Consacré à la rock-star, le documentaire kaléidoscopique de Brett Morgen est un objet pop que les fans vont adorer.
« J’ai voulu créer quelque chose de différent sur David Bowie, il était mystérieux, énigmatique ; il n’y a pas beaucoup de faits, de dates, ni d’infos, mais il y a beaucoup de Bowie dans ce film », disait Brett Morgen au Festival du Cinéma Américain de Deauville, avant la projection de son « Moonage Daydream » (sortie le 21 septembre). Réalisateur de documentaires, notamment sur Kurt Cobain et le producteur Robert Evans (« The kids stay in the picture »), Brett Morgen a effectivement injecté beaucoup de Bowie dans ce film qui lui est consacré, et porte le titre d’une de ses chansons.
Ce n’est pas un banal récit sur « sa vie son œuvre » comme de nombreux rockumentaires, ni un simple concert filmé, c’est vraiment le documentaire qu’il fallait faire sur Bowie, artiste multi-facettes, un document fidèle à la diversité de ses talents, un film qui ressemble à sa musique. « J’ai tout expérimenté », disait David Bowie, disparu en janvier 2016, qui a « flirté » avec tous les arts, la musique bien sûr, l’écriture, le cinéma (« Furyo », « Les Prédateurs »…), le théâtre (on découvre des extraits de la pièce « Elephant Man » dont il avait joué le rôle principal), la sculpture, la peinture, la vidéo…
Un tourbillon d’images et de sons
Introduction psychédélique, montage halluciné, kaléidoscope multicolore, tourbillon d’images et de sons, « Moonage Daydream » est lui-même une expérience, un objet pop sur le processus de création, la philosophie, l’univers de « l’homme qui venait d’ailleurs ». Brett Morgen a eu accès aux innombrables archives de la Fondation David Bowie, où il a pioché des trésors, extraits de concerts, films, clips, interviews… et a notamment travaillé sur le son avec Tony Visconti, ami et producteur musical de la « rock star extraterrestre ».
Ziggy Stardust, Thin White Duke, Pierrot lunaire, Bowie était unique et multiple, créant et éliminant ses personnages, pour mieux garder le contrôle de sa vie et de son art. « Moonage Daydream » est à l’image de cette créature androgyne et excentrique, maquillée, costumée, élégante… Ses fans vont adorer ce film, beau, oui, comme Bowie.
Patrick TARDIT
« Moonage Daydream », un documentaire de Brett Morgen (sortie le 21 septembre).