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Le Sars-CoV-2 présent dans la crème glacée en Chine

Des glaces fabriquées en Chine avec des ingrédients provenant de Nouvelle-Zélande et d’Ukraine ont été contaminées par le coronavirus selon le journal australien News.com.au

Le coronavirus dans les glaces (capture twitter)
Le coronavirus dans les glaces (capture twitter)

Est-ce vraiment « un cas unique », comme l’affirment les experts qui ont eu à examiner ces échantillons de crème glacée fabriquée en Chine à partir de lait en poudre provenant de Nouvelle-Zélande et d’autres ingrédients provenant d’Ukraine? On voudrait le croire. Mais l’info donnée ce lundi 18 janvier 2021, par le journal australien News.com.au rappelle que le virus se propage silencieusement sur toute sorte de supports, y compris alimentaires, lui permettant de franchir les frontières en passager clandestin.

L’hygiène en question

Les autorités sanitaires de la municipalité chinoise de Tianjin précisent en effet que « trois échantillons de glace ont donné un résultat positif au test COVID-19 ». Les glaces contaminées sont fabriquées par la Tianjin Daqiaodao Food Company, qui utilise du lait en poudre néo-zélandais. L’entreprise a scellé et confiné tous ses produits après que les tests aient trouvé le virus dans la glace cette semaine.
« Il est probable que cela vienne d’une personne, et sans connaître les détails, je pense que c’est probablement un cas unique », a déclaré à Sky News le Dr Stephen Griffin, un virologiste de l’université de Leeds. « Bien sûr, tout niveau de contamination est inacceptable et toujours source d’inquiétude, mais il est probable que cela résulte d’un problème au niveau de l’usine de production et potentiellement de l’hygiène de l’usine ».
Le journal australien ajoute que « selon l’expert, la température froide, combinée à la teneur en matière grasse de la glace, pourrait être responsable de la « survie » du virus dans les échantillons. »Faut-il s’en alarmer ?
« Nous n’avons probablement pas besoin de paniquer sur le fait que chaque morceau de glace va soudainement être contaminé par le coronavirus » a souligné le Dr Stephen Griffin.

Employés en quarantaine

Le ministère des industries primaires a déclaré qu’il n’avait pas connaissance de preuves que la poudre de lait néo-zélandaise était la source du COVID-19.
« Dans de nombreux cas, les rapports sur le SRAS-CoV-2 détecté sur les aliments ou les emballages alimentaires ne sont pas spécifiques quant à la façon dont le virus a été identifié, la quantité de virus trouvée et si le virus était viable et infectieux », a déclaré le ministère.
« La littérature scientifique et l’expérience des autorités de santé publique mondiales montrent que la transmission par les gouttelettes et les aérosols en suspension dans l’air est la voie dominante de l’infection par le COVID-19. Le risque de transmission par les aliments est considéré comme très négligeable ».
Les 1662 employés de la société auraient été placés en quarantaine.
Selon les autorités locales, l’entreprise a fabriqué 4836 boîtes de glace, dont 2089 ont été mises sous scellés etstockées.
Au total, 935 boîtes de crème glacée, sur les 2747 boîtes qui ont été mises sur le marché, se trouvaient à Tianjin. Seules 65 ont été vendues.

[Traduction : Les autorités ont émis un avertissement à l’intention de tous les résidents qui auraient acheté la glace, leur demandant de signaler leur état de santé et leurs déplacements au sein de la communauté.]

Secteur alimentaire sous surveillance en Chine : la nouvelle voie

Selon des scientifiques, la résurgence en juin au Marché de Pékin liée à la chaine du froid et au saumon importé est une hypothèse : le virus pourrait être réintroduit par le transport via la chaîne du froid d’articles contaminés et pourrait déclencher une résurgence. Bien qu’il ne soit pas certain que la charge virale sur le saumon soit suffisante pour établir une infection, le risque de contamination des aliments et de l’environnement existe selon les auteurs.
L’approvisionnement en saumon contaminé et l’exposition des premiers patients sur le stand 14 qui se sont produits le 30 mai, laissent penser que la co-exposition a pu entraîner le stade très précoce de la résurgence. La constatation de ces auteurs est particulièrement importante pour les pays où les transmissions communautaires sont contenues ou supprimées. Les lignes directrices régionales sur la prévention et le contrôle du COVID-19 devraient intégrer la surveillance des produits importés de la chaîne du froid, en particulier ceux des régions épidémiques du COVID-19
Une équipe de chercheurs du NFVRC (National Food Virology Reference Center) a examiné la bio-persistance du virus sur différents produits frais (tomates, pommes, concombres). Aucun virus infectieux n’a été détecté au-delà de 24h sur les pommes et les tomates, tandis que le virus persistait sous forme infectieuse durant 72 h sur les concombres selon ces auteurs. La stabilité de l’ARN viral a été examinée par RT-PCR (ddRT-PCR) : aucune réduction considérable de l’ARN viral durant 72 h n’a été observée sur ce légume. Aucun autre légume n’a été testé dans l’étude. Les auteurs considèrent que la voie de transmission féco-orale doit être envisagée.

