Point-de-Vue. Il ne se passe pas un jour sans que ce Gouvernement n’annonce une nouvelle réforme. Toutes ont pour point commun qu’elles font peser de nouveaux efforts sur les salariés et les personnes les plus modestes.
Par Bernard Aubin
En plein conflit SNCF, alors que les cheminots se battent contre une première salve d’attaques sans précédent contre leur entreprise et leurs acquis sociaux, le gouvernement jette de l’huile sur le feu en annonçant une probable filialisation de Fret SNCF à l’horizon 2020. Il faut croire qu’outre les provocations, l’arrogance est une marque de fabrique de ce pouvoir.
FiRST rappelle que la descente aux enfers de Fret SNCF, et du fret ferroviaire français, est la conséquence directe de la politique ultra-libérale menée des années durant par Bruxelles, et désormais déclinée à grande vitesse par le Gouvernement français.
8.000 emplois disparus
Cette politique, fondée sur une concurrence décomplexée et non-encadrée, conjuguée au soutien inconditionnel de la route par les gouvernements successifs, mit en grave difficulté Fret SNCF dès l’ouverture des réseaux ferroviaires. Celle-ci a débuté en 2003, sans que l’Europe n’exige la moindre harmonisation économique et sociale préalable entre les opérateurs historiques et leurs futurs concurrents. Près de 8000 emplois de cheminots SNCF ont été perdus depuis l’arrivée de cette concurrence organisée dans des conditions déloyales.
Complice du gouvernement, comme elle l’est depuis le lancement de la réforme, la SNCF a osé déclarer : « Dans un contexte de compétition très intense, ceci garantirait l’avenir de l’opérateur de référence public et permettrait de fonctionner selon des règles économiques et financières de marché ». En clair, au lieu de réclamer du gouvernement qu’il défende, à l’échelon national comme international, des règles visant à assainir les conditions de concurrence entre modes de transports et entre opérateurs ferroviaires, la SNCF s’inscrit pleinement dans une logique de dumping social pour conserver ses marchés.
Une fuite en avant
Pour elle, comme pour le gouvernement, l’avenir de Fret SNCF ne passe que par le nivellement vers le bas des acquis sociaux du personnel. Une fuite en avant qui ne pourra en aucun cas sauver le transport ferroviaire de marchandises. Pour preuve, une bonne partie du fret jadis transporté par la SNCF est désormais acheminée par des routiers étrangers, issus de pays où le SMIC oscille entre 500 et 700 euros… Même filialisé, Fret SNCF et les autres opérateurs privés ne seront pas en mesure de lutter !
La seule solution en mesure d’offrir un avenir au fret ferroviaire, c’est de construire une réglementation stricte appliquée à tous les modes de transport doublée d’un cadre social de haut niveau à l’attention de tous les salariés. Par ailleurs, le bon sens exigerait aussi que les coûts externes soient intégrés dans les prix des transports. Tout le contraire de ce que prônent l’Europe et la France !
Fret SNCF n’a pas besoin de subventions, de filialisation, de recapitalisation pour vivre, juste de conditions de concurrences saines !
Bernard AUBIN
Secrétaire Général de FiRST