Les éoliennes ont le vent en poupe auprès des promoteurs et des écologistes. Mais l’opinion publique n’aime pas trop ces gros ventilateurs qui défigurent les paysages et produisent peu d’électricité. Petit tour d’horizon de l’industrie du vent avec Daniel Steinbach, président de l’association Vent de colère.
Vous présidez la Fédération nationale Vent de Colère qui s’oppose à l’implantation d’éoliennes sur le territoire français. Pourquoi cette opposition ?
Les éoliennes entrainent une dégradation inacceptable de l’environnement, des paysages, du cadre de vie des très nombreux riverains car :
- Ce sont des machines industrielles géantes (jusqu’à 240 mètres de haut et 150 mètres de large),
- Implantées dans les espaces naturels et agricoles protégés par la loi de toutes constructions,
- Qui demandent beaucoup d’espace car elles doivent être éloignées les unes des autres de 3 à 5 fois le diamètre des pales (turbulence, manque de puissance des vents).
Par ailleurs, la production d’électricité par les éoliennes est de mauvaise qualité car très variable selon la vitesse du vent (la production d’électricité éolienne en France varie de 3 000 % selon les heures). Cette production ne permet pas le fonctionnement d’un pays moderne.
Plus de 9.000 éoliennes en France
Combien existe-t-il d’éoliennes en France et quelle est leur part dans la production électrique du pays ?
Plus de 9 000 éoliennes terrestres sont implantées en France en 2023, pour une capacité de production de 21 000 MW (14,6 % de la capacité de production électrique installée en France). Il y a actuellement une cinquantaine d’éoliennes en mer en production, une centaine en fin de construction.
De janvier à septembre 2023, la production d’électricité éolienne a été de 31 000 000 MWh, soit 9 % de la production d’électricité en France.
La production horaire a varié de près de 3 000 % selon les heures :
1.500 tonnes de béton armé
Finalement, qu’est-ce qu’une éolienne ? Comment est-elle fabriquée ?
Une éolienne est une machine industrielle géante qui produit de l’électricité à partir du vent.
Description :
- à la base, un socle de 1 500 tonnes de béton et 200 tonnes de ferraillage, en forme de loupe de 6 à 8 mètres de profondeur maximum et 20 mètres de diamètre,
- un mât en acier ou béton de 80 à 150 mètres de haut, 6 mètres de diamètre, 250 à 400 tonnes,
- au sommet du mât, un générateur électrique qui peut peser jusqu’à 90 tonnes et générer jusqu’à 5 MW (5 000 kW),
- 3 pales en matériaux composites pouvant avoir chacune jusqu’à 75 mètres de long et peser 15 tonnes.Conditions de fonctionnement :
– La vitesse minimum du vent pour produire est de l’ordre de 10 km/h,
– La puissance maximum est obtenue avec des vents de plus de 40 km/h,
– Décrochage de sécurité avec des vents de plus de 90 km/h,
La production varie au cube de la vitesse du vent, si l’éolienne produit 4 000 kW avec un vent de 40 km/h, elle n’en produit que 500 avec un vent de 20 km/h et 60 avec un vent de 10 km/h.
Principales nuisances de fonctionnement :
- à pleine puissance, une éolienne émet un bruit de 105 dBa, plus puissant dans les graves et les infrasons,
- les éoliennes doivent avoir des feux de position, très visibles de nuit,
- la rotation des pales peut être mortelle pour l’avifaune, surtout les rapaces et les chauves-souris.
En France, comme dans de nombreux pays, l’éolien semble avoir le vent en poupe, soutenu par les politiques et les écologistes. Pourtant, quelques experts prédisent une crise majeure de la filière éolienne. Est-ce votre avis ?
Dans la filière éolienne, il faut distinguer :
- Les constructeurs d’éoliennes qui sont aujourd’hui confrontés à des problèmes techniques (machines devenues énormes), de coût de production (inflation des prix des métaux et autres) et à la concurrence chinoise et indienne,
- Les promoteurs éoliens (études, montage des dossiers, suivi de la construction) toujours plus nombreux,
- Les exploitants éoliens qui peuvent être déjà promoteurs ou des investisseurs qui achètent les sites déjà construits. Les sites éoliens étant financés généralement à 80 % sur emprunt, la hausse des taux d’intérêts pèse lourdement sur la rentabilité des nouveaux projets, mais pas sur celle des projets déjà construits et financés à long terme.Pour maintenir la rentabilité des nouveaux projets, les exploitants ont plusieurs moyens :
- Limiter le remboursement à l’état du surplus de recettes obtenues en vendant au prix du marché, souvent supérieur au prix du mécanisme de garantie de prix par l’État (le conseil constitutionnel a annulé l’article de la loi de finance 2023 qui imposait ce remboursement, au motif que l’article de loi était imprécis),
- Soumissionner en hausse aux appels d’offre fixant le prix de base du mécanisme de soutien : le premier, en 2 019, s’est fixé à 65,40 €/MWh, début 2021, concurrence acharnée entre exploitant et un prix en baisse à 59,50 €/MWh, automne 2023 les conditions ont bien changé avec un prix de 84,76 €/MWh.On a l’impression d’une certaine opacité de la filière, d’un enchevêtrement de sociétés qui donne à penser que l’industrie du vent est d’abord un business pas très clair.
