Après son premier film « Girl », le jeune cinéaste belge Lukas Dhont a reçu le Grand Prix au Festival de Cannes, pour ce drame sensible et intense.
En racontant la douloureuse histoire d’un jeune garçon en transition sexuelle, qui ne ménageait pas ses efforts pour devenir danseuse, Lukas Dhont avait obtenu à Cannes la Caméra d’Or (décernée à un premier film) pour « Girl ». Pour son second long-métrage, « Close » (sortie le 1er novembre), le jeune cinéaste belge a cette fois reçu un Grand Prix au Festival de Cannes (ex-aequo avec « Stars at noon » de Claire Denis). Il est encore question d’adolescence et d’identité sexuelle dans ce film tendre et touchant, présenté également au Festival de Deauville et qui représentera la Belgique aux prochains Oscars.
Dans ce récit d’amitié, Léo et Rémi sont deux inséparables copains, des mômes de 13 ans, un blond et un brun, deux gueules d’ange. Ils ont l’habitude de se retrouver sur la route en vélo, de dormir l’un chez l’autre, de passer tout leur temps libre ensemble, de tout partager, surtout des jeux et des histoires d’enfants qu’ils sont encore un peu. Plus que meilleurs amis, ces garçons délicats sont comme des frères. Une proximité, une complicité, qui font causer à leur entrée au collège ; non, ils ne sont pas ensemble, doivent-ils assurer aux curieux.
Se « décoller » l’un de l’autre
L’inquisiteur regard des autres les incite à essayer de se « décoller » l’un de l’autre, à ne plus toujours être ensemble, à se faire d’autres amis, à modifier leur comportement. L’inévitable rivalité va même les pousser jusqu’à l’affrontement physique. Léo, qui travaille déjà dur aux champs de fleurs avec sa famille, choisit de s’endurcir encore en jouant au hockey sur glace, sport viril, brutal, froid. Tout bascule un jour de voyage scolaire à la mer, alors que Rémi est déclaré absent.
« Close », c’est l’histoire d’amis très proches, trop proches, filmée de très près par Lukas Dhont, avec des plans serrés sur les visages, notamment ceux des deux jeunes formidables acteurs, Eden Dambrine et Gustav De Waele, et des mères bouleversantes, incarnées par Léa Drucker et Emilie Dequenne. Cinéaste de l’adolescence, il évoque la difficulté d’être soi-même à cet âge, celle de vivre une amitié, un amour, la confusion, le trouble, la fragilité et la perte de l’innocence. Lukas Dhont a trouvé sa voie, il réalise des « films intimes et personnels », des drames sensibles et intenses, faits de chagrin contenu et d’immense douleur.
Patrick TARDIT
« Close », un film de Lukas Dhont, avec Eden Dambrine et Gustav De Waele (sortie le 1er novembre).
