Le garde des Sceaux et la ministre des Affaires européennes ont démissionné ce matin alors que le MoDem est visé par une enquête sur les soupçons d’emplois fictifs de leurs assistants parlementaires européens.
Et de quatre ! Après « l’exfiltration » de Richard Ferrand, le ministre de la Cohésion des territoires empêtré dans des soupçons de favoritisme au profit de sa compagne, puis la démission surprise, mardi, de Sylvie Goulard, la ministre des Armées, ce sont deux autres poids lourds du gouvernement d’Edouard Philippe qui jettent l’éponge.
François Bayrou et Marielle de Sarnez, le ministre de la Justice et la ministre des Affaires européennes ont annoncé, à quelque minutes d’intervalle, qu’ils quittaient l’équipe gouvernementale dont la nouvelle composition doit être annoncée aujourd’hui, avant 18 heures.
« J’ai pris la décision de ne pas faire partie du nouveau gouvernement, a annoncé François Bayrou à l’AFP. Je donnerai une conférence de presse cet après-midi à 17 heures. »
Un peu plus tard, Marielle de Sarnez annonçait également sa démission. Peut-être pour prendre la tête du groupe MoDem à l’assemblée nationale.
Une enquête tous azimuts
La position de François Bayrou à la tête du ministère de la Justice devenait intenable. En tant que garde des Sceaux, il était chargé de présenter la loi sur la moralisation de la vie publique chère au président Macron.
Or, son parti, le MoDem, est dans le collimateur de la justice depuis l’ouverture par le parquet de Paris, le 9 juin 2017, d’une enquête préliminaire pour « abus de confiance » et « recel » concernant l’affaire des assistants parlementaires européens.
De quoi s’agit-il ? Tout d’abord d’une dénonciation de Sophie Montels, élue du Front National, qui explique à la justice que l’emploi fictif des assistants parlementaires des eurodéputés est une pratique courante et non pas réservée au parti frontiste. La preuve, au MoDem, le parti que préside François Bayrou.
En effet, l’enquête du parquet met en cause six eurodéputés du MoDem, dont Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard, devenues ministres. L’affaire est d’autant plus sérieuse qu’un ancien salarié du parti a affirmé avoir bénéficié d’un emploi fictif d’assistant parlementaire auprès de Jean-Luc Bennahmias, alors qu’il travaillait exclusivement pour le parti de Bayrou.
Au MoDem, on explique avoir « respecté toutes les règles ». Il n’empêche. Les enquêteurs ont entendu, mardi 20 juin, Corinne Lepage, ancienne eurodéputée du MoDem. Et cela devrait continuer.
Au total, ce sont 19 élus de tous bords qui seraient visés par l’enquête dont Brice Hortefeux (LR), Jérôme Lavrilleux (LR), Yannick Jadot (EELV), Emmanuel Maurel (PS) mais aussi dans d’autres formations politiques, dont le Front national.
A suivre…
E.L.