Les paysans de Meurthe-et-Moselle ont semé leur colère cet après-midi, dans les rues de la cité ducale.
« Le temps est venu pour nous de nous mobiliser sur les routes du département. Pour interroger le pays au fond des yeux : « France, veux-tu encore de tes paysans ? » demande Sophie LEHE, secrétaire générale de la FDSEA 54 dans son éditorial.
A l’appel de la FNSEA et du CNJA, quelque 200 agriculteurs Meurthe-et-mosellans ont convergé vers Nancy, ce mardi 22 octobre 2019 en fin de matinée, provoquant de gros embouteillages. Arrivés par les routes nationales et les autoroutes A 31 et A 33, ils se sont d’abord regroupés près du stade Marcel Picot de Tomblaine avant de partir en cortège dans les rues de Nancy, en début d’après-midi.
Une impressionnante colonne de gros tracteurs a circulé dans la ville selon un itinéraire imposé par la préfecture. Impossible pour les manifestants d’approcher le cœur de ville. De nombreuses rues sont bloquées par la police.
Mais tout au long du parcours les paysans reçoivent un accueil chaleureux de la population. Près de la gare, ils sont applaudis par quelques Gilets jaunes. Une nancéienne tient une pancarte sur laquelle on peut lire : « Je suis fière de vous. Je vous apporte mon soutien !!! »
« Il faut qu’on nous explique »
Du lisier est déversé devant l’ASP, l’Agence de services et de paiement qui verse des aides publiques européennes, nationales et locales à 6 millions d’agriculteurs, située à la tours Thiers, près de la gare de Nancy. Puis sillonne les rues de Nancy dans un vacarme épouvantable. Le convoi est bloqué à l’approche de la place Stanislas.
En tête de colonne, Frédéric Houin, céréalier sur 200 hectares à Mandres-aux-Quatre-Tours, dans le Toulois, explique pourquoi il manifeste cet après-midi. « Aujourd’hui, on a l’impression de ne pas être entendu par le gouvernement. Par exemple, on nous demande de passer à l’agriculture bio et, dans le même temps, on supprime une partie des aides bios. Il faut qu’on nous explique. On nous demande de nourrir tous nos bovins à l’herbe et, dans le même temps accepter le CETA et importer des bovins piqués aux hormones. Il faut que les normes soient les mêmes pour tout le monde. »
Le malaise est profond
Dans son édito, Sophie Lehe, secrétaire générale de la FDSEA précise : « en France, nous risquons, dès 2023, de devoir importer plus de produits agricoles que nous n’en exportons. Un triple sentiment de colère, d’abandon, de trahison traverse la campagne. Le divorce avec une partie de nos concitoyens et de nos élus est consommé…. »
Le malaise est profond : « les agriculteurs sont considérés comme des pollueurs par les citadins. Les mouvements anti-viande vont jusqu’à les présenter comme des tortionnaires… Nos paysans se sentent seuls, bien seuls. Ces agressions quotidiennes les conduisent parfois au désespoir. »
Une délégation a apporté en préfecture une lettre destinée au président de la République.