Il a un mental d’airain dans un corps abimé. Cet étudiant de 24 ans se déplace en fauteuil depuis qu’il est tout petit. Il a voulu faire de son handicap un atout pour affronter toutes les misères que la vie a mises sur son chemin.
Quand on le voit passer à fond la caisse rue de Pont-Saint-Vincent à Méréville (54), en poussant furieusement les roues de son fauteuil, on se dit qu’il est complètement fou de rouler aussi vite. Qu’il va avoir un accident, c’est pas possible autrement. Pourtant, le garçon qui pilote son bolide comme une voiture de F1 aux 24 heures du Mans, n’a rien d’un foldingue. C’est un sportif à l’entraînement.
« Force, vitesse, endurance »
« C’est vrai, j’y vais franchement, je donne tout, explique David Riccetti, 24 ans, étudiant en master bilangue/biculture à la fac de Lettres de Nancy pour devenir traducteur. Je m’entraîne régulièrement, 11 km, cinq fois par semaine, par tous les temps. Cela me permet de développer la force, la vitesse et l’endurance, car je souhaite pratiquer le handi athlétisme et faire de la compétition. »
Si ses jambes ont du mal à le porter, les muscles saillants de ses bras témoignent d’un entrainement long et rigoureux. David a découvert l’athlétisme en fauteuil en 2017. Avec son fauteuil de tous les jours, il a commencé à parcourir 1 km à la force des bras, puis 2 km, puis 3, puis 6 puis 10 et aujourd’hui 11. Mais pour évoluer dans cette discipline sportive, il lui faut désormais un fauteuil de compétition.
Une cagnotte sur Leetchi
« Un fauteuil d’athlétisme est plus léger qu’un fauteuil classique, précise David. Il est conçu pour la piste, avec une roue à l’avant et deux roues à l’arrière. Il est plus rapide. En outre, l’assise et la position sur le fauteuil sont différentes, on est penché vers l’avant. Cela suppose aussi un équipement spécial, sur mesure, car on avance en tapant sur les roues poings fermés. Il doit être adapté à la morphologie et au handicap du sportif. »
Évidemment, un tel équipement coûte cher. Entre 6.000 et 9.000 euros, parfois plus. Pour le financer, David Riccetti n’a pas d’autre choix que de faire appel aux dons. Il a ouvert une cagnotte pour financer son projet.
Un réveil douloureux
David n’a pas été gâté par la vie. « Je suis né à six mois et demi de grossesse, dit-il. J’étais à deux doigts de mourir, mais j’ai décidé de m’accrocher à la vie. » Atteint d’un handicap moteur, une infirmité motrice cérébrale (IMC) diagnostiquée à l’âge de trois ans, David est allé à l’école maternelle de Neuves-Maisons. Mais au CP, le petit garçon doit subir une opération de quatre heures au niveau des jambes. De là, il part pour l’OHS (Office d’Hygiène Sociale) de Flavigny-sur-Moselle, établissement spécialisé pour l’accueil des personnes en situation de handicap. Il a cinq ans. Pour lui, c’est l’enfer. Il en sortira, enfin, trois ans plus tard.
Il entre en 6ᵉ au collège de Ludres (54). Mais David doit subir une nouvelle opération pour le rapprocher, lui dit-on, d’une « marche normale ». Il a 11 ans. L’intervention dure 12 heures ! Le réveil est douloureux.
Surmonter les obstacles
Retour à Flavigny pour la rééducation. David subit le harcèlement, encaisse de nouveaux traumatismes terribles qui vont le marquer à tout jamais. Il retourne au collège, puis au lycée à Villers-lès-Nancy. Trois ans de brimades et de harcèlement supplémentaires. « Je ne croyais plus en moi ». David se bat, seul, encore et toujours, contre les petits cons, contre l’adversité. Puis, un jour, il a une sorte de révélation grâce à une vidéo sur YouTube. « J’ai compris que je devais voir ma vie, mes échecs comme des obstacles nécessaires à franchir pour aller vers la réussite. Je suis passé d’un éternel pessimisme à un optimisme forcené qui voit toujours le bon côté des choses. »
Le sport qu’il pratique assidument depuis 2017 va contribuer à donner à David de nouvelles perspectives positives à son parcours. Il croit en lui. Il croit que la vie est belle pour peu que l’on veuille se battre. Il le dit même aux autres qui seraient dans le doute : « Croyez en vos rêves, ne vous fiez pas aux pessimistes qui vous entourent. Ne les laissez pas décider à votre place. Donnez-vous les moyens de réussir. Et vous verrez que l’impossible deviendra alors possible ».
Comment ne pas le croire ?