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Baisse du niveau des élèves en France : et si l’on arrêtait de jouer à l’école ?

Point-de-vue- École française fabrique des cancres à la pelle. À qui la faute ? Petite explication et coup de gueule de Bernard Aubin.

Bernard Aubin,
Bernard Aubin,

Par Bernard Aubin

La phrase commence par une majuscule et se termine par un point. Le verbe s’accorde avec son sujet. L’adjectif s’accorde avec le nom… Et ainsi de suite. À une autre époque, l’élève du Cours Élémentaire 1 devait connaître par cœur 33 règles. Les bases d’une écriture presque sans fautes. Il en était de même pour les tables de multiplication qui se devaient d’être maîtrisées sur le bout des doigts, sous peine d’être sanctionné par quelques heures de retenue.

Le goût de l’effort n’est plus enseigné

À ce jour, nombre de collégiens, de lycéens et même d’étudiants n’atteignent plus le niveau jadis acquis par les enfants de sept ans. Au point même de confondre verbes, noms, pronoms, adjectifs et de sortir la calculatrice pour une multiplication basique. Si l’enseignement reste toujours prodigué, reste à savoir de quelle manière. Car tout semble entrer par une oreille et ressortir aussitôt. Et pour cause : le goût de l’effort n’est plus enseigné. L’obligation d’apprendre non-plus. La paresse, qui se généralise naturellement, fait l’objet d’excuses systématiques au nom d’une « bienveillance » envers l’élève plébiscitée par l’Éducation Nationale. Et parfois pas certains parents.

Quatre fautes à la ligne

Le jeune ne travaille pas en classe ni à la maison ? Il a de mauvaises notes ? C’est forcément la faute de son professeur qui n’a pas le niveau. Il ne rend pas ses devoirs ? Ce n’est pas sa faute, il avait rendez-vous à son club de sport. Et interdiction absolue de lui mettre un zéro pour ne pas le démotiver, sans quoi les parents débarquent et exigent le retrait de la bulle. Le niveau des élèves baisse constamment ? Les barèmes sont revus à la baisse d’année en année pour faire illusion, et éviter ainsi toute frustration aux parents et aux enfants.
C’est ainsi que l’on trouve aujourd’hui des titulaires de licences ou de masters qui produisent quatre fautes à la ligne… sans que cela ne les ait en rien gênés pour l’obtention de leurs diplômes ou de leur travail. Passons sur le Bac, dont le niveau est largement inférieur au Certificat d’Étude d’antan. Politique, instruction et éducation ne font pas bon ménage. On interdit aux professeurs de relever les fautes dans les rédactions, on encourage ou on félicite les trublions en conseil de classe, on confie le redoublement aux parents… et l’on s’étonne du résultat !

Même les profs…

Nous sommes arrivés à un point où, même certains professeurs, y compris de français, commettent des fautes grossières qui auraient jadis fait sourire toute une classe élémentaire. Cela ne choque personne. Pendant ce temps, le numérique a fait une entrée fracassante à l’école. Au point que de nombreux établissements entretiennent une concurrence : à qui le plus grand nombre de tablettes pour les élèves, d’outils numériques en lieu et place des bons vieux tableaux noir, d’outils informatiques aliénant les professeurs jusqu’à leurs domiciles… Des gadgets qui contribuent au désastre, le dissimulent, offrent illusion et bonne conscience.
Désormais, pour l’élève, tout doit être mâché, mis en page, numérisé, imprimé, transmis par mail. En cours, le jeune devient peu à peu un spectateur passif, connecté aux écrans et déconnecté de l’instruction… Quid de cette fameuse tablette dont s’enorgueillissent certains établissements ? Quand elle n’a pas été oubliée à la maison et que l’élève a pensé à la charger avant les cours, elle lui offre la possibilité grâce à la fonction miroir, de se remaquiller ou de se coiffer, ou de visionner en plein cours des atrocités sur le Net. Malheur aux professeurs qui tenteront de s’ériger contre ces gadgets et les dérives de l’enseignement qui leur sont délibérément imposées par le Mammouth. En cas d’inspection, ils risquent de le payer cher. Car à l’Éducation Nationale, on ne badine pas avec le « référentiel bondissant » et autres concepts aussi fumeux que le personnel se doit d’intégrer sans réserve.

Le retour au bon sens, c’est pour quand ?

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a dévoilé, ce mardi matin, son étude Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves (PISA). Elle porte sur le niveau des élèves de quinze ans. « Les résultats de 2022 sont parmi les plus bas jamais mesurés » précise l’organisme qui regroupe plus d’une trentaine de pays. Et la France note une forte dégringolade, notamment en mathématiques.
La solution ? Déjà éviter le premier piège en mesure de séduire nos gouvernants : superposer un nouvel outil technocratique à tous ceux qui ont détruit au fil du temps l’école française. Non, il est indispensable de revenir à des principes de base : les élèves vont à l’école pour apprendre, pas pour jouer avec des gadgets numériques. L’assimilation nécessite de la rigueur, de la concentration, de l’exigence, de la discipline, une évaluation objective et non « bienveillante » du travail fourni, une estimation des capacités de l’élève et de ses difficultés, le soutien total des parents à la pédagogie et la gestion des cours mises en œuvre par les professeurs. Des salariés qui doivent être pleinement soutenus, et non défiés, par les parents et par leur hiérarchie.
Seul le retour au bon sens sera salutaire, en termes d’éducation des élèves comme pour l’avenir de notre pays tout entier.

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