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« Chained », « Beloved » : la vie et rien d’autre

Les deux films du cinéaste israélien Yaron Shani combinent à la fois masculinité et féminité, vérité et fiction.

« Chained » et « Beloved », deux films qui forment un tout.

Ce n’est pas un mais deux films du cinéaste israélien Yaron Shani qui sortent en ce mois de juillet d’après confinement. « Chained » (sortie le 8 juillet) puis « Beloved » (sortie le 15 juillet) ; deux films qui ne sont pas vraiment des suites, à peine des histoires parallèles et quelques personnages communs, dont un couple en crise. Le mari, Rashi, est le personnage principal du premier film, « Chained », un flic intègre, très impliqué dans son métier, intransigeant avec les autres et lui-même, qui constate au quotidien les malheurs d’enfants maltraités, enfermés, battus, tués par de mauvais parents, alors que lui se projette tant dans le si bon père qu’il pourrait être.

Après une dure nuit de boulot, Rashi accompagne son épouse Avigail à une échographie ; mauvaise nouvelle, pas de pulsations, pas d’évolution du fœtus, c’est une fausse couche de plus pour la jeune femme, qui suit avec opiniâtreté un traitement hormonal pour mener une grossesse au bout. Ultra-protecteur, Rashi a des relations difficiles avec la fille de sa femme, une môme de 13 ans en pleine crise d’adolescence, qui ne rêve que de liberté alors que lui veut lui imposer de strictes règles de comportement. Et pour finir, le policier est suspecté d’agression sexuelle sur mineurs à la suite du contrôle d’un groupe de jeunes dans un parc de Tel Aviv.

Une expérience cinématographique

Rashi le policier et Avigail l’infirmière sont deux personnages communs à ces deux films.

Interrogé, perquisitionné, accusé, Rashi est touché dans son honneur, sa masculinité ; d’autant plus qu’il sent bien que son couple se délite, que son épouse s’éloigne de lui. Avigail, justement, est aussi l’un des personnages du second film, « Beloved », où elle est une femme parmi d’autres. Infirmière dans un hospice, elle veut faire un bébé mais aussi quitter son mari. C’est auprès d’un groupe de femmes bienveillantes, d’une conseillère psychologique, sorte de gourou new-age, que la douce Avigail va trouver la sérénité. Tel un rite d’émancipation, elle va défaire sa tresse de longs cheveux bruns, puis accepter de la couper, comme si elle se libérait de ses chaînes.

« Chained » et « Beloved » peuvent être vus séparément, l’un après l’autre, peu importe l’ordre. Quelques séquences à peine sont communes aux deux films, qui forment un tout, l’un évoquant la masculinité et l’autre la féminité. Yaron Shani avait coréalisé avec Scandar Copti « Ajami », Caméra d’Or Mention spéciale au Festival de Cannes en 2009 ; également documentariste, il cherche à assembler la réalité et la fiction, et ne veut filmer rien d’autre que la vie. Il ne donne pas à lire le scénario à ses acteurs, choisis pour leur vécu proche de celui de leurs personnages, afin qu’ils soient plus qu’ils ne jouent, et recréer ainsi des moments de vérité. Yaron Shani fait ressortir les difficultés des rapports humains, les heurts, les engueulades, entre l’ado et son beau-père, ou entre deux soeurs adultes qui se crêpent le chignon. Ses films sont alors une expérience cinématographique, pour ses acteurs comme pour ses spectateurs.

Patrick TARDIT

« Chained » (sortie le 8 juillet) et « Beloved » (sortie le 15 juillet), films du cinéaste israélien Yaron Shani.

C’est auprès d’un groupe de femmes bienveillantes que la douce Avigail va trouver la sérénité.
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