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Pénurie de masques : au-delà de l’imaginable !

Une enquête du Syndicat des professionnels infirmiers montre que les infirmières manquent de tout : masques, gel hydro alcoolique, sur-blouses etc. Le porte-parole du SNPI, Thierry Amouroux parle de « scandale d’Etat ».

protection-coronavirus (Pixabay)
thierry amouroux (DR)
thierry amouroux (DR)

Réglée la pénurie de masques de protection pour le personnel soignant ? Pas tout à fait si l’on en croit les résultats d’une enquête menée du 31 mars au 4 avril 2020 par le Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI) CFE-CGC auprès de 32.047 infirmières, cadres infirmiers ou infirmières spécialisées. Les chiffres sont à peine croyables : 81% des infirmières manquent de masque FFP2 (91% en psychiatrie et en libéral) ; la moitié manque de gel hydro-alcoolique ; 59% des infirmières manquent de blouses.
Pour les infirmières des établissements de soins : seulement 42% ont un masque chirurgical toutes les 4h (recommandations de bonnes pratiques) 18% en psy¬chia¬trie, 35% ont un seul masque par jour (au bout de quelques heures de suite, il est trop humide pour être efficace) 11% n’arrivent pas à avoir un masque ! Particulièrement en psychiatrie (36%) et en EHPAD (13%). Uniquement 12% en autant de masques que nécessaire pour travailler (pouvoir en changer en cas de projections). En libéral, seulement 64% ont reçu les « 18 masques chirurgicaux par semaine », et un tiers les FFP2 !

Chronologie d’une incurie

« Nous sommes en colère, explique Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat. Nous avons découvert le 3 mars 2020 que les gouvernements successifs, depuis 2013, avaient décidé de ne plus renouveler les stocks stratégiques de masques de protection. ON est passé de 1,5 milliard à quelques millions. C’est une faute lourde ».
Il y avait un principe de précaution à respecter.
Ce n’est pas tout. Fin décembre 2019, l’épidémie apparaît en Chine. Quelque 60 millions de personnes sont confinées. « Le gouvernement aurait dû lancer une commande de masques » poursuit Thierry Amouroux. Rien n’a été fait. »
Le 24 janvier 2020 : alerte rouge « Il y a trois cas en France. On aurait dû lancer une commande en urgence ». Toujours rien.
Début février : l’épidémie se répand en Italie. Toujours rien. « Agnès Buzyn nous a fait perdre deux mois, ajoute le porte-parole du SNPI. Son successeur découvre l’ampleur de l’incurie et lance les premières commandes de masques fin février. »
Le 3 mars, enfin, le gouvernement réquisitionne tous les masques produits en France. Le 21 mars la France commande en urgence un millier de respirateurs.

Fabriquer des tests

« Il ne s’agit pas simplement de retard dans les commandes, mais de la mise en danger de la vie d’autrui. Nous sommes en colère » poursuit Thierry Amouroux. Car il manque de tout. On manque de tests. Or, l’OMS demande depuis des semaines de tester les patients. La Corée du Sud a réussi à stopper la pandémie ainsi. En Allemagne, ce sont 500.000 tests qui sont effectués chaque semaine. »
En France, il existe 75 labos qui proposaient leurs services pour produire entre 150 et 300.000 tests/semaine. « Refusé car ils n’étaient pas agréés. L’accord de produire des tests leur a été donné le 6 avril. Trois semaines de perdues. »
D’où l’exaspération des personnels de santé et spécialement des infirmières du SNPÏ : « Si l’on avait fait ce qu’il fallait, on aurait pu éviter beaucoup de morts évitables, insiste Thierry Amouroux. C’est au nom de tous ces morts que nous engagerons, avec d’autres, une procédure pénale contre des ministres et hauts fonctionnaires responsables de cet état de fait. Ils devront rendre des comptes. »

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