Importé des Etats-Unis

Plus récemment, un échantillon d’aliments surgelés importés dans la ville de Wuxi de la province chinoise du Jiangsu avait déjà été testé positif au nouveau coronavirus, ont annoncé mi-décembre les autorités locales. L’échantillon avait été prélevé sur un lot de tranches d’oreilles de porc importé des Etats-Unis dans le cadre d’un dépistage régulier avant l’entrée de tout aliment surgelé importé dans l’entrepôt de stockage frigorifique de la ville, d’après le bureau de la prévention et du contrôle des épidémies de la ville. Aucun de ces produits n’avait été distribué sur le marché local. Les autorités locales ont scellé et désinfecté les aliments, alors que les personnes en contact avec les produits contaminés ont été placées en quarantaine.
La Chine a intensifié ses efforts pour bloquer la propagation du COVID-19 via les aliments importés, alors que le ministère des Transports a publié en novembre une ligne directrice pour empêcher la transmission du COVID-19 via les aliments de la chaîne du froid importés par la route et les voies navigables.

La Chine surveille l’importation d’aliments ou leurs emballages en liaison froide.

En Chine, Wu Zunyou, l’épidémiologiste en chef affirme via un article du journal Asia Times que « les cas transmis localement sur le marché Xinfadi de Pékin ainsi que sur les marchés et les communautés de Dalian et de Qingdao au cours des derniers mois seraient tous liés au virus trouvé sur l’emballage des aliments surgelés importés vendus dans ces endroits » ; «Ensuite, nous nous demandons si l’apparition sur le marché de Huanan à Wuhan en décembre dernier pourrait avoir quelque chose à voir avec des aliments importés également… Cela peut être un nouvel indice dans nos enquêtes épidémiologiques continues », a-t-il déclaré.
Wu Guizhen, l’expert en chef de la biosécurité du CDC de Chine a déclaré qu’il était peut-être temps de « prendre en compte de nouvelles voies » dans les enquêtes sur les origines du virus. « Un indice, selon elle, est en effet le marché Xinfadi de Pékin lui-même. La source pourrait effectivement être des aliments congelés contaminés venant d’ailleurs, et l’environnement du marché n’a fait que faciliter la propagation du virus. Cela pourrait être la même chose avec le marché de Huanan de Wuhan», a déclaré Wu.

Usines agro-alimentaires : un risque à la source à contrôler ?

Une étude pré-publiée a été menée dans 116 usines agroalimentaires entre le 17 mars et le 3 septembre. 278 échantillons (1,23%) se sont révélés positifs pour le SRAS-CoV-2. 53% (62/116) des établissements avaient au moins un test positif. Les surfaces les plus souvent positives étaient les barres et poignées de porte 93 (33,45%). Les autres surfaces positives pour le SRAS-CoV-2 étaient des tables / comptoirs (21), des appareils informatiques (20), des distributeurs de désinfectant (17), des interrupteurs (12), des rails (12), des chaises, bancs (11) et horloges (10).
Dans un des établissements, des tests environnementaux initiaux positifs élevés (40%) les comparaisons des échantillons humains et environnementaux ont montré que 10,90% des échantillons humains et 8,54% des échantillons environnementaux étaient positifs pour le virus. Cela montre qu’en l’absence de tests effectués par le personnel, les tests environnementaux pour le SRAS-CoV-2 pourraient indiquer des infections humaines actives. Les tests surfaciques pour le SRAS-CoV-2 pourraient indiquer des infections humaines actives selon les auteurs.
Au total, la filière alimentaire, les employés de la chaîne logistique, des commerces alimentaires ou les clients qui entrent dans les supermarchés ont tout intérêt à améliorer leur pratique de lavage des mains qui sera déterminante dans la lutte contre la COVID19.

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