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Domrémy : le magot des missionnaires

La justice a saisi près d’un million d’euros chez les Travailleuses Missionnaires de l’Immaculée (TMI).

Les Travailleuses missionnaires de l'Immaculée travaillaient sans compter au restaurant "L'accueil du Pèlerin" (photo Wikipedia)
Les Travailleuses missionnaires de l’Immaculée travaillaient sans compter au restaurant « L’accueil du Pèlerin » (photo Wikipedia)

 Sur instruction du parquet d’Epinal, la justice vient de saisir 950.000 € sur les comptes de l’association La Famille missionnaire Donum Dei dont dépendent les Travailleuses missionnaires de l’Immaculée, des jeunes femmes essentiellement originaires d’Afrique ou d’Asie. L’association fait l’objet de poursuites depuis les plaintes déposées en 2015 pour travail dissimulé.
Une dizaine de ces jeunes femmes travaillaient jusqu’en 2015, au restaurant L’accueil du Pèlerin, près de la basilique de Domrémy-la-Pucelle (Vosges). D’autres exerçaient à Lisieux, à Caen, à Marseille ou à Ars-sur-Formans, dans l’Ain dans un réseau de restaurants appelés L’eau vive. Elles travaillaient sans compter les heures tout en menant une vie de prières.

Pas déclarées

Car ces « Travailleuses » n’avaient pas de contrat de travail. Elles n’étaient donc pas déclarées aux organismes sociaux et l’association ne payait ni salaire ni charges sociales.
De l’esclavage moderne, en somme, sous couvert de pratiques religieuses. Outre les plaintes, regroupées à Epinal pour plus d’efficacité judiciaire, l’AVREF (Aide aux Victimes de mouvements Religieux en Europe et Familles) a publié « un livre noir » sur les dérives sectaires de cette association. Avec des témoignages éloquents. L’inspection du travail des Vosges est allée voir d’un peu plus près les pratiques de cette étrange association.
Finalement, le 9 novembre 2017, la représentante légale de la La Famille missionnaire Donum Dei, vivant en région parisien a été mise en examen à Epinal pour « emploi d’étrangers démunis d’autorisation de travail » et « travail dissimulé ».

Association religieuse ou laïque ?

Ce que conteste farouchement l’association estimant que les ordres religieux relèvent du droit canonique, et donc du Vatican. Et non pas du droit commun, en l’espèce le code du Travail.
De fait, les Travailleuses missionnaires de l’Immaculée sont affiliées à la Famille missionnaire Donum Dei, fondée en 1950 par le prêtre Français Marcel Roussel-Galle, né en Franche-Comté. Il s’agit d’une famille spirituelle catholique, membre du Tiers-Ordre séculier du Carmel. Elle est gérée par un Conseil Général dont le siège est à Rome. Mais elle est reconnue comme association laïque et non comme un ordre religieux.
C’est bien le point de vue du procureur d’Epinal, Etienne Manteaux qui a décidé de saisir 950.000 € sur les comptes de l’association, une somme correspondant aux arriérés des impayés aux organismes sociaux.
S’il n’y a plus de Travailleuses à l’Accueil du Pèlerin de Domrémy (elles ont rejoint Besançon) l’affaire n’est pas terminée pour autant. A la rentrée, la chambre de l’Instruction de la cour d’appel de Nancy devra trancher la question de savoir si l’association La famille missionnaire est ou non une association religieuse.

E.L.

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