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Grand Est : la Covid-19 amplifie la baisse du nombre d’habitants

La population du Grand Est, qui atteint 5,52 millions d’habitants au 1er janvier 2021, a diminué de 0,2 % en 2020. La surmortalité due à l’épidémie de Covid-19 a été particulièrement importante avec une hausse de 14 % des décès en 2020 par rapport à 2019 (Insee).

Naissance et décès en Grand Est (INSEE)

Au 1er janvier 2021, le Grand Est compte 5,52 millions d’habitants. Entre le 1er janvier 2019 et le 1er janvier 2021, le Grand Est a perdu plus de 20 000 habitants. Même si un déclin de la population persistait depuis 2015, il a atteint son maximum l’année dernière, en grande partie à cause de l’épidémie de Covid-19. Le virus a eu un impact fort sur la mortalité lors de la première vague, en mars et en avril, puis lors de la deuxième vague, à partir d