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Des hélicoptères protégés des foudres de la justice

L’association Anti-corruption (AC !!) a déposé une plainte contre X auprès du Procureur des Sables-d’Olonne visant la société OYA Vendée Hélicoptères, basée sur l’île d’Yeu, pour plusieurs infractions présumées au Code de l’environnement et au Code des transports.

Les appareils de OYA Vendée Hélicoptères atterrissent au Port-Joinville (DR)
Les appareils de OYA Vendée Hélicoptères atterrissent au Port-Joinville (DR)

« Le bruit est insupportable. Ce n’est pas normal d’avoir une hélistation au milieu du port, près d’un parking et des habitations. Ça pollue et c’est dangereux ». Arnaud Joly ne décolère pas. Le président de l’Association des Riverains du Port de l’Ile d’Yeu, en Vendée, se bat depuis des années pour que ces nuisances cessent. En vain.

Une autorisation ministérielle

L’île d’Yeu est une île charmante située à 25 km du continent. Avec 5.000 habitants en hiver, 30.000 en été, ce bout de paradis de 8 km sur 4 km est depuis toujours tourné vers les métiers de la mer. Et des valeurs de sérieux et de rigueur qui l’accompagnent. Autant dire que l’héliport posé au milieu du Port-Joinville apparaît comme une incongruité aux yeux des habitants. D’autant qu’il existe, à 4 km de là, un aérodrome avec ses avions de tourisme.
L’affaire remonte aux années 80 lorsqu’un pilote chevronné, Pierre Chiron, crée OYA Hélicoptères et s’installe au Port-Joinville. Ses hélicoptères effectuent du transport de passagers, de colis postaux puis, l’entreprise obtient l’agrément pour le transport sanitaire. Mais il faut une autorisation, non plus préfectorale, mais ministérielle. Elle est délivrée en 2018 par Elisabeth Borne. Précisons qu’OYA Hélicoptères a changé de mains pour devenir en 2020 la SAS OYA Vendée Hélicoptères.

Un conflit qui dure depuis des décennies

La décision ministérielle est attaquée aussitôt par l’association des Riverains du Port devant le tribunal administratif de Nantes qui, en juillet 2023, retoque l’autorisation. Jugement confirmé en mars 2025 par la Cour d’appel de Nantes estimant que l’étude d’impact est défaillante, car elle ne prend pas en compte l’état initial de l’environnement. 
Malgré les décisions judiciaires, l’activité se poursuit.

Paradoxalement, malgré ces décisions de justice défavorables, l’activité héliportée continue « comme si de rien n’était » selon les termes de la plainte de l’association AC!! La municipalité de l’île d’Yeu a même lancé un nouvel appel d’offres en mai 2025 pour constituer un nouveau dossier d’autorisation ministérielle. Curieusement, ni la mairie ni le préfet de Vendée ne font appliquer la décision judiciaire devenue définitive. Selon des rumeurs largement relayées dans la population, l’entreprise d’hélicos bénéficierait d’une sorte de protection du ministre (démissionnaire) de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui possède une maison secondaire sur l’île. On n’ose pas le croire, évidemment.

Des infractions multiples dénoncées

L’association AC !!, représentée par Maître Vincent Poudampa, a déposé une plainte visant plusieurs infractions potentielles : dépassement des valeurs maximales de bruit et d’émissions polluantes, usage abusif d’un aérodrome, atteintes à l’environnement et à la santé des riverains, et poursuite d’activités en violation des décisions administratives.
Les sanctions encourues sont lourdes, pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende selon les articles du Code de l’environnement invoqués.

Une entreprise en pleine expansion

OYA Vendée Hélicoptères, qui emploie 19 salariés et dispose de trois hélicoptères, développe actuellement de nouvelles activités liées à la construction du parc éolien offshore Yeu-Noirmoutier. L’entreprise est d’ailleurs la seule compagnie française à détenir les agréments européens pour les opérations héliportées en mer.
Une plainte similaire a été déposée parallèlement auprès du Pôle régional spécialisé en matière d’atteintes à l’environnement de la Cour d’Appel de Nantes.

Précision : Nous avons vainement tenté de jointe le directeur général de OYA Vendée Hélicoptères, M. Grésillon, et lui avons adressé un mail pour lui demander sa réaction à la fois sur l’arrêt de la Cour d’appel de Nantes et sur la plainte de l’association anti-corruption AC!! Nous n’avons pas encore reçu de réponse. Et c’est bien volontiers que nous publierons son point de vue dès qu’il le souhaitera.

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