La crise politique ouverte après les résultats des élections européennes et législatives risque de tourner rapidement au chaos. Les Français sont ulcérés par le comportement irresponsable du président de la République.
À l’issue d’une série de consultations avec les représentants des partis politiques et des groupes parlementaires, l’Élysée a publié ce lundi 26 août un communiqué qui a mis le feu aux poudres. Le président de la République écarte en effet l’hypothèse d’un gouvernement avec le Nouveau Front Populaire. « Un gouvernement sur la base du seul programme et des seuls partis proposés par l’alliance regroupant le plus de députés, le Nouveau Front populaire, serait immédiatement censuré par l’ensemble des autres groupes représentés à l’Assemblée nationale, précise le communiqué. La stabilité institutionnelle de notre pays impose donc de ne pas retenir cette option. »
Le chef de l’Etat prévoit de nouvelles consultations, dès ce mardi, pour tenter de sortir de l’imbroglio politique qui dure depuis la démission du gouvernement Attal, le 16 juillet dernier.
« Une motion de destitution »
Comme on s’y attendait, les partis de gauche et spécialement du NFP se sont immédiatement insurgés, évoquant « un coup de force antidémocratique inacceptable. » Le leader des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, explique sur X que « le président de la République vient de créer une situation d’une exceptionnelle gravité. La réplique populaire et politique doit être rapide et ferme. La motion de destitution sera déposée. Le moment venu, la censure d’un gouvernement de droite viendra. Mais les organisations attachées à la défense de la démocratie devraient engager une réplique commune. »
« Sommes-nous encore en démocratie quand le président de la République refuse de reconnaître le résultat des urnes, s’interroge l’eurodéputée Manon Aubry ? en République, en démocratie, aussi monarque soit-il, le président n’a pas de droit de véto ».
François Ruffin ajoute : « Macron s’assoit sur le résultat des élections ».
Quant à l’écologiste Marine Tondelier, elle dénonce « l’irresponsabilité démocratique dangereuse » d’Emmanuel Macron qui a le culot « d’invoquer la stabilité, quand [il] a dissous sans aucune concertation et qu'[il] refuse le résultat d’une élection pour laquelle les Français n’ont jamais été aussi nombreux à se déplacer. » Pour elle, ce communiqué de l’Élysée est « une honte ».
Qui a déstabilisé les institutions ?
En effet, qui a déstabilisé les institutions sinon le président de la République lui-même ? Emmanuel Macron a été mis en échec une première fois avec le résultat des élections européennes. Comme nous l’avons écrit, avec plus de 31% pour la liste RN et 15% pour celle du parti présidentiel, les résultats des élections européennes en France ont sonné la fin de la Macronie.
Vexé par ce revers électoral, le président Macron a dissous l’Assemblée au soir du 9 juin. Autre désaveu cinglant pour lui-même et pour la Macronie qui a conservé quelques dizaines de députés grâce aux arrangements d’arrière-boutique du second tour pour faire barrage au Rassemblement national.
Puis, il y a eu l’élection à la présidence de l’Assemblée nationale. Nouveau scandale institutionnel, le 18 juillet. Gabriel Attal et 16 de ses ministres démissionnaires ont été élus députés lors des législatives anticipées. Attal a même été élu le 13 juillet 2024 président du groupe Renaissance. Or, l’article 23 de la Constitution dispose que « les fonctions de membre du gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat parlementaire. » C’est ce que l’on appelle la séparation des pouvoirs, l’exécutif et le législatif.
Pourtant, ce 18 juillet 2024, Yaël Braun-Pivet (Renaissance) a été réélue présidente de l’Assemblée nationale au troisième tour de scrutin, avec un écart de 13 voix sur André Chassaigne (PCF-NFP). Heureusement pour elle, 17 ministres députés ont pu voter pour Braun-Pivet….
Et maintenant ?
Après la parenthèse des Jeux Olympiques et les vacances d’été, il faut bien trouver un (e) Premier (e) Ministre et former un nouveau gouvernement. Le plus tôt sera le mieux. Car les Français s’agacent de ce monarque imbu de sa personne. Le pays va mal. Les paysans menacent de bloquer à nouveau les routes. Les chefs d’entreprise attendent une reprise économique qui tarde, la Justice, la Santé, l’Éducation, les services publics sont exsangues et veulent sortir de cet imbroglio politique aux conséquences incalculables.
Emmanuel Macron serait bien inspiré de prendre la mesure de la colère des Français. Avant que les Français les plus radicaux n’aillent le chercher. À l’Élysée.
"Je veillerai à ce que notre pays connaisse un regain de vitalité démocratique, les citoyens auront voix au chapitre, ils seront écoutés."
Emmanuel Macron, 14 mai 2017 pic.twitter.com/0qvPrrmNZm— Caisses de grève (@caissesdegreve) August 26, 2024
En vue de la nomination d’un Premier ministre, le Président @EmmanuelMacron a reçu les responsables des partis représentés au Parlement ainsi que les Présidents des deux chambres. Le communiqué : pic.twitter.com/cY5YAZRrms
— Élysée (@Elysee) August 26, 2024