La filière éolienne a été privatisée dès 2002 par le duo Jospin – Cochet. Les projets éoliens sont des projets industriels privés menés par des sociétés qui ne sont soumises qu’à une publicité très limitée de leurs activités au nom du droit au secret des affaires. Par exemple, on ne connaît pas la production de chacun des parcs éoliens français, on ne connaît que des chiffres globaux pour la France et chaque région.
Des mécanismes de subventions complexes
Les éoliennes sont des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement. Leur fonctionnement doit être conforme à des règles fixées par arrêté préfectoral. Le service des installations classées contrôle tous les deux ans le respect de ces règles, les rapports d’inspection ne sont pas publiés. Ni les élus locaux ni les riverains ne sont associés à ces contrôles.
Les mécanismes de subventionnement sont complexes, le rapport annuel de la Commission de Régulation de l’Énergie, rédigé selon les seules règles budgétaires, est devenu incompréhensible.
Il existe une multitude de sociétés intervenantes, les sociétés internationales sont très nombreuses à tous les stades. Les constructeurs d’éoliennes sont danois ou allemands, avec des concurrents chinois et indiens, les opérations de montage ou de maintenance sont souvent confiées à des sociétés européennes, beaucoup d’employés viennent d’Europe de l’Est.
Plus de 50 % des investisseurs sont étrangers comme :
- Boralex, une société canadienne,
- EDPR, une société officiellement portugaise mais en fait contrôlée par des fonds d’investissement liés au pétrole (Quatar, Norvège) ou chinois (société du barrage des 3 gorges et autres),
- Q ENERGY France, anciennement Res et Eole Res, devenue filiale du groupe coréen Hanwha Solutions,
- Valeco, devenue filiale du groupe allemand EnBW contrôlé par le land de Bade-Wurtemberg (président vert),
et beaucoup d’autres de plus petite taille.
Il y a 3 grands groupes français :
– EDF Energie Renouvelable
– ENGIE avec ses filiales Cie du Vent ou CNR
– Total Energie
Au final, un projet comme celui dit de la Sainte-Victoire sur les communes d’Artigues et Ollieres aux limites du Var et des Bouches-du-Rhône a le privilège d’avoir :
- un promoteur suisse,
- des éoliennes danoises avec de nombreuses pièces chinoises,
- une société de construction hollandaise,
- des monteurs roumains,
- une société de maintenance portugaise,
- un investisseur irlandais.
Mais bien sûr, les revenus sont garantis par l’État français.
Et les élus, dans tout ça ? Quel est leur intérêt ?
Répétons-le, les éoliennes sont des projets industriels privés, le décideur est donc une entreprise souvent étrangère qui doit recueillir l’accord du propriétaire des terrains d’assises et du préfet.
Les élus sont sollicités pour servir de paravent démocratique. Mais promoteur et préfet n’hésitent pas à autoriser et construire des projets éoliens contre l’avis des municipalités.
Les éoliennes sont de peu d’intérêt fiscal :
- pour une commune, 3 – 4 000 € /MW et par an, et la commune risque de perdre les subventions de péréquation intercommunales
- pour la CC 6 – 7 000 €/MW et par an
- pour le département plus la région 4- 5 000 €/MW et par an.
Lorsque les éoliennes sont installées sur des terrains communaux, les loyers peuvent être significatifs (3- 5 000 € /MW et par an).
Le tribunal de Nantes a admis le principe d’une baisse de valeur des biens immobiliers proches d’éoliennes et donc une baisse des taxes foncières.
Les élus locaux sont partagés entre les demandes des propriétaires qui installent des éoliennes sur leur terrain et celles des riverains qui subissent les nuisances et la perte de valeur de leurs biens immobiliers…
C'est un scandale:
l'UE menace directement notre filière nucléaire 🇫🇷, elle nous réclame en plus près d'un milliard chaque année car notre pays n'a pas assez d'#éoliennes…
Il est temps d'en finir avec cette mascarade qui coûte une fortune aux #Francais! https://t.co/Vsh7Fyhsgf pic.twitter.com/cLRey6hb9t— Dominique Bilde (@DominiqueBilde) November 7, 2023
Les éoliennes nécessitent un énorme socle en béton, ne tournent que 30% du temps, et nécessitent des centrales au gaz ou charbon pour compenser quand elles ne tournent pas.
En plus, elles mutilent les oiseaux… pic.twitter.com/93n8tOtPjY
— ✨DJΛӨП BΣΛ✨ (🌿🌺🍀🌳)❤️CO2 (@DjaonBea) November 8, 2023
Les éoliennes nécessitent un énorme socle en béton, ne tournent que 30% du temps, et nécessitent des centrales au gaz ou charbon pour compenser quand elles ne tournent pas.
En plus, elles mutilent les oiseaux… pic.twitter.com/93n8tOtPjY
— ✨DJΛӨП BΣΛ✨ (🌿🌺🍀🌳)❤️CO2 (@DjaonBea) November 8, 2023