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Le gros malaise des infirmières

Passée au second plan de l’actualité à cause des Gilets jaunes, la colère des infirmières n’est pas près de s’apaiser.

Eux et elles aussi « en ont marre ». Marre d’être oublié(e)s du plan Santé 2022, marre de leurs conditions de travail et de rémunération, marre d’être des laissé(e)s pour compte de tous les gouvernements. Les 660.000 infirmières et infirmiers de France (libéraux et salariés du public et du privé) ont été invités à arrêter de travailler, mardi 20 novembre 2018 par leurs organisations professionnelles et à défiler dans les rues pour exprimer leur colère. Un peu partout les mêmes slogans à l’adresse de la ministre de la Santé Agnès Buzyn : « Infirmières oubliées, patients en danger », « Ne bradez pas nos compétences ».

Exercice illégal de la profession d’infirmier

Pascal Dégremont, infirmier libéral à Nancy : "Ce n'est pas acceptable" (photo DR)
Pascal Dégremont, infirmier libéral à Nancy : « Ce n’est pas acceptable » (photo DR)

« C’est la première profession de santé en France et la seule tenue d’assurer la continuité des soins et pas seulement la permanence des soins comme les médecins, souligne Pascal Dégremont, infirmier libéral rue Mon-Désert à Nancy et conseiller ordinal des infirmiers. Il faut que l’on prenne en compte nos compétences ».
Pascal Dégremont regrette que l’on dépense beaucoup d’argent pour des « assistants médicaux », ces nouveaux métiers annoncés par Emmanuel Macron lors de la présentation du plan Santé en septembre 2018.
Les « assistant (e)s médicaux » ? « C’est une profession intermédiaire entre la secrétaire et l’infirmière, c’est un nouveau métier aux contours encore très flous » précise Pascal Dégremont. Mais si ces assistant(e)s médicaux font des actes infirmiers, nous déposeront plainte pour exercice illégal de la profession d’infirmier ».
De fait, cette nouvelle profession vise à décharger le médecin mais empiète sur les compétences des infirmières. « On nivelle par le bas » constate l’infirmier nancéien en rappelant que la profession d’infirmier est une profession règlementée. Le diplôme s’obtient en trois ans et correspond au niveau licence mais le cursus peut être poursuivi en troisième cycle pour l’obtention d’un master.

La souffrance des soignants

Parmi les revendications, la rémunération des actes. Une injection simple est facturée 4,50 € brut plus 2,50 € de déplacement (10 € de déplacement lorsqu’il s’agit d’un médecin !). « Moi, je parcours environ 100 km par jour dans Nancy et alentours mais en milieu rural cela peut aller jusqu’à 250 ou 300 km/jour. Nous sommes donc concernés par l’augmentation du carburant. »
Quant aux infirmières de l’hôpital, elles commencent leur carrière à 1.400 €/mois et elles font des heures de nuit et des gardes à l’hôpital pour arrondir les fins de mois.
Outre la formation et les compétences, les infirmières expriment leur souffrance au quotidien. Des horaires sans fin, des vies de famille sacrifiées, des rémunérations à la ramasse. « Il y a de plus en plus en plus de burnout, constate Pascal Dégremont, et même de suicides dans notre profession. Dans les hôpitaux, le passage aux 35 heures été dramatique, il y a des millions d’heures supplémentaires non payées. « Il faut prendre tout cela en compte, notre place et nos compétences dans l’organisation des soins. Or nous sommes complètement oubliés du plan Santé 2022. Ce n’est pas acceptable. »

 

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