Pour la première fois dans l’histoire, la capitale britannique a élu un maire issu de l’immigration. Le travailliste Sadiq Khan, 45 ans, a battu à plate couture le conservateur Zac Goldsmith, fils du milliardaire Jimmy Goldsmith.
Décidément, le monde change sous nos yeux. Jeudi, les électeurs londoniens ont élu Sadiq Khan maire de la ville avec 13 points d’avance sur son concurrent. Un maire musulman, fils d’un chauffeur de bus pakistanais. Député de Tooting, un quartier populaire de Londres, a grandi avec sa famille dans une HLM. Du jamais vu, jusqu’ici, dans une grande capitale occidentale.
Durant la campagne, Sadiq Khan a fait l’objet d’attaques odieuses. Son adversaire conservateur Zac Goldsmith issu, lui, de la gentry, a laissé entendre que Sadiq Khan était lié à l’islamisme… Il a été relayé sur ce terrain par le Premier ministre en personne, David Cameron.
Pourtant, depuis plusieurs semaines les sondages donnaient le travailliste largement vainqueur de cette consultation. En effet, plus de 30% de la population londonienne est « non blanche » comme disent les statistiques.
« Je suis si fier que Londres ait choisi l’espoir plutôt que la peur, l’unité plutôt que la division, a déclaré le nouveau maire. La peur n’est pas la bienvenue dans cette ville. »
Les autres leçons du scrutin
Les sujets de Sa Gracieuse Majesté ont également voté pour élire le Parlement de l’Ecosse et l’Assemblée du Pays de Galles. De ces différents scrutins, il ressort que, contrairement à Londres, les conservateurs, au pouvoir depuis un an, résistent bien dans le pays et notamment en Ecosse. David Cameron peut donc être satisfait d’avoir mâté son opposition travailliste.
Autre enseignement du scrutin, les partis populistes grignotent du terrain. Ils ont réussi à faire élire leurs premiers députés en mai 2015. Jeudi ils ont placé quelques élus à l’Assemblée galloise.
La victoire du parti travailliste à Londres ne doit pas masquer les différents revers enregistrés par le Labour dont le leader, Jérémy Corbyn, est très contesté pour son virage à gauche toute.
C’est en Ecosse qu’il s’effondre plus particulièrement puisque les travaillistes arrivent en troisième position derrière les indépendantistes et les conservateurs.
L’Ecosse indépendante ?
C’est tout de même vers l’Ecosse que se tournent bien des regards à l’issue de ce scrutin qui a donné une belle victoire aux indépendantistes emmenés par la rebelle Nicola Sturgeon, leader du Scottish National Party. C’est une troisième victoire du SNP qui ouvre peut-être la voie à l’indépendance.
Reste la question de fond pour tous britanniques et, au-delà, pour tous les européens : quel sera le résultat du référendum du 23 juin prochain sur le Brexit ? Rester dans l’Union européenne, comme le souhaite David Cameron, ou sortir de l’Union ?
A l’évidence, ces élections locales ne permettent pas encore de se faire une bonne opinion de la tendance générale. Mais les sondages devraient bientôt s’en charger.
Marcel GAY