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Qu’il s’en aille !

Point-de-vue. Dans sa lettre hebdomadaire, Gérard Charollois fait le distinguo entre légalité et légitimité. Un président « n’est plus légitime lorsqu’il perd la confiance de la majorité des citoyens. »

Gérard Charollois, président' de Convention Vie et Nature (DR)
Gérard Charollois, président’ de Convention Vie et Nature (DR)

« Élu sur son programme, le Président de la République poursuivra les réformes, les changements nécessaires à l’adaptation de la France aux exigences du temps ». Tels sont les « éléments de langage », langue de plomb des dociles courtisans du monarque électif, ami des chasseurs et des banquiers qui, dès l’été 2016, financèrent le début de son ascension politique, à l’heure de sa rupture avec celui qui l’appela dans les coulisses du pouvoir.
Or, il ne fut nullement élu « sur son programme », mais « malgré son programme » par 24% des suffrages exprimés au premier tour, soit moins d’un Français sur cinq. Quant au second tour, il fut escamoté par un appel à barrer la route au fascisme.

Manœuvre grossière

Si ce second tour avait opposé le candidat des milieux d’affaires et de la finance au candidat de la France Insoumise, l’enjeu eut été de fuir la révolution Bolivarienne et de se souvenir des écrits de Soljenitsyne.
La manœuvre est grossière mais en matière de propagande, plus la duplicité est énorme et plus la manipulation est efficace.
D’ailleurs, le monde de l’argent qui tue, corrompt et pollue n’a rien à craindre puisqu’il possède deux fers au feu, à savoir le libéralisme économique propret des modérés, très centristes, très présentables et, en réserve de duplicité, le populisme réactionnaire.
Lorsque les banquiers sont heureux, repus et satisfaits, ils soutiennent les enfants de Reagan et Thatcher. Lorsqu’ils ont peur des partageux et redoutent le réveil du peuple, ils promeuvent des leurres populistes qui serviront autrement mais tout aussi efficacement leur système économique pervers.

Régression sociale

Les capitaines d’industries, les dirigeants des lobbies, les puissances financières s’étaient bien entendus avec Mussolini et Hitler au siècle passé. La bourse de Rio monte avec les chances d’accession au pouvoir du leader réactionnaire Bolsonaro, au malheureux Brésil avec ses inquiétants slogans : « Bœufs, balles et bibles », c’est-à-dire : agriculture intensive libérée de toute contrainte écologique, culte des armes à feu entre toutes les mains, répression des homosexuels et des féministes dépravés pour obéir aux dogmes religieux.
Le système thatchérien qui sévit depuis une quarantaine d’années condamne les peuples aux régressions sociales et la biosphère à la catastrophe dite environnementale pour satisfaire les appétits d’une poignée d’oligarques insatiables.
Les pauvres restent pauvres et les classes dites moyennes subissent les sacrifices pour assouvir la cupidité de ceux qui détiennent les vrais pouvoirs et dont les dirigeants politiques sont les marionnettes.

Le populisme

La réduction systématique des impôts atteignant les milliardaires et l’augmentation de la CSG frappant les citoyens représentent la caricature arrogante de cette politique antisociale mise en place par le président au tout début de son mandat, c’est-à-dire en amont de tout scrutin politique susceptible de le sanctionner.
Steve Bannon, conseiller du président Trump lors de sa campagne électorale, déclare aux Européens : « Le populisme est le meilleur moyen d’éviter la révolution ».
Il avoue ainsi que les mouvements réactionnaires, loin de constituer des issues de secours pour les peuples, offrent des chances de pérennisation aux oligarchies financières en évitant « la révolution ».
Au Brésil, en Italie, aux USA et un peu partout sur la planète, les peuples écœurés par les corruptions, effrayés par l’insécurité, troublés par la perte de leur identité se tournent vers des partis et des hommes qui les rassurent en leur parlant d’ordre, de répression, de changement radical, de mise au pas des corrompus et des délinquants.
Or, ces partis et ces hommes ne mettront fin ni aux corruptions, ni aux désordres car ils servent la même idéologie économique fondée sur le culte du profit, de l’accaparement, du pillage de la nature et de l’exploitation des autres hommes.

Un système de corruption

Le système dit « libéral » est en lui-même un système de corruption puisqu’il repose sur un impératif : le profit.
Pour survivre, une entreprise privée, une firme, une société financière, industrielle, agricole ou commerciale doivent faire des profits. Sans profit, elles disparaîtraient.
Elles ne créeront des richesses et des emplois que si ceux-ci leur permettent d’obtenir des profits.
Mais si pour faire des profits, une entreprise privée doit polluer, détruire un site naturel, réduire ses coûts de production, se séparer de son salariat, elle doit le faire, opter en pure logique vitale, sacrifiant le bien public, les salariés, l’environnement.
Le système libéral est intrinsèquement pervers et létal à terme.
Que le support politique du « libéralisme économique » soit centriste ou fascisant, le résultat demeurera calamiteux pour les droits sociaux, pour la morale publique et pour les impératifs écologiques.
En France, comme ses prédécesseurs, le monarque électif est devenu impopulaire, les braves gens découvrant qu’il sert les intérêts de ceux qui l’ont fait élire et ce à leur détriment.
Or, la cinquième République crée une monarchie qui était parfaitement adaptée à la stature de son fondateur et aux circonstances du temps.

Le chêne et les glands

Un humoriste a pu écrire que cette République est née d’un chêne aujourd’hui abattu, qui nous lègue des glands.
Charles de Gaulle n’aurait jamais accepté un divorce avec son peuple. Les Français étaient, aux premières années de la constitution de 1958, consultés presque chaque année afin que le contrat de confiance soit réitéré entre l’homme de l’Histoire et les citoyens. En l’absence d’élection, le Général vérifiait le maintien de cette confiance par voie référendaire et il n’aurait pas accepté de « morpionniser l’Etat » en se maintenant contre la volonté d’une majorité contraire.
Désavoué par 52% des votants, il se retira le 27 avril 1969.
Rien ne l’obligeait à écourter son mandat de président de la République renouvelé le 5 décembre 1965, mais ce personnage savait distinguer deux notions fort différentes : la légalité et la légitimité.
Un politicien élu détient légalement sa fonction pour toute la durée de son mandat. Il n’est plus légitime lorsqu’il perd la confiance de la majorité des citoyens.
Que l’actuel président consulte les Français sur son « programme » et, dans une attitude gaullienne, tire les conséquences de son désaveu.
L’augmentation de la CSG, les cadeaux faits aux milliardaires, aux chasseurs, aux promoteurs ne recueillent guère d’approbations dans le corps social.
Alors, qu’il s’en aille !

Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE

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