Il y a de la tendresse et de la mélancolie dans le très joli film de Celine Song, « Past lives », présenté au Festival de Deauville.
« Past Lives n’est pas un film sur les relations amoureuses. C’est un film sur l’amour », écrit Celine Song, à propos de « Past lives, nos vies d’avant » (sortie le 13 décembre). Sélectionné au Festival de Deauville, ce premier film réalisé par la dramaturge contient des éléments autobiographiques, notamment les retrouvailles de deux amis d’enfance, séparés durant de longues années.
Au temps du collège en Corée du Sud, Nora et Hae Sung, premier et deuxième de la classe, étaient inséparables. Jusqu’au jour où la famille de la demoiselle a quitté le pays, et a émigré au Canada, un triste au revoir pour les ados, main dans la main. Douze ans se sont écoulés avant de premières retrouvailles, à distance, un lien renoué par facebook, des papotages en visio… Nora (Greta Lee) vit désormais à New York, où elle écrit des pièces de théâtre, Hae Sung (Teo Yoo) fait des études d’ingénieur, va partir en Chine apprendre le mandarin. Débranchés l’un de l’autre pendant une nouvelle décennie, ce sont des adultes qui reprennent contact plus tard, entre-temps Nora s’est mariée à un écrivain, Arthur (John Magaro), Hae Sung qui a été marié est désormais séparé.
Les frôlements du destin
Quelques jours de vacances à New York lui donnent l’occasion de revoir son amie d’antan, « en vrai », alors qu’ils ne se sont pas revus depuis qu’ils étaient enfants. Les retrouvailles sont timides, bizarres ; ce garçon dans la tête de Nora, devenu plus tard une image dans le portable, est cette fois une personne physique bien présente. Ces amis de jeunesse, et un peu plus puisqu’affinités, s’aperçoivent qu’ils se sont manqués pendant tout ce temps, qu’ils se sont ratés dans la vie, et que les « et si… » (si Nora était restée en Corée, s’ils avaient vécu ensemble, s’ils s’étaient mariés…) n’ont pas de réponses.
Comme l’analyse le couple d’auteurs dans « Past lives », c’est « une bonne histoire » que celle-ci ; Celine Song en a fait un très joli film, avec de la tendresse, de la sensibilité, la mélancolie des souvenirs, les choix de vie, les parcours, les frôlements du destin, et cette notion asiatique de « inyeon », une « connexion » invisible qui nous relie à d’autres êtres. Elle évoque aussi la séparation, l’immigration, l’abandon, les hasards et circonstances qui font que de « nos vies d’avant » découlent celles d‘après.
Patrick TARDIT
« Past lives, nos vies d’avant », un film de Celine Song (sortie le 13 décembre).
