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« La famille Asada » se met en scène

Inspiré du travail d’un photographe japonais, Ryôta Nakano signe un très joli film, une chronique où la bienveillance n’est pas un cliché.

Les photos où la famille se met en situation rêvée sont un révélateur de « la joie d’être ensemble ».

Chaque année, papa Asada saoule ses deux fistons à les faire poser pour une photo, à l’occasion des vœux de fin d’année, pas question d’échapper à la tradition familiale. Une tradition qui, malgré lui, a influencé le plus jeune des fils, Masashi, devenu plus tard photographe et dont le style est reconnaissable par ses clichés de famille posés. Les photos ont pris vie au cinéma, puisque Ryôta Nakano raconte l’histoire de « La famille Asada » dans un film (sortie le 25 janvier), qui avait été présenté en avant-première aux Rencontres du Cinéma de Gérardmer.

Papa Asada a eu la bonne idée d’offrir son premier appareil photo à Masashi, pour son douzième anniversaire. Un objet qui va déclencher sa vocation, suivant l’exemple paternel fantaisiste. Devenu jeune homme, alors qu’il glande à la maison ou va à la pêche au lieu de chercher un « vrai » boulot, Masashi imagine un principe de base à son travail en devenir : son père voulait être pompier, sa mère épouse de yakusa, son frère pilote de Formule 1… Masashi met en scène les rêves des membres de la famille Asada qui, le temps d’une photo, sont pompiers, yakusas, pilotes, mais aussi  pêcheurs, footballeurs, restaurateurs, musiciens, motards… Parti à Tokyo avec sa collection de photos, il fera un livre, une exposition, de ce qui est bien plus qu’un album de famille, obtient un prix prestigieux, et fait à la demande des portraits d’autres familles, dans la situation de leur choix.

La restitution d’un instant de vie

Après le tsunami en 2011, le photographe part sur les lieux de la catastrophe, mais il pose son appareil et rejoint des bénévoles. Leur mission, « sauver » des albums de famille, des milliers de photos retrouvées dans les ruines de maisons éventrées, détruites, les nettoyer, retirer la boue, les classer, et les exposer afin de les rendre à leurs propriétaires ou leurs proches. Procéder à une restitution, ce qui est le principe même d’un cliché, la restitution d’un instant de vie, où une banale image de vacances, une traditionnelle photo de classe, un instantané anodin, sont plus que de « sacrés souvenirs », des traces d’hommes, de femmes, d’enfants, désormais disparus.

D’abord amusant, distrayant, avec cette « Famille Asada » fantasque, attachante, qui se prête au jeu, c’est un très joli film, où la photo est un révélateur de « la joie d’être ensemble ». C’est ensuite un fixateur pour l’éternité dans une seconde partie plus grave, une évocation de toute l’importance des photos dans l’histoire des familles, leur pouvoir, mémoriel, sentimental, qui n’est pas un cliché. Le film de Ryôta Nakano est ainsi une chronique bienveillante, réconfortante, qui parvient à son objectif : faire du bien.

Patrick TARDIT

« La famille Asada », un film de Ryôta Nakano (sortie le 25 janvier).

Le film évoque aussi l’importance des photos dans l’histoire des familles, leur pouvoir, mémoriel, sentimental.
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