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Trouver sa place chez les « Aristocrats »

Avec le parcours le deux jeunes femmes, la réalisatrice Yukiko Sode évoque la condition féminine au Japon, les difficultés d’indépendance et d’émancipation.

Hanako pense avoir trouvé le mari idéal, bon fils d’une famille grande bourgeoise, mais trop très occupé à mener sa carrière politique.

Pas si facile d’être une jeune femme à Tokyo aujourd’hui, d’être libre, indépendante, et de décider de sa vie. C’est ce que montre la réalisatrice Yukiko Sode avec son film « Aristocrats » (sortie le 30 mars), adaptation d’un roman de Mariko Yamauchi. La cinéaste suit ainsi le parcours de deux jeunes Japonaises, l’une épouse et l’autre maîtresse du même homme, qui n’ont pas les mêmes origines, ne vivent pas dans les mêmes quartiers, ne fréquentent pas les mêmes endroits, n’ont pas la même vie.

Hanako d’abord, 27 ans, qui rejoint sa famille dans un restaurant en ce Jour de l’An 2016. Elle arrive seule au réveillon alors qu’elle devait venir avec son fiancé ; ils ont rompu dans la journée, mais déjà la famille essaie de la marier, de lui trouver un bon parti, un futur époux qui soit « d’une certaine classe sociale ». Après plusieurs rendez-vous arrangés, Hanako dîne un soir de pluie avec celui qui semble être un mari idéal, bon fils d’une famille grande bourgeoise, un aristocrate.

La pression familiale et des convenances

Une fois le contrat de mariage dûment rempli, le jeune couple ne respire pas vraiment le bonheur. Destiné à prendre la relève dans sa caste de politiciens, le mari est très occupé à mener sa carrière, trop pour consacrer assez de temps à sa jeune femme. Délaissée, seule, Hanako s’ennuie mais s’efforce malgré tout d’être une bonne épouse, digne de son rang, rôle qu’on lui a attribué malgré elle. Jusqu’à rencontrer celle qu’elle soupçonne être la maîtresse de son époux, Miki. Une jeune fille originaire d’une petite ville de province, issue d’une famille populaire, qui n’a pas pu continuer ses études trop chères, fut un temps hôtesse pour s’en sortir, et qui se démène pour faire son trou professionnel à Tokyo.

Hanako comme Miki sont victimes de la pression familiale, du poids des usages, des convenances, des attentes. Aussi différents que soient leur statut, leur quotidien, elles sont deux jeunes femmes indépendantes, qui veulent se construire un avenir, en toute liberté, en dehors du pouvoir masculin. La réalisatrice Yukiko Sode montre ainsi les difficultés d’émancipation, la dureté de la condition féminine dans la société japonaise, et combien il est ardu d’y trouver sa juste place.

Patrick TARDIT

« Aristocrats », un film de Yukiko Sode (sortie le 30 mars).

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