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Benalla : le sévère réquisitoire du Sénat

Au terme de sept mois de travail la Commission des Lois du Sénat présidée par Philippe Bas dénonce de graves dysfonctionnements au sommet de l’Etat. Tsunami politique en vue.

Deux rapporteurs de la Commission des Lois du Sénat
Deux rapporteurs de la Commission des Lois du Sénat

C’était un document très attendu. Le rapport d’enquête de la commission des Lois du Sénat sur l’affaire Benalla rendu public ce mercredi 20 février 2019 est un sévère réquisitoire contre Alexandre Benalla et Vincent Crase, deux ex-collaborateurs de l’Elysée, soupçonnés de faux témoignages. Mais il met aussi en cause des « dysfonctionnements majeurs » au sommet de l’Etat.
Ce rapport publié alors qu’Alexandre Benalla et Vincent Crase ont été incarcérés, la veille, pour avoir violé leur contrôle judiciaire est une véritable bombe politique qui souligne « la chaîne de responsabilités » grâce à laquelle Benalla a bénéficié d’indulgence. Les sénateurs demandent au bureau du Sénat de saisir la justice pour vérifier « un certain nombre d’omissions, d’incohérences et de contradictions » relevées lors des auditions des plus hauts collaborateurs du chef de l’État. Notamment le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler, le chef de cabinet Patrick Strzoda, le chef du groupe de sécurité de la présidence, le général Lionel Lavergne. Des hommes au cœur du réacteur élyséen.
La commission d’enquête du Sénat a examiné les quatre aspects de l’affaire Benalla : Ils se sont interrogés sur les sanctions infligées à Alexandre Benalla après le 1 er mai. Ils ont constaté les fonctions ambiguës, source de fragilisation du dispositif de sécurité de la présidence de la République ». Les sénateurs constatent aussi les graves défaillances des autorités compétentes pour s’assurer du retrait effectif des prérogatives d’Alexandre Benalla après son licenciement. Enfin, l’affaire des contrats russes est révélatrice de l’insuffisance du contrôle des collaborateurs de l’Exécutif.

Les principaux dysfonctionnements constatés par la mission

Philippe Bas, président de la Commission des Lois au Sénat
Philippe Bas, président de la Commission des Lois au Sénat

Au cours de ses travaux, la commission a constaté un certain nombre de dysfonctionnements majeurs au sein des services de l’État, dont certains ont pu affecter non seulement la sécurité du Président de la République, mais également les intérêts de notre pays :
– des pouvoirs excessifs laissés à un collaborateur inexpérimenté dans un domaine, la sécurité du chef de l’État, pourtant essentiel à la continuité de l’État ;
– une nomination atypique comme lieutenant-colonel de réserve opérationnelle de la gendarmerie nationale ;
– une confiance maintenue et une collaboration poursuivie après les graves dérapages commis par ce collaborateur le 1 er mai 2018 ;
– une remontée d’informations défaillante au sein de l’institution policière et de l’Exécutif sur les faits du 1 er mai ;
– des faits dissimulés à la Justice du fait de l’absence de saisine du procureur de la République au titre de l’article 40 du code de procédure pénale ;
– une première sanction discrète et dont la portée réelle n’est pas établie ;
– un sérieux manque de précaution dans la prévention des conflits d’intérêts de certains collaborateurs du Président de la République ;
– un manque de diligences dans le suivi et le retrait des moyens alloués à Alexandre Benalla après son licenciement (passeports, téléphone Téorem, etc.)
– une réaction tardive pour s’assurer du respect, par l’intéressé, de ses obligations déontologiques à l’issue de son contrat ;
– un contrôle insuffisant des affectations des réservistes au sein du dispositif de sécurité de l’Élysée.
On le voit, l’affaire Benalla est loin d’être terminée. Le dossier judiciaire pourrait provoquer un tsunami politique.

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