Le film de Hajime Hashimoto évoque le créateur des plus célèbres estampes japonaises, du Mont Fuji à cette Grande Vague qui emporte tout sur son passage.
C’est dans le contexte artistique, politique et social de son époque, que le réalisateur Hajime Hashimoto a voulu retracer le « parcours personnel, créatif et spirituel » de « Hokusai » (sortie le 26 avril). Son film est ainsi un hommage à « l’artiste aux 30.000 œuvres », au plus célèbre des peintres japonais, créateur des « trente-six vues du Mont Fuji » qui ont influencé nombre d’artistes occidentaux, et parmi lesquelles figure l’emblématique Grande Vague de Kanagawa, cette « image du monde flottant » qui est à elle seule un symbole de la culture japonaise.
Né en 1760 dans la ville d’Edo (ancien nom de Tokyo), il fut un artiste rebelle du nom de Shunrô, jeune apprenti récalcitrant à l’autorité et à l’académisme. L’époque est à la censure imposée sur l’empire japonais, l’ordre moral interdisant les images érotiques, la répression s’abattant sur les créateurs, éditeurs, et marchands, il y a du sang sur les estampes, des œuvres sont détruites, brûlées. Ce sont donc des paysages que va croquer l’élève trop impétueux, au style trop différent, exclu de son école, qui choisit de prendre le pseudo de Hokusai, en hommage à l’étoile polaire.
L’encre de Chine noircissant le papier
Dans sa jeunesse, le « fou de dessin » est incarné par Yûga Yakira, qui avait reçu le Prix d’interprétation à Cannes il y a vingt ans pour « Nobody knows ». Le peintre est alors en prise avec les affres de la création, jusqu’à une retraite en solitaire dans la nature, dont il revient secoué, métamorphosé : « J’ai juste peint ce que j’avais envie de peindre », dit-il. Si, après une ellipse, le film nous conduit à sa vieillesse, alors que sa fille est restée près de lui, l’homme est définitivement sage, professant qu’un bon dessin est bon, peu importe qui le regarde.
Avec une reconstitution historique du Japon ancien, « Hokusai » est un film assez classique dans son récit, Hajime Hashimoto y retrace le dessein d’un artiste libre et indépendant. Le cinéaste a particulièrement travaillé la beauté esthétique de quelques scènes, quelques plans, un simple coup de vent dans la rue, les traits d’un pinceau, l’encre de Chine noircissant le papier, la gravure sur bois de la fameuse vague qui emporte tout sur son passage ou du Mont Fuji rougi à sa base ; comme une reconstitution de la création d’estampes devenues mondialement célèbres.
Patrick TARDIT
« Hokusai », un film de Hajime Hashimoto (sortie le 26 avril).