France
Partager
S'abonner
Ajoutez IDJ à vos Favoris Google News

« Trop, c’est trop » : 500 chefs d’entreprise alertent sur la dérive fiscale française

Face à un débat budgétaire jugé “idéologique” et à la hausse continue des impôts, cinq cents patrons signent dans l’Express une tribune pour dénoncer un “suicide économique” qui menace la compétitivité et la souveraineté du pays.

Hémicycle de l'assemblée nationale (DR)
Hémicycle de l’assemblée nationale (DR)

Un cri d’alarme venu du monde économique

Cinq cents dirigeants d’entreprise ont choisi de prendre la plume pour exprimer leur exaspération face à ce qu’ils qualifient de “folie fiscale”. Dans une tribune publiée par L’Express, ils estiment que le débat budgétaire à l’Assemblée nationale s’est transformé en “défouloir idéologique” et qu’il risque d’entraîner la France “vers la catastrophe économique”.
“Notre pays ne pourra pas préserver son modèle social s’il continue à fragiliser les forces vives qui le financent”, écrivent-ils, rappelant que l’économie française repose sur 3,8 millions d’entreprises et 21 millions de salariés.

Une économie fragilisée par la fiscalité et l’instabilité

Les signataires dénoncent une situation devenue “intenable” dans un contexte de concurrence mondiale accrue. Selon eux, la France “travaille moins qu’ailleurs” tout en “multipliant les normes et les taxes”. L’instabilité politique de ces derniers mois aurait, selon eux, aggravé le malaise.
“Nous avons tenu bon, souvent en silence, mais le seuil d’alerte est franchi”, résument-ils.

Un débat budgétaire “dévoyé”

Ce qui devrait être, à leurs yeux, un moment de “lucidité et de responsabilité” est devenu un champ de bataille idéologique. Les chefs d’entreprise reprochent aux députés d’avoir évacué la question de la maîtrise des dépenses publiques et d’utiliser la fiscalité “comme une sanction plutôt qu’un outil d’équilibre”.
Ils pointent le risque d’un nouvel alourdissement de la charge fiscale, au-delà même des 14 milliards d’euros de hausses d’impôts prévus par le gouvernement. “La France détient déjà le record européen des prélèvements obligatoires, et l’on s’apprête à alourdir encore la charge fiscale”, avertissent-ils.

La “spirale fiscale” dénoncée

La tribune prend notamment pour cible le retour récurrent de la “taxe Zucman”, proposée sur le patrimoine des plus riches, et redoute que cette idée ressurgisse à l’approche de l’élection présidentielle de 2027.
Les signataires redoutent des mesures qui “contraindraient certains dirigeants à vendre une partie de leur entreprise pour payer l’impôt” — une situation qu’ils jugent “dramatique pour la souveraineté économique nationale”.

Des chiffres qui inquiètent

Les patrons rappellent que la France affiche un taux de prélèvements obligatoires supérieur de cinq points à la moyenne de la zone euro.
Les impôts de production représenteraient 4,6 points de PIB, contre 2,2 en moyenne européenne, et les cotisations sociales des employeurs près de 10 points, contre 7,6 ailleurs. Des écarts qui, selon eux, “minent la compétitivité, l’attractivité et, à terme, la souveraineté économique” du pays.

“Préserver l’entreprise, c’est préserver la France”

Pour les signataires, défendre les entreprises revient à défendre l’intérêt collectif : “Sans entreprises, pas de croissance ; sans croissance, pas d’emploi ; sans emploi, pas de modèle social.”
Ils affirment ne pas refuser l’impôt, mais rejettent ce qu’ils perçoivent comme une “spoliation”.
“Le consentement à l’impôt, oui. La spoliation, non. Trop, c’est trop”, résume le texte.

Un appel à la responsabilité politique

Enfin, les dirigeants appellent les parlementaires à “remettre l’économie réelle au cœur du débat” et à sortir des postures populistes. Ils plaident pour une refonte de la dépense publique avant toute nouvelle hausse d’impôts, estimant que la double dépendance de la France “à la dépense et à l’impôt” étouffe l’investissement et alimente les extrêmes.
“La France mérite mieux. Nous voulons y contribuer, mais pas sans vision, pas sans cohérence, pas sans confiance”, concluent-ils.

France