« C’est un film important, qui peut faire évoluer des pensées », estime Guillaume de Tonquédec, qui joue un écrivain dans le film de Olivier Peyon, tiré d’un roman de Philippe Besson.
« Arrête avec tes mensonges », c’est le titre d’un roman de Philippe Besson et d’un film de Olivier Peyon, dont il est l’adaptation (sortie le 22 février). Cette phrase, c’est ce que disait sa mère à un personnage adolescent, une façon de lui dire « arrête avec tes histoires », injonction qu’il n’a pas respectée puisqu’il en a fait son métier, de raconter des histoires, en devenant écrivain.
« Philippe Besson écrit des romans très sensibles, la fin était très émouvante, je trouvais la rencontre originale, je n’avais jamais lu ça », confiait Olivier Peyon, lors d’une avant-première du film aux Korrigans, à Guingamp. « Je lui ai proposé de développer le récit au présent, alors que le roman était plutôt tourné vers le passé, et il m’a fait confiance », ajoute le réalisateur, qui est resté fidèle à « l’esprit du livre » : « C’est un film qui parle d’une histoire d’amour, de secrets de famille ». Le roman, autobiographique et « intimiste », raconte la liaison de deux jeunes lycéens, puis la rencontre des années plus tard de l’écrivain avec le fils de son premier amour.
« Des ponts avec des histoires personnelles »
« J’ai été bouleversé par ce récit, c’est un film qui parle à tout le monde, ça fait des ponts avec les histoires personnelles », confiait Guillaume de Tonquédec à Guingamp, cité toute proche du château familial des Tonquédec, dans les Côtes d’Armor. Le comédien joue une sorte de double de Philippe Besson, dont il s’est fait le look, l’allure, « un enfant du pays » qui n’était pas revenu dans sa région, la Charente, depuis 35 ans. « L’écrivain de la fin de l’amour » se prête au jeu d’une conférence, de dédicaces, d’un sponsoring ; lui qui n’aime pas revenir sur ses traces, ni se coltiner ses fantômes, est perturbé par la ressemblance d’un jeune homme avec celui qu’il avait aimé.
« Une remontée fulgurante de souvenirs »
« En un weekend, le personnage est renversé par sa vie, pour lui amour rimait avec abandon ; cet homme, qui a cinquante ans passés, va se prendre une remontée fulgurante de souvenirs (…) Le personnage s’évade dans ses rêveries, il pense à ce qu’il a vécu », précise Guillaume de Tonquédec, « Dans les années 80, en province, il y a la pression qu’on se met soi-même quand on se pense différent (…) C’est un film important, il peut faire évoluer des pensées, se faire évoluer soi-même ». Car c’est d’une relation homosexuelle qu’il est question, un amour caché et incandescent, évoqué crûment lors de flash-backs qui nous ramènent en 1984. Les rendez-vous secrets du beau gosse à moto (Julien de Saint Jean) et du malingre intello à lunettes (Jérémy Gillet). « Faudra l’dire à personne », conviennent-ils après leur première fois, dans les vestiaires d’une piscine.
« Victor est un acteur formidable »
Si les deux jeunes comédiens incarnent avec fièvre l’amour adolescent, Victor Belmondo (le petit-fils de Jean-Paul) apporte de la gravité à son personnage, Lucas, que l’on rencontre lui aussi 35 ans plus tard. Lucas voudrait que l’écrivain lui raconte qui était son père, lui dise la vérité sur leur histoire, dont il ne sait presque rien. « Victor est un acteur formidable qui a donné quelque chose de fort dans ce film », estime Guillaume de Tonquédec.
Le temps est effectivement venu d’arrêter avec les mensonges et de ne plus se raconter d’histoires. Si le récit est chargé, les personnages sont attachants dans ce film, qui évoque avec sensibilité la destinée (l’un s’est barré, l’autre est resté), le passé, le désir, et ce qu’il reste de nos amours (air connu).
Patrick TARDIT
« Arrête avec tes mensonges », un film de Olivier Peyon, d’après un roman de Philippe Besson, avec Guillaume de Tonquédec et Victor Belmondo (sortie le 22 février).