met l’accent sur la tension entre des jugements d’apparence contradictoires est en progression sur près de 50 ans, rendant désormais minoritaires les personnes considérant les effets bénéfiques de la science comme étant supérieurs à ses effets négatifs : en 1972, plus d’1 personne sur 2 pensait que la science apporte plus de bien que de mal, ils sont 1 sur 4 en 2020.

Un rejet majoritaire de l’expérimentation animale

Plus de la moitié des Français ne souhaite pas que les scientifiques expérimentent sur des animaux, et ce, malgré le fait que ces tests puissent aider à résoudre ou à augmenter les connaissances des problèmes de santé des humains. À l’heure où la régulation nationale et internationale des formes d’expérimentation animale prend toujours plus de poids, la communauté scientifique doit sans doute mieux communiquer autour des enjeux de cette expérimentation et des limites de ses éventuels substituts, comme la recherche réalisée sur organoïdes.

Des controverses restent ouvertes : le stockage des déchets nucléaires, les OGM, les aliments de synthèse …

Plusieurs sujets continuent à nourrir un sentiment de rejet important dans la population. Par exemple, le stockage des déchets nucléaires est perçu par 6 individus sur 10 comme un développement qui entraînera des conséquences négatives à l’avenir. Cette opinion est particulièrement répandue dans les régions Grand Est, Bretagne et Occitanie. Pour 6 Français sur 10, le développement des OGM dans l’agriculture et dans l’élevage entraînera des conséquences néfastes sur la qualité de vie dans les années futures. La fabrication de nouveaux aliments synthétique ne bénéficie pas non plus d’une bonne réputation : seul 1 Français sur 10 anticipe des impacts bénéfiques sur la qualité de vie à venir.

À Propos de Science&You 2021

Rapprocher sciences et citoyens pour que chacun puisse être conscient des enjeux sociétaux de la culture scientifique, technique et industrielle : telle est l’ambition de l’Université de Lorraine avec Science&You. Dans la continuité des Journées Hubert Curien, Science&You est un événement international de culture scientifique adressé aux professionnels (chercheurs, doctorants, responsables de musées, de centres de science, médiateurs, communicants et journalistes scientifiques…) et ouvert au grand public.

http://www.scienceandyou.com

 À propos de l’Université de Lorraine

Depuis 10 ans, l’Université de Lorraine fait dialoguer les savoirs grâce à son approche interdisciplinaire associant formation, recherche et impact sur la société, avec l’ambition de faire face aux grands défis sociétaux. Avec Science&You elle rassemble sur 4 jours les acteurs de la communication scientifique du monde entier pour proposer une réflexion de fond sur le rapport des citoyens à la science et ainsi se donner les moyens de répondre aux problématiques liées à la confiance dans la science.

*La crise sanitaire Covid-19 (Extrait de l’étude)

« Pour rendre compte de la réaction des Français à la crise Covid-19, l’enquête étudie la confiance accordée à différents acteurs pendant la deuxième vague : elle met alors en évidence une hiérarchie de la crédibilité des propos relayés à un moment fort de la pandémie.

En France comme à l’étranger, la pandémie Covid-19 depuis le début de l’année 2020 a été l’occasion d’une forte exposition publique des scientifiques. Pour tenter de mesurer l’impact de la crise sur l’image publique des sciences, l’enquête a été enrichie de questions relatives à cette situation exceptionnelle.
À la question « à qui faites-vous confiance pour dire la vérité sur le coronavirus ? », les Français répondent en citant très majoritairement les médecins (92%), les scientifiques et universitaires (83%), ainsi que l’Organisation Mondiale de la Santé (78%) (Figure 6).
À l’opposé, la sphère politique – à l’exception du Ministère de la Santé – enregistre une méfiance très importante : environ 7 Français sur 10 ne font « pas du tout confiance » aux politiciens et aux leaders politiques pour dire la vérité sur le coronavirus. Alors même qu’ils jouent un rôle important dans la transmission vers le grand public des avancées scientifiques, les journalistes ne parviennent pas non plus à susciter la confiance (39%).
Entre ces deux groupes, on retrouve des institutions — Ministère de la Santé — ou des groupes professionnels — juristes, scientifiques de l’industrie, intellectuels, ingénieurs — pour lesquels les enquêtés sont plus incertains : 1 Français sur 2 dit par exemple faire confiance aux scientifiques travaillant dans l’industrie.
La crise sanitaire a été l’occasion de s’interroger sur l’indépendance des experts, et sans doute faut-il interpréter cette hésitation à l’égard de la recherche industrielle comme une extension de ce débat public sur le manque d’autonomie des scientifiques — ici par rapport aux intérêts supposés de l’industrie, notamment pharmaceutique.

Figure 6

les Français et la science 2021

France Grand Est Lorraine