Passer une coloscopie sans anesthésie générale, c’est désormais possible au CHRU de Nancy grâce à un dispositif de réalité virtuelle et un parcours adapté.
L’établissement nancéien fait partie des deux centres hospitaliers français à proposer cette technique qui illustre l’essor des thérapies complémentaires à l’hôpital.
Une immersion visuelle et sonore
Afin de limiter l’impact des déprogrammations massives dues à la crise Covid, l’équipe d’Endoscopie digestive sous l’impulsion du Dr Julien Sitte, expérimente en novembre 2020 une alternative à l’anesthésie générale : l’hypnose conversationnelle assurée par une infirmière formée. Puis c’est un dispositif de réalité virtuelle thérapeutique utilisé dans d’autres secteurs du CHRU, qui intègre l’expérimentation. Le système composé d’un casque (audio et vidéo) propose au patient une immersion à 360 degrés dans l’environnement de son choix : jardin zen, plongée sous-marine, balade en forêt, montagne enneigée ou plage ensoleillée.
L’ambiance musicale naturelle et relaxante est associée à un accompagnement verbal et à un exercice de respiration pour se détendre. L’immersion est instantanée et aide à prendre de la distance vis-à-vis de l’environnement technique et des gestes réalisés.
« La satisfaction a été générale, tant pour l’équipe soignante que pour les patients, avec des résultats médicaux très positifs, souligne le Dr Julien Sitte. C’est pourquoi le service d’Hépato-gastro-entérologie a fait l’acquisition du matériel. A ce jour, nous sommes à plus de 80 coloscopies réalisées sans anesthésie générale. »
Réalité virtuelle versus anesthésie générale
« Les effets secondaires d’une anesthésie générale ne sont pas toujours anodins et peuvent perdurer plusieurs jours, rappelle le Dr Sitte. Cela présente aussi des risques non négligeables chez les personnes âgées par exemple. C’est pourquoi les patients éligibles accueillent volontiers l’hypno-relaxation quand nous la leur proposons en consultation. On leur explique en détails comment cela va se passer. Leur implication est essentielle. »
Diminution du temps passé à l’hôpital, accès facilité aux examens, diminution de la douleur et de l’anxiété : les bénéfices sont nombreux. « Au-delà du contrôle visuel, poursuit le médecin, une grande partie des gestes thérapeutiques peut être réalisé sous hypno-relaxation comme les ablations de polypes ou les biopsies. Certains examens sont réalisés en urgence et cela nous permet d’avancer plus rapidement dans les diagnostics. De plus, une gastroscopie peut être réalisée dans les suites immédiates de la coloscopie si nécessaire. »
Améliorer l’expérience patient
La prise d’un comprimé anxiolytique une heure avant l’examen, aide le patient à se détendre. Mais pour parvenir à un total lâcher prise, c’est à toutes les étapes de son parcours, de la prise de rendez-vous à sa sortie de l’hôpital, que le patient doit être mis dans de bonnes conditions.
« Le sens de l’accueil, la façon d’aborder avec le patient l’examen, la relation de confiance à instaurer entre nous sont déterminants pour une qualité des soins optimale et cela ne s’improvise pas, explique Annick Sublon, infirmière du service formée à l’hypnose médicale. C’est pourquoi l’ensemble de l’équipe va prochainement suivre la formation aux techniques d’hypnose assurée au CHRU. Cela permettra d’intégrer pleinement cette approche à la prise en charge de tous les patients, qu’ils bénéficient d’un examen sous anesthésie générale ou sous hypno-relaxation. »