Jonathann Daval, 36 ans, devra expliquer au jury de la cour d’assises de Haute-Saône non seulement pourquoi il a tué son épouse, il y a trois ans, mais aussi pourquoi il a menti pendant plusieurs mois. Sur les faits, tout a été dit ou presque. Sur la personnalité du meurtrier présumé, tout reste à découvrir.
L’affaire avait suscité une vive émotion il a trois ans. Le 28 octobre 2017, Alexia Daval, une jeune femme de 29 ans était partie faire son jogging matinal. En ne la voyant pas rentrer, son époux, Jonathann, un informaticien de 33 ans (dit Thann), donne d’alerte. Trois jours plus tard, le corps d’Alexia partiellement calciné, est retrouvé dans un bois. Le mari éploré assiste aux obsèques. Il se constitue partie civile pour avoir accès au dossier.
L’autopsie a été pratiquée le 2 novembre. La presse a évoqué une mort par strangulation et affirmait que la jeune femme n’a pas été violée. Des fuites rapidement contredites par la procureur du TGI de Besançon, Edwige Roux-Morizot qui, au cours d’une conférence de presse, le 6 novembre, a précisé que « le décès est probablement lié à une asphyxie, sans que l’on en connaisse le mécanisme. » Elle ajoutait : « Il n’est pas possible d’affirmer qu’elle n’a pas été violée. » Enfin, ce mot lourd de sens, à propos de l’autopsie : elle a été « concluante ».
Des rumeurs toxiques
C’est dans un climat pesant que plusieurs marches blanches sont organisées dans plusieurs villes de France en hommage à Alexia. Le 5 novembre, à Gray, 8 à 10.000 personnes accompagnent les parents d’Alexia et son mari. Le 8 novembre les obsèques sont célébrées à Gray devant un millier de personnes émues et recueillies.
Les images à la télévision montrent Jonathan Daval en larmes, soutenu par ses beaux-parents.
Mais rapidement les réseaux sociaux vont état de rumeurs incroyables. « Des rumeurs toxiques » affirme Me Randall Schwerdorffer, l’avocat de Jonathan Daval.
Car le mari d’Alexia, entendu par les enquêteurs a expliqué que, la veille de la disparition de son épouse, le couple s’était disputé. Ce qui expliquait les marques de griffures visibles sur les mains.
Il est vrai aussi que l’avocat s’était constitué partie civile pour pouvoir accéder au dossier d’instruction. Mais sans doute pas à tous les éléments du dossier.
En garde à vue
Mais les gendarmes de la SR de Besançon ont minutieusement poursuivi leur enquête. Le 29 janvier 2018, Jonathann a été placé en garde à vue et ont procédé à une minutieuse perquisition de son domicile. Finalement, le 30 janvier 2018, au terme de deux journées de garde à vue, Jonathann Daval, a fini par craquer. La procureur de Besançon, Edwige Roux-Morizot expliquait alors que le prévenu avait été mis en examen pour “meurtre sur conjoint” et encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Elle a insisté sur le fait que la mort avait été donnée “volontairement et non accidentellement”.
Le lundi 17 juin 2019, au cours de la reconstitution des faits en présence des parents d’Alexia et de Grégory Gay, son frère, Jonathann a donc admis avoir non seulement tué son épouse mais avoir partiellement brûlé son corps dans un bois proche de Gray-la-Ville.
Le procureur de la République de Besançon a expliqué que la dispute du couple était due à un rapport sexuel que Jonathan avait refusé à Alexia. La dispute a ensuite dégénéré. Jonathann portant des coups violents à sa femme, jusqu’à lui donner la mort.
Il a ensuite chargé le corps dans son véhicule de service et s’est rendu à Bois d’Esmoulins où le corps d’Alexia a été partiellement brûlé. C’est là qu’il fut découvert sous des branchages.
« Nous voulions la vérité, nous l’avons eue » a déclaré Isabelle Fouillot, la maman d’Alexia.
Si les faits sont établis, c’est la personnalité de Jonathann qui intrigue. Qui est vraiment Jonathann Daval? Les jurés de la cour d’assises de Haute-Saône à Vesoul ont cinq jour pour avoir une réponse à la question.