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« L’infirmière » aux petits soins

Le film du cinéaste japonais Kôji Fukada est un thriller psychologique, troublant et déstructuré.

Ichiko, dévouée infirmière, consacre sa vie à aider, soulager, mais tout va s’effondrer à cause d’un fait-divers.

Le prochain film de Kôji Fukada, « Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis » (« The real thing »), fait partie de la sélection exceptionnelle du Festival de Cannes 2020 ; il sortira en France en deux opus de 1H50, mais auparavant voici « L’infirmière » (sortie le 5 août), un précédent film du cinéaste japonais à qui l’on doit également « Au revoir l’été » et le délicat « Harmonium » (Prix du Jury Un certain regard).

L’infirmière de cette histoire est la dévouée Ichiko (interprétée par Mariko Tsutsui), qui est aux petits soins pour une famille, s’occupant avec dévouement de la vieille grand-mère malade, ou aidant les deux jeunes filles à réviser. Du genre « trop sérieuse », Ichiko consacre sa vie à aider, soulager, mais tout va changer lorsque la plus jeune des demoiselles de la maison, encore collégienne, disparait, puis réapparait, retrouvée un mois plus tard. Lorsque son neveu apparait comme le responsable de l’enlèvement, l’infirmière est accusée de complicité, voire de perversion.

Tout est détruit, tout s’effondre pour Ichiko, sa vie, son métier, sa réputation, son projet de mariage avec un médecin… Ne lui restera alors que l’envie de revanche, de vengeance. D’abord intimiste, le film vire alors au fait-divers, à la critique de la société japonaise, des médias, dans un récit déstructuré, un mélange du passé et du présent. On retrouve des décors communs à des époques différentes, des visites au zoo ou au musée, des séquences surprenantes, des cauchemars… Kôji Fukada sème le trouble, met en scène du bizarre. Histoire d’amour et de haine, de jalousie et de trahison, « L’infirmière » est un thriller psychologique qui questionne sur l’identité et l’imperfection du monde réel.

« L’infirmière » sort en cet été post-confinement, après que les Français aient applaudis le personnel soignant, qui a lutté contre la pandémie Covid-19, et qui lutte toujours pour une meilleure reconnaissance. En France comme au Japon, « le métier manque encore cruellement de moyens, de personnel et de reconnaissance » ; en France comme au Japon, les infirmières ont été victimes de harcèlement, de pressions ou d’intimidation, de peur qu’elles ne contaminent leurs voisins. Au Japon, les infirmières ont une rémunération moindre et des conditions de travail pire qu’en France ; c’est pourquoi le distributeur français du film, Art House, participe à une collecte en faveur des infirmières japonaises, pour toute consultation, commentaire ou partage de la bande-annonce du film sur youtube (https://www.youtube.com/watch?v=BJ-xtEaKvqY).

Patrick TARDIT

« L’infirmière », un film de Kôji Fukada (sortie le 5 août).

Asie-Pacifique Monde