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Une plongée pleine d’enseignement dans deux siècles d’inondations

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Crue de la ravine Blanche au Tampon pendant le cyclone Hyacinthe à La Réunion, en 1980.
Jean-Claude Hanon/Wikipédia, CC BY-SA

Michel Lang, Irstea

Face au retour régulier des inondations, qui constitue le premier risque naturel en France, tirer les leçons des événements passés apparaît comme une évidence. Un travail d’inventaire des « inondations remarquables en France », réalisé en 2011, a fait l’objet d’un recueil qui rassemble des informations sur près de 175 événements. Il complète le précédent inventaire national (1858-1864) réalisé par Maurice Champion et couvre une période de plus de deux cents ans, de 1770 à 2011.

On retiendra que la France, de par la diversité des influences climatiques (perturbations d’origine océanique, méditerranéenne, continentale ; cyclones, orages), connaît une grande variété de types d’inondation : crues pluviales, nivales, par remontée de nappe, submersion marine, crues et laves torrentielles.

Les cumuls pluviométriques, mesurés antérieurement à l’aide de pluviomètres (relevé manuel de la quantité d’eau précipitée dans un récipient gradué) et, depuis plusieurs décennies, à l’aide de pluviographes (relevé automatisé des intensités de pluie à pas de temps fin) sont spécifiques aux familles d’événement.

Des records de pluie et de débit

Parmi les précipitations record observées par le passé en France, on peut citer quelques événements remarquables : 792 mm en 21 heures à Joyeuse (crue de l’Ardèche du 9 octobre 1827), 687 mm en 21 heures à Anduze (crue des Gardons du 8 et 9 septembre 2002), 950 mm en 24 heures à Valleraugue (crue du Tarn du 28 et 29 septembre 1900), 1 000 mm en 24 heures et 1 930 mm en 5 jours à Saint-Laurent-de-Cerdans (crue du Tech du 16 au 21 octobre 1940).

L’île de la Réunion constitue un cas à part, avec les plus forts relevés pluviométriques mondiaux, pour des cumuls de 12 heures à 15 jours : 1 144 mm en 12 heures et 1 825 mm en 24 heures (cyclone Denise, 1966), 2 467 mm en 48 heures (cyclone du 8-10 avril 1958), 3 929 mm en 72 heures (cyclone Gamède, 2007), 6 083 mm en 15 jours (cyclone Hyacinthe 1980).

Des événements anciens plus meurtriers

Le travail d’enquête a identifié, sur les deux derniers siècles, sept événements ayant fait plus de 100 victimes : 1 200 morts lors du cyclone de 1928 (Guadeloupe), 500 morts en juin 1875 (crue de la Garonne), 423 morts en décembre 1959 (rupture du barrage de Malpasset), 230 morts en mars 1930 (crue du Tarn et de la Garonne), 175 morts en juillet 1982 (rupture de poche glaciaire à Saint-Gervais), 165 morts lors du cyclone de 1948 (La Réunion), 125 morts en septembre 1875 (lave torrentielle sur l’Orb et le Vernazobres).

On peut noter qu’il s’agit ici d’événements anciens : les progrès réalisés en matière de gestion de crise (prévision-alerte-évacuation) et de génie civil (habitations, barrages) ont depuis permis de réduire les conséquences de tels événements catastrophiques.

Ceci étant, les événements récents de septembre 1992 sur l’Ouvèze (41 morts), de novembre 1999 sur l’Aude (35 morts) et de la tempête Xynthia en février 2010 (35 morts) nous rappellent que la vigilance est de mise vis-à-vis des phénomènes rapides de submersion, avec des inondations brutales à bien analyser lorsque les ouvrages de protection sont submergés.

Le 22 septembre 1992, la rivière l’Ouvèze submergeait Vaison-la-Romaine (Vaucluse). Retour sur les lieux de la catastrophe.

Des événements récents coûteux

En termes de dommages liés aux inondations, on peut retenir que les événements pour lesquels les estimations dépassent le milliard d’euros (valeur 2011) sont en général assez récents : 3,5 milliards (crue de l’Aude, novembre 1999), 2,5 milliards (tempête Xynthia, février 2010), 1,6 milliard (crue de la Seine, janvier 1910), 1,4 milliard (crue des Gardons, septembre 2002), 1,4 milliard (crue des Gardons, septembre-octobre 1958), 1,1 milliard (crue du Rhône, décembre 2003), 1 milliard (crue de l’Argens et la Nartuby, juin 2010), 1 milliard (crue en Bretagne, hiver 2000-2001).

Cela traduit assez bien l’augmentation importante des enjeux et de la vulnérabilité en zone inondable ces dernières années. On notera également que les crues lentes comme les crues rapides sont susceptibles de générer des dommages très importants. Rappelons ici que les dernières estimations sur les conséquences possibles du retour d’une inondation type 1910 en région parisienne sont maintenant de l’ordre de 30 milliards d’euros, à comparer avec les 1,6 milliard de l’époque.

Où trouver des informations ?

Une grande variété de supports donne accès à des informations, des descriptions sur des inondations : marques de crue, plaquettes d’information, expositions, rapports techniques, documents réglementaires sur les risques, bases de données locales, photographies, vidéo, reportages…

Sur georisques.gouv.fr.

À l’échelle nationale, un travail est en cours depuis plusieurs années pour mettre à disposition du public les informations sur le risque d’inondation. On peut citer le portail Géorisques du ministère de l’Environnement sur les risques naturels et technologiques, le site Pluies extrêmes de Météo-France sur les pluies remarquables en France métropolitaine et dans les DOM, la base de données historiques sur les inondations du ministère de l’Environnement ; un nouveau site sur les repères de crue en France devrait être mis en ligne courant 2016, toujours par le ministère.

Ces différentes informations ont pour but de sensibiliser la population au risque d’inondation, et de faciliter l’accès aux données anciennes. C’est en connaissant mieux les aléas que l’on peut se préparer efficacement au retour de nouvelles catastrophes et proposer des solutions qui relèvent aussi bien de l’anticipation et de la gestion de crise, que des travaux de protection ou de la prévention des risques pour une réduction de la vulnérabilité et un aménagement raisonné du territoire.

The ConversationLa prochaine conférence internationale FLOODrisk, qui a lieu tous les quatre ans, se tiendra à Lyon du 17 au 21 octobre 2016. Elle sera l’occasion d’échanges techniques sur la façon de gérer le risque d’inondation dans les différents pays du monde.

Michel Lang, Ingénieur chercheur en hydrologie, Irstea

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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