Le Conseil d’analyse économique (CAE), ce comité Théodule chargé de conseiller Matignon, « estime » que le pass sanitaire a permis d’éviter 4.000 décès en France et la perte de 6 Mds d’€ entre juillet et décembre 2021. Regardons de plus près.
Dans un document publié ce mardi 18 janvier 2022, intitulé : « L’impact des pass sanitaires sur le taux de vaccination, la santé et l’économie », le Conseil d’analyse économique (CAE) se lance dans une très longue et fastidieuse analyse construite autour d’une quantité industrielle de chiffres, de courbes et de croquis, le tout noyé dans un texte rédigé en partie dans la langue de Molière et en partie dans la langue de Shakespeare. Bref, du patagon.
Pour dire quoi ? Que nous l’avons échappé belle grâce au pass sanitaire. En effet, selon le CAE : « On estime ainsi le nombre de décès évités dans les trois pays étudiés (France, Allemagne, Italie) : environ 4 000 en France, 1 100 en Allemagne et 1 300 en Italie. »
Un peu plus loin : « Sans le pass sanitaire, le PIB hebdomadaire aurait ainsi été 0,6 % (l’intervalle de confiance est de 0,5‐0,8 %) plus bas en France, 0,3 (0,1‐0,4) % plus bas en Allemagne, et 0,5 (0,3‐0,6) % plus bas en Italie. Cela correspond pour le second semestre de 2021 à des pertes d’environ 6 milliards d’euros en France, 1,4 milliard en Allemagne et 2,1 milliards en Italie. »
1,3% de mortalité en moins
Le résultat de ces savants calculs nous semble un peu tiré par les cheveux. Le Pr Jean-Michel Claverie s’en étonne lui aussi en ces termes : » Sans même questionner la qualité scientifique de ce genre d’extrapolation (qui ne tient aucun compte de l’évolution du statut immunologique de la population, ni des variants du virus), cherchons simplement à estimer l’impact objectif de ce chiffre. (NDLR- de 4.000 morts évités). Le « passe sanitaire » a été imposé le 12 juillet 2021. Il s’est donc écoulé 172 jours jusqu’à la fin de l’année 2021. Comme il meurt en moyenne 667.000 personnes en France chaque année, ces 172 jours correspondent à 314.312 décès prévisibles. Le chiffre de 4000 décès (extrapolés en moins) correspondent donc à 4000/314.312=1.3% de mortalité en moins.
Inutile de dire que cette différence entre très largement dans les fluctuations observées d’année en année (sans crise particulière). Mais même si cet effet du pass sanitaire était réel, est-il véritablement de nature à justifier les multiples entraves aux libertés fondamentales de tout un peuple ? On peut d’autant plus se poser la question quand on introduit (voir figure) la répartition des décès par classe d’âge : le passe sanitaire aurait permis d’épargner la vie de 1000 personnes de moins de 75 ans. Cela compense-t-il vraiment la privation de liberté que le passe vaccinal va continuer à nous infliger ? » s’interroge Jean-Michel Claverie.
6 Mds d’économies
Quant aux économies supposées de 6 milliards d’euros sur le second semestre 2021, on a du mal à comprendre des »économies » compte tenu des énormes moyens déployés par l’État pour soutenir les entreprises, aux gigantesques sommes que l’épidémie coûte à la sécurité sociale (frais liés aux vaccins et à la vaccination, aux hospitalisations, aux tests).
Évidemment, ça aurait toujours pu être pire. Mais à trop vouloir triturer les chiffres, on peut leur faire dire autre chose que ce qu’ils disent tout simplement.