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Judith Godrèche, le retour

Judith Godrèche doit s’exprimer, ce vendredi, à la 49ᵉ cérémonie des César sur les violences sexuelles et sexiste. Voici ce que Patrick Tardit écrivait en décembre dernier sur la série qu’elle venait de tourner pour Arte.

Judith Godrèche tient son propre rôle dans une série qu’elle a « créée, écrite et réalisée ».

L’actrice-réalisatrice injecte de l’autodérision dans une autofiction, « Icon of french cinema », une série qu’elle a tournée pour Arte. Ou comment une comédienne partie à Hollywood tente de retrouver une place dans le cinéma français.

« J’ai grandi dans les films », disait l’actrice Judith Godrèche au Festival de Deauville, où elle était venue présenter en avant-première la série qu’elle a réalisé pour Arte, « Icon of French Cinema » (diffusion jeudi 28 décembre et dès maintenant sur arte.tv). La comédienne était venue en famille en Normandie, entourée de ses enfants, sa fille Tess Barthélémy (fille de Maurice), comédienne comme ses parents, et son fils Noé Boon (fils de Dany), qui a composé la musique de la série.

La comédienne y raconte avec auto-dérision son difficile retour en France après avoir vécu près d’une décennie aux Etats-Unis : « J’avais perdu mon statut », constate Judith Godrèche, qui évoque en six épisodes ses efforts pour retrouver une place dans le cinéma français. Dans cette série qu’elle a « créée, écrite et réalisée », elle tient aussi le rôle principal, le sien. Celui d’une ex-« Icon of french cinema », qui a fait ses débuts à neuf ans, a tourné avec les plus réputés des cinéastes français, a fait ensuite la jolie nunuche dans des comédies grand public, puis s’est un temps exilée à Hollywood, où elle a joué dans quelques films, avant de revenir à Paris où plus personne ne l’attend.

Femme enfant à « l’adolescence piétinée »

Danseuse et comédienne, Tess Barthélémy fait ses débuts dans la série tournée par sa mère (Photos David Koskas).

Et où même plus personne ne la reconnait : « C’est quoi cette Américaine ? », demande une coiffeuse, « Qui ça ? » disent les assistantes au téléphone lorsqu’elle s’annonce, on la croit morte ou on la confond avec Juliette Binoche, à qui est d’ailleurs confié le rôle grâce auquel elle comptait revenir à l’affiche « avec panache ». Judith prend quelques conseils auprès de Carole Bouquet, tente d’influencer un directeur de chaîne récalcitrant (l’excellent Laurent Stocker), tarabuste son agente (Liz Kingsman), mais est réduite à enfiler un costume de hamster pour un show télé stupide (« Le doudou qui chante » !)… Petites humiliations, réflexions blessantes, c’est un come-back raté que fait « l’icône » déchue, forcément plus si jeune.

Si cette autofiction est d’abord abordée avec humour, c’est aussi pour Judith Godrèche une façon de se réapproprier son histoire, son passé, notamment lorsqu’elle est confrontée à la demande de liberté de sa danseuse de fille (jouée par sa propre fille Tess), attirée par un chorégraphe plus vieux qu’elle. Des flash-backs nous ramènent alors aux débuts de Judith (incarnée alors par la touchante Alma Struve), toute jeune fille émancipée, femme enfant à « l’adolescence piétinée », qui vivait à quatorze ans une relation avec un réalisateur vingt-cinq ans plus vieux, un « Pygmalion prédateur » avec qui elle a notamment tourné « La désenchantée » (Benoît Jacquot). On pense alors avec mélancolie au titre du film qu’a réalisé l’actrice (qui par ailleurs a dénoncé son agression par le producteur américain Harvey Weinstein), « Toutes les filles pleurent ».

Patrick TARDIT

« Icon of french cinema », une série de Judith Godrèche (six épisodes), à voir le jeudi 28 décembre sur Arte et dès maintenant sur arte.tv

C’est accompagnée de ses enfants, sa fille Tess Barthélémy, comédienne, et son fils Noé Boon, musicien, que Judith Godrèche était venue présenter sa série « Icon of french cinema » au Festival de Deauville.
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