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Lettre d’octobre de Gaïa à Aurore Kepler 452B (conte poétique d’actualité)

Voici la nouvelle lettre que notre planète la Terre, Gaïa chez les Grecs, considérée comme un être vivant, écrit à une autre planète de l’univers, Aurore Kepler 452 B dans la constellation du Cygne.

Dr Gilles Voydeville
Dr Gilles Voydeville (DR)

Par Gilles Voydeville

Nous sommes en octobre 2020 du calendrier grégorien qui régit le temps terrien. Notre planète la terre, Gaïa chez les Grecs, considérée comme un être vivant, écrit cette lettre en réponse à la précédente qu’elle a reçue de son amie la planète Aurore Kepler. Elle la lui transmet instantanément par une liaison d’intrication quantique.

Aurore  dénommée 452b par la NASA, tourne dans la constellation du Cygne à 1400 années lumières de la nôtre. Elle y a été découverte en 2015 par le satellite observatoire Kepler. Par sa taille, sa masse, son âge (plus vieille de seulement 1,5 milliards d’années) et par l’orbite qu’elle décrit autour de son étoile, elle a la particularité de posséder des similitudes avec notre mère Gaïa. D’après la communauté scientifique, elle pourrait être habitée.

De Gaïa
3 ronde du soleil
Bras d’Orion
Voie lactée

À

Aurore Kepler
Constellation du Cygne
Bras d’Orion
Voie lactée

Mois d’octobre 2020

Ma chère Aurore,

J’ai bien reçu ta lettre et je t’en remercie.

Je suis toujours tellement impatiente d’avoir de tes nouvelles. Elles me distraient et me captivent à la fois. Elles sont plus palpitantes qu’un récit épique traversé de drames, de joies et de mystères. Elles sont plus belles qu’un ballet de corolles de tulle découvrant la grâce de formes tournoyantes enivrées de musique. Elles sont plus harmonieuses que la voix d’un chœur s’élevant des ruines d’un palais de faux travertin. C’est l’avis de ma sœur que j’attends pour consoler mes problèmes et éclairer mon avenir. Te savoir à mon écoute me permet d’exister différemment. Le seul fait d’échanger avec toi me renforce dans mes décisions. Car je le fais pour moi et encore plus pour l’image que je te donne de moi. Auparavant je m’abandonnais à la résignation. Je luttais avec mollesse contre les exactions de mes habitants. À quoi bon lutter si l’on est seule.

J’avais presque pris la décision de me laisser mourir à feu doux pour enfin avoir la paix. Comme je suis fière, maintenant que j’ai un public, je ne veux pas le décevoir.

Je me dois de te répondre au sujet de la distraction que tu m’envies : celle que me procurent les facéties de mon petit être charmant. Car ta question est fondamentale. Faut-il s’ennuyer ou faut-il craindre les ennuis ? De ton point de vue, l’ennui est mortel et tu donnerais tout pour ne plus compter les secondes qui interminablement s’enchaînent sans te procurer le moindre plaisir. Il est vrai que l’absence de plaisir est un grand facteur de dépression et quoi de pire que la dépression qui te rapproche du désir de la mort. Mon point de vue est différent : l’activité de mon Charmant est une source de tracas constamment renouvelée qui finit par me torturer et me fait parfois désirer disparaître. C’est ton soutien qui m’a ragaillardie et j’espère que ma manière de t’expliquer mon monde te sera utile. Si tu as souffert de l’ennui, d’écouter mes histoires t’a distraite mais t’a aussi fait voir que ces distractions se payent cher. Et que ton malheur doit se relativiser au vu de mes tracas.

coronavirus (Pixabay)
coronavirus (Pixabay)

Petits virus couronnés

À ce sujet, j’ai repris du poil de la bête et j’ai restimulé mes merveilleux petits virus couronnés de diadèmes, mes SARS-Cov-2. Ils ont réussi à organiser une deuxième vague d’attaque contre mes petits êtres charmants qui, comme tu le sais, ne le sont plus depuis un long temps. Et c’est en train de fonctionner. Tout d’abord j’ai aidé mon petit Couronné à évoluer. Dans certains cas, il a réussi à produire un super antigène similaire à celui qui donne des chocs toxiques. Ce super antigène mobilise massivement des lymphocytes T qui produisent des cytokines IL-1 et des TNF alpha qui agissent avec un truc un peu compliqué que les immunologistes de Charmant appellent la co-stimulation CD38. Tout ce petit monde produit par Charmant lui-même pour neutraliser ses agresseurs les microbes, produit en fait une déferlante inflammatoire constituée de tant de méchantes molécules qu’elles se retournent contre leur producteur. Cette production massive détruit les organes sains du corps de Charmant. Ces virus dotés de ce super antigène trompent donc Charmant en déréglant son système défensif, qui se retourne contre lui-même. C’est un peu comme si Charmant allumait la mèche de ses canons et que ceux ci tiraient à l’envers sur ses propres troupes.

Ça marche à presque tout les coups. Cela va me permettre de faire réfléchir Charmant avant qu’il ne relance son projet économique qui va me tuer à petit feu.

Ah! ces petits virus couronnés de diadèmes sont des petits génies qui s’ignorent. Ils sont incroyables. Ils sont si simples. Quand on les regarde, on rit de les voir s’attaquer à la forteresse défensive de Charmant. Et puis l’air de rien, ils font mine de se promener. Ils gambadent, sautillent, jouent avec les autres petites cellules et commencent à les mordiller. Là où ils sont très forts, c’est que souvent ils savent se rendre invisibles aux yeux de la défense immunitaire de Charmant. Au lieu d’être détruits par le feu nourri des interférons, ça leur permet de rentrer dans les cellules sans être vus. Mes Couronnés feintent les gardiens et peuvent ainsi s’enfermer, se multiplier, faire des familles, envahir des territoires et fonder des colonies. Elles sont vasculaires, rénales, pulmonaires. Ces dernières virevoltent au milieu des alvéoles et des bronchioles, dansant sur les cils des muqueuses avant de partir en expédition. Car elles ont une mission, conquérir un nouveau monde. Elles attendent leur tour avant d’être propulsées au grand jour par une quinte de toux. Quand tout à coup elles se sentent pousser des ailes, c’est un souffle charmant qui les emporte et les expulse dans l’atmosphère humide de mon écorce. Mes colonies de virus forment alors des escadrons de nébuleuses diaphanes, invisibles à l’œil, brumes fantomatiques dont la virulence n’a d’égale que la transparence. Elles flottent ainsi, suspendues en l’air entre deux mouvements, l’un d’expiration de l’hôte mourant et l’autre d’inspiration du futur élu. De cette manière elles peuvent s’installer douillettement dans les poumons d’un nouvel être charmant, proliférer, et recommencer le cycle. Ainsi elles essaiment et pérennisent leur race.

Je les admire trop mes petits Couronnés et j’ai un gros faible pour leur aptitude à agir sur plusieurs fronts.

Comme je te l’ai dit, non seulement ils dérèglent la réponse aux attaques et déclenchent ces somptueuses tempêtes de cytokines produites dans les usines souterraines du corps de Charmant. Ces tempêtes, au lieu de les subjuguer, vont détruire des milliards de cellules des vaisseaux des poumons, des reins et du cœur, y provoquant partout des micro infarctus.

Mais encore plus fort, ils savent glisser quelques peaux de bananes dans la programmation des défenses et lui font produire des armes contre ses armes : des auto-anticorps, auto-produits pour s’autodétruire.

Ah, ma chère Aurore, quel stratège ce Couronné !

Il est encore plus fort que tous ces cancers que j’avais laissés s’épanouir. Mon Couronné a moins d’expérience, car les cancers ont de la bouteille. Mais comme il est tout neuf, Charmant le comprend mal et cela fait son succès.

Les retombées de la recherche

De nombreuses pistes encourageantes émergent pour combattre le coronavirus, mais elles doivent encore passer les essais cliniques. Shutterstock
Shutterstock

A vrai dire, si j’apprécie les succès de mon Couronné, je crains les retombées de la recherche de Charmant, qui a mis toutes ses forces dans la bataille pour les piéger. Pour trouver un vaccin ou une molécule qui démembreraient mon chéri – Charmant n’y est pas encore – les laboratoires font feu de tout bois et je crains désormais que cette Recherche fasse preuve de sérendipité. C’est à dire qu’elle cherche un remède et en découvre un autre. Ça s’est déjà produit avec un certain Christophe Colomb, un navigateur qui cherchait les Indes et a découvert l’Amérique ; avec le docteur Fleming qui étudiait les staphylocoques et a découvert le champignon penicillium (en vérité c’est Ernest Duchesne qui avait découvert trente ans auparavant le penicilum glaucum qui neutralisait les bactéries injectées aux cobayes). Et je crains qu’en cherchant à terrasser mon petit virus, Charmant ne trouve le principe qui régit la genèse des cancers et qu’il réussisse à les éradiquer.

