Exubérant, joyeux, délirant, le spectacle imaginé par Jean-Paul Gaultier remplit les Folies Bergère depuis six mois.
Show devant, c’est un bien joyeux chaos que ce « Fashion Freak Show », imaginé par Jean-Paul Gaultier. Un show vraiment pas comme les autres qui a enthousiasmé plus de 200.000 spectateurs, dans la belle salle des Folies Bergère, le fameux music-hall à la façade Arts Déco. Après l’ultime représentation parisienne le 16 juin, le spectacle partira en tournée internationale, à Spolète en Italie début juillet, puis à Londres (du 23 juillet au 2 août).
Et tout cela aura commencé avec un ours en peluche, Nana, l’ourson du petit Jean-Paul, môme d’Arcueil qui jouait avec des corsets et dévorait les magazines de mode. C’est sa « véritable histoire » que Gaultier raconte, avec ce show confectionné sur mesure pour montrer ce qu’il y avait dans la tête de ce gamin en marinière. Quelques images de « Falbalas » de Jacques Becker, ce film qui a changé sa vie, avec en vedette Micheline Presle, dont la fille Tonie Marshall cosigne la mise en scène du « Fashion Freak Show ». Dans une vidéo, Micheline Presle joue d’ailleurs la chère grand-mère de Jean-Paul, ensemble ils s’étaient émerveillés devant une revue des Folies Bergère diffusée par la télé en noir-et-blanc.
Bien des années plus tard, il met à son tour de la folie aux Folies, avec ce spectacle funk et punk, disco et coloré, sexy et sexplicite. Un méli-mélo de musique, de chansons, de danse, de vidéos, d’humour, de mode bien sûr, avec une quinzaine de créatures délurées, danseurs, chanteurs, acrobates, comédiens… Et des looks encore des looks.
C’est une revue, un défilé, un spectacle, un show hybride, très visuel, avec une troupe qui déborde jusque dans l’allée centrale ; une succession de tableaux, avec son truc en plumes, des paillettes, le corset aux seins en pointe, la jupe pour homme, et la ceinture de bananes que portait Joséphine Baker sur la même scène. JPG reconstitue son tout premier défilé de 1976, avec tutu et perfecto, le public applaudit comme au défilé, et le créateur est arrêté par la Fashion Police.
Le freak, c’est chic !
Après l’entracte, le rideau s’ouvre sur l’entrée reconstituée du Palace, night-club parisien mythique des années 80 ; plus tard, c’est une séquence rouge sang qui évoque les ravages du sida. Sur l’écran, défilent les amis de Jean-Paul, Rossy de Palma en institutrice, Antoine de Caunes en reine d’Angleterre, Line Renaud, Catherine Deneuve, les photographes Pierre et Gilles, Catherine et Liliane, Amanda Lear, les frères Bogdanov…
Sa grande histoire d’amour avec Francis est racontée en chanson par Catherine Ringer, qui fut la première à porter sa robe à corset dans le clip « Marcia Baïla » des Rita Mitousko. Apparue pendant des mois en vidéo dans le spectacle, Catherine Ringer sera vraiment sur la scène pour sept représentations (du 17 au 23 mai), succédant ainsi à d’autres invitées, Dita von Teese en janvier, suivie en février d’Iris Mittenaere, Miss France (Jean-Paul Gaultier était alors président du jury) et Miss Univers 2016, puis l’actrice Rossy de Palma an mars.
Le couturier est fier d’avoir fait défiler ses « freaks », « des grandes et des petites, des minces et des rondes, des jeunes, des plus âgées… » ; avec ce show exubérant, délirant, il continue « d’émerveiller dans la générosité ». Ce « Fashion Freak Show » est ainsi une grande fête de la tolérance, avec un final en chanson qui proclame que « Tout le monde il est beau », le guitariste Nile Rodgers (fondateur du groupe Chic) a même aménagé un de ses tubes : le freak, c’est chic !
Patrick TARDIT
« Fashion Freak Show », aux Folies Bergère, 32 rue Richer à Paris, du mardi au samedi à 20H, les samedis et dimanches à 15H, à partir de 30€. Réservations : www.jpgfashionfreakshow, www.foliesbergere.com