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Covid : le risque alimentaire une piste trop négligée

Médecins et scientifiques soupçonnent depuis longtemps que la contamination se fait lors des repas. Plusieurs études vont plus loin et montrent que les aliments eux-mêmes seraient porteurs du SARS-CoV-2.

Autour d'une bonne table (Jacques B. Geoffroy, Flickr)
Autour d’une bonne table (Jacques B. Geoffroy, Flickr)

On savait déjà que le coronavirus se transmettait lors des repas comme l’Institut Pasteur l’a récemment démontré dans une étude solide et comme plusieurs scientifiques l’ont confirmé dans nos colonnes en décembre 2020. Désormais ce sont les aliments eux-mêmes qui sont mis en cause et pourraient expliquer ce qui, jusqu’ici, restait incompréhensible : pourquoi un cluster ici et pas là ? Pourquoi une résurgence soudaine de l’épidémie que l’on croyait éradiquée dans telle région ou tel pays ? Pourquoi brusquement un Ehpad est durement touché ?
Déjà, en juin 2020, les experts chinois ont alerté la communauté scientifique sur une nouvelle voie possible de contamination par les aliments. Car ils avaient détecté dans la ville de Harbin (Nord) des cas de coronavirus liés à un important abattoir de volailles.
Dans cette usine appartenant à l’un des plus gros volaillers du monde, le thaïlandais Charoen Pokphand où 58 millions de poulets sont abattus chaque année, le virus a été trouvé notamment dans les chambres froides et sur les emballages des produits.

Pendant trois semaines

C’est en Chine également que le SARS-CoV-2 a été découvert dans des crèmes glacées comme nous l’avons déjà écrit dans une précédente édition. Le virus semble prendre ses aises dans la viande, le poisson ou tout autre aliment consommé froid.
Le SARS-CoV-2 a été détecté sur des travailleurs et du matériel dont une planche à découper utilisée pour trancher le saumon importé. Les autorités chinoises ont suspendu aussitôt les importations de saumon en provenance d’Europe. La Chine a également suspendu les importations de crevettes en provenance de trois usines de transformation équatoriennes après avoir détecté le virus sur la marchandise.
Une étude à Singapour menée sur des échantillons de saumon, de poulet et de porc a montré que le SARS-CoV-2 ajouté en laboratoire à ces aliments est resté « constant » de 4° à -80° pendant toute la durée de l’expérience de 7,14 et 21 jours ! « ‘’L’infectivité’’ du virus est maintenue dans tous les échantillons réfrigérés durant trois semaines » affirment les auteurs de l’étude.
En Allemagne, plus de 1 500 travailleurs ont été testés positifs au COVID-19 dans l’un des plus grands abattoirs de Gütersloh (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), ce qui a entraîné la fermeture de deux districts et de plus de 600 000 personnes !

Échanges commerciaux

Au Royaume-Uni, les foyers de COVID-19 ont provoqué des perturbations dans une usine de transformation de volaille et dans un établissement produisant des plats préparés pour les supermarchés.
La transformation du poisson dans les conserveries de thon au Portugal et au Ghana a été suspendue après que les travailleurs de ces deux pays ont été testés positifs au COVID-19. En Australie, des abattoirs ont fermé suite à la présence du virus sur les travailleurs.
La thèse de la contamination du Sars-CoV-2 par les aliments et leurs emballages ne convainc pas toute la communauté scientifique. A preuve, l’OMS indique qu’il est très peu probable que des personnes puissent contracter le COVID-19 à partir d’aliments ou d’emballages alimentaires.
Reste que si la transmission du virus par des aliments contaminés n’est pas une voie d’infection considérée comme majeure par tous les scientifiques, l’importance et la vitesse des échanges commerciaux de denrées alimentaires doit nous alerter. Car il est acquis que le virus peut survivre aux conditions de transport et de stockage d’un continent à l’autre pendant des jours voire des semaines. Et peut ainsi arriver jusque dans nos épiceries, nos supermarchés. Et donc dans nos assiettes.

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