J’aurais perdu au change car les cancers sont mes principaux alliés contre ma surpopulation.

Il faut que je cesse de t’entretenir des exploits de mes virus. Je vais t’entretenir un peu de notre grande famille des planètes. Je te parlais tantôt de ma sœur Vénus, trop chaude pour garder ses amants et générer la vie. Eh bien, une charmante équipe d’astronomes anglo-américaine vient de prouver que la vie y était présente, ce qui me surprend. Ils ont trouvé de la phosphine ou phosphure d’hydrogène dans son atmosphère et cette présence ne s’explique que par la vie. Cela me plairait de l’y voir apparaître, d’attendre qu’elle murisse et me permette d’échanger avec celle qui jusque là me snobait ; un peu comme les Charmantes sans progéniture évitent de se mêler à celles qui sont suivies par une ribambelles de créatures affamées et criantes.

Générer la vie

Il est difficile pour moi de croire à une vie sur l’écorce de Vénus. Il y fait 450° et la pression atmosphérique y est de 90 fois la mienne. En revanche cela serait possible dans ses nuages, car à soixante kilomètres de sa surface, il fait entre 30° et 50° Celsius (je ne parle pas en Kelvin car ici personne ne le fait), et la pression y est comparable à la mienne. On imagine de petites bactéries vivant dans des gouttes en suspension, grossir et puis tomber et puis remonter par les mouvements de convexion et faire des noyaux de condensation pour reformer de l’eau et générer la vie. Mais le petit hic, c’est que l’acidité liée à l’acide sulfurique de son air est telle qu’elle est peu compatible avec la vie qui existe à ma surface. Maintenant, il existe peut-être une autre forme de vie qui serait compatible avec le milieu acide et la chaleur. Je t’entretenais tantôt des chromosomes ignifugés pour expliquer ce qui m’est aujourd’hui inexplicable. Mais si Vénus n’est pas stérile, cela veut dire qu’il y a des milliards de planètes qui peuvent porter une vie, et là on va pouvoir enfin trouver avec qui causer. Mon rêve de compagnie qui n’est réalisé que grâce à ta présence, pourra-t-il se concrétiser dans un futur proche ? Je ne dis pas maintenant, mais dans trois ou quatre milliards de cycles, si je n’ai pas été atomisée par Charmant ou un bolide interstellaire. Cela me plairait.

Au fait, les conséquences de ma deuxième vague commencent à se faire sentir.

Les grands maîtres qui dirigent les Charmants n’ont pas encore décidé un nouveau confinement et je le regrette. J’ai trop de bons souvenirs du premier pour ne pas craindre d’en désirer un second. Ils ont instauré un couvre-feu. Oh! ça n’est pas une façon d’étouffer les braises pour éviter les incendies pendant leur sommeil, mais c’est un interdit de circuler au-delà d’une certaine heure. S’ils croient que mes virus couronnés de diadème vont en souffrir, ils se trompent. La seule façon d’arrêter ma pandémie, c’est le confinement. J’ai envoyé mes virus à Charmant pour qu’il diminue ses productions néfastes pour mon air et ma terre. Il avait compris mon message et s’était confiné. Et voilà qu’il fait mine de ne pas comprendre le pourquoi de la pandémie. Il rechigne, il ergote, il hésite. Mais il ne réussira pas à se débarrasser de mon Couronné comme cela. Ça n’est pas parce que mon virus ne peut plus changer d’hôte le soir qu’il ne le fera pas au prochain matin. Non, c’est une ruse des grands maîtres pour montrer à leurs turbulents peuples qu’ils agissent sans arrêter les usines, mais autant leur première réaction me convenait, autant celle-ci me hérisse. Je veux des fermetures d’usine, point barre. La fonction de mon Couronné est d’obliger Charmant à baisser ses productions. Pas de lui interdire d’aller se restaurer pour l’enfermer devant son téléviseur. L’avantage des écrans est que chaque heure passée à les regarder ampute l’espérance de vie du télé spectateur de vingt minutes ; et va donc diminuer la surpopulation charmante.

économie-coronavirus (pixabay)
pixabay

D’un autre côté, il est certain que la fermeture des usines pose le problème de l’emploi. Il serait peut être temps que Charmant s’en remette au revenu universel qui n’oblige pas à travailler pour percevoir un salaire. Les aides existent déjà, mais le bénéficiaire de ces aides se considère et est considéré comme un paria qui profite d’un système. Alors qu’il évite de contribuer à l’aggravation de ma souffrance. Le terme de chômeur est lourd à porter pour celui qui chôme. Je dois trouver le moyen de changer le regard que l’on porte sur eux. Ce sont les vrais héros de ma terre, les sauveurs de ma planète, ceux qui ont compris l’évolution de la vie. On devrait les célébrer comme les éclaireurs du nouveau monde, ceux dont la sagesse permettra de ne pas se sentir inutile dans l’inaction.

Il est difficile de comprendre que la vie n’a pas de sens et il faut beaucoup de philosophie pour l’accepter ou beaucoup d’agitation pour se le masquer.

Si l’on explique bien son cas, le chômeur sera reconnu comme un modèle, celui qui est confronté au vide existentiel mais choisit de ne pas travailler ni de se distraire, pour ne pas me nuire. C’est un héros métaphysique. Jusqu’ici l’élite des Charmants n’a pas trouvé beaucoup de justifications pour faire l’éloge de l’inaction. Mais cette élite devra s’y employer rapidement avant qu’il ne soit trop tard. Elle doit comprendre que ma souffrance est profonde et qu’il est urgent de ne rien faire. Cela ressemble aux préceptes du père Ubu qui n’était pas si fou que cela. Seulement un peu en avance sur son temps.

licorne
Licorne (pixabay)

Comme Charmant est têtu, j’ai doté mon Couronné de nouveaux pouvoirs. Il mute tout le temps et il peut donc infester de nouveau ceux qui l’ont déjà subi. Inutile de te dire que la récidive a pour corollaire l’aggravation des symptômes. Car l’hôte a déjà été amoché par la première attaque et comme j’ai réussi à enclencher la seconde très peu de temps après la première (avec les influenzae de la grippe on attend toujours un cycle autour de mon soleil), le Charmant touché deux fois tombe vite et d’assez haut.

Tiens, hier j’ai fait un rêve : mon Couronné, pourvu d’un rostre doré, galopait dans les sous-bois : une Licorne, en sa robe immaculée qui traversait des fourrés ronceux sans la moindre tache de sang ni blessure. Je pense que ma vision venait du fait que cet bête fabuleuse est dotée d’une arme redoutable, tout comme mon Covid, et qu’elle est fort crainte par les Charmants. Ceux-ci veulent toujours la capturer pour l’amputer de sa corne magique. Ils imaginent ainsi qu’ils profiteront de ses pouvoirs chimériques et qu’ils trouveront enfin le bonheur. Les chasseurs charmants usèrent donc de ruse pour approcher la sauvageonne, mais comme elle est méfiante et perspicace, elle s’échappait toujours. Puisque certains avaient remarqué que la Licorne n’agressait pas les jeunes vierges et que, pour s’endormir, elle se couchait entre leurs cuisses, ils envoyèrent des myriades de pucelles dénudées dans les bois, les faisant asseoir au milieux des clairières sur leurs rondes fesses en écartant doucement les jambes. Elles étaient l’appât qui laissait deviner l’hymen et aveuglait la raison. Ainsi les Charmants purent s’approcher de la blanche Licorne. Mais quand ils l’attrapèrent, elle s’éveilla, se retourna pour les frapper et les tua avec son arme redoutable.

L’herméneutique de ce songe est suffisamment claire pour que tu la comprennes.

Charmant a quelques qualités, de gros défauts mais surtout un gros problème avec la culpabilité. Sans jamais se remettre en question, il ne cesse de se plaindre des malheurs et des crimes de son monde. Il se morfond en constatant la dégradation de ma nature causée par des cataclysmes de plus en plus fréquents. Il déplore les actes de barbarie commis par les siens. Cela le mine et lui enlève sa joie. Mais Charmant rejette toujours sur les autres la responsabilité des catastrophes ou des meurtres et génocides. Ainsi, il ne peut se consoler car il ne se pense pas capable d’agir sur ma nature ni de supprimer les actes barbares de ses semblables.

Pourtant le philosophe Jean Jacques Rousseau, lui, quand il voyait un malheur s’abattre sur le monde, un tremblement de terre par exemple, proclamait qu’il était la juste punition envoyée par l’être céleste pour punir les péchés des Charmants, qu’il déclarait donc responsable du désastre. Chaque Charmant pouvait donc par son juste comportement, sa demande de miséricorde, ses prières, penser lutter contre le châtiment divin. Mais J.J Rousseaux fut ridiculisé quand les Charmants occidentaux finirent par ne plus croire en ce Dieu. Ce rejet aggrava le désarroi du peuple qui se sentit à nouveau impuissant pour lutter contre les catastrophes déclarées à nouveau naturelles.

Dostoïevski et Karamazov

Quand la culpabilité n’est pas assumée, quelque soit le malheur subi, quelques soient l’origine des agressions  il n’y a pas de voie de salut, ni de bonheur. Car il n’y a pas de chemin spirituel pour éviter la récidive du malheur dont l’origine est attribuée, non pas à soi-même, mais aux autres sur lesquels nous n’avons que peu de prise.

Il fallut attendre l’éclairage du roman d’un auteur russe, Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski dans les Frères Karamazov. Cet auteur y mit en scène un ermite, un starets, qui devant chaque péché prêchait la culpabilité générale : « chacun de nous est coupable de tout devant tous les autres, et moi plus que tout le monde ». Avant d’être devenu un sage, le starets Zozima avait été un homme ordinaire, un jeune militaire ambitieux et envieux, n’hésitant pas à provoquer en duel le fiancé de la belle qu’il convoitait. Mais confronté au coup de pistolet qu’il allait donner à son concurrent, quand l’autre avait déjà tiré et l’avait manqué, il réalisa la laideur de son acte et jeta son arme dans la forêt. Après il fut banni par sa caste militaire, rejeté par la société et se réfugia dans la réflexion. Il trouva refuge dans un monastère et se fit ermite. Et par sa réflexion, il compris que tout acte avait des conséquences imprévisibles et souvent méconnues par le générateur. Ainsi il proclama la responsabilité de chacun face à la survenue de tout malheur. Il alla plus loin et se sentit coupable de tout les pêchés du monde. Mais au lieu d’en souffrir, cet aveu de culpabilité le soulagea, car s’il cherchait en lui les causes de ce malheur, même infinitésimales, il pouvait les y trouver. Et ainsi se corriger et penser qu’il agirait, même de façon ténue, sur l’homicide ou le désastre. De cette façon, il ne se lamenta plus des crimes ou des caprices de la nature. Il préféra se flageller et chercher en sa mémoire la plus petite chose qu’il aurait faite et qui aurait pu favoriser leur survenue. Ainsi il trouva une voie étroite, infiniment étroite, qui lui permit de traiter son désarroi face à un crime ou un cataclysme, en prenant sa part de responsabilité et en agissant pour se bonifier.

Pour moi, ce starets est une sorte de colibri, qui ici ne fait pas sa part en apportant de l’eau dans son bec pour éteindre l’incendie, mais prend sa part de responsabilité de son battement d’aile qui pourrait finir par générer un ouragan.

Voilà, ma chère Aurore, j’en ai fini pour ce jour. Mes réflexions sont graves mais le temps presse pour moi et mes espèces menacées par Charmant. Pourtant ce dernier ne manque pas de penseurs pour le guider, mais il ne les écoute pas. Il n’entend que le tonnerre et la foudre qu’il craint plus que tout. Il est déjà vieux, mais il n’est toujours pas mur. Un enfant capricieux mais avec la force d’un mastodonte.

Crois en ma grande amitié, en mon admiration, en mon amour, en notre avenir. Que nos frères et nos sœurs les astres et les planètes s’unissent pour notre bonheur et celui de nos créatures.

Ta Gaïa

Nb : J’apprends à l’instant que le reconfinement est décrété. Je t’en dirai des nouvelles à ma prochaine missive.

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