Quel que soit le résultat du premier et du second tour de la présidentielle, la France va connaître une période de fortes turbulences jusqu’aux législatives. Et peut-être après. Voici pourquoi.
A quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle française, les sondeurs sont déroutés. Ils n’arrivent pas à ausculter le corps électoral, à la fois fébrile et tourmenté. Ils sont incapables de prédire lesquels deux des quatre grands favoris seront qualifiés pour le second tour.
Et c’est tant mieux. Car les sondages ne nous donnent pas une information, au sens journalistique du terme, c’est à dire vérifiée et recoupée. Ils nous donnent une information approximative, floue. Donc une fausse information susceptible d’orienter le choix des électeurs. On se rapproche ainsi de l’infraction pénale. Par conséquent, les sondages devraient être interdits un mois avant une élection.
Comme les enquêtes d’opinion sont incapables de prédire l’avenir à coups de formules mathématiques, de corrections dites au doigt mouillé, de formules hermétiques, genre Nostradamus, ils attribuent leurs faiblesses aux électeurs indécis. Ceux-ci représenteraient plus du tiers de l’électorat. Un tiers à ne pas savoir, jusqu’au dernier jour, pour qui voter. Peut-être pour Le Pen, peut-être pour Mélenchon, peut-être pour Macron, peut-être pour Fillon. Peut-être pour un autre.
Il faut donc attendre le 23 avril au soir pour savoir, enfin, qui pourra concourir au second tour. On aura alors une image fidèle de la France politique, des grands courants de pensée, des bastions des uns et des autres. Et on saura sans doute lequel des deux qualifiés du second tour sera le prochain locataire de l’Elysée.
Mais après ?
Essai d’anticipation
Regardons ce qui peut se passer après le second tour. Les législatives des 11 et 18 juin 2017.
1- Marie Le Pen, élue présidente de la République ? Dans les dix minutes qui suivront, ce sera l’explosion. Manifs, grèves, blocage des entreprises…Dans la foulée, les législatives donneraient lieu à de gros incidents. Bref, le chaos !
2- Emmanuel Macron élu président de la République ? Les deux grands partis traditionnels, le PS et Les Républicains s’effondrent aussitôt sur eux-mêmes. Les élections législatives se dérouleront dans la plus grande confusion. Mais Macron n’aura pas de majorité à l’Assemblée pour gouverner. Bref, le chaos !
3- Jean-Luc Mélenchon élu président de la République ? Le PS et Les Républicains seront lessivés. Les banques s’affoleront. Les grandes entreprises s’inquièteront. Les législatives ne donneront pas de majorité au président. Bref, le chaos !
4- François Fillon élu président de la République ? Les fractures au sein de sa famille politique seront telles qu’il ne pourra pas rassembler tout le monde. Il ne pourra donc pas avoir de majorité à l’Assemblée. Bref, le chaos !
On voit mal comment et avec qui le nouveau président (e), quel qu’il soit, pourra gouverner le pays. La cohabitation risque d’être la règle quel que soit le vainqueur du second tour. La France traversera alors une forte zone de turbulences. En Europe et dans le monde.
Marcel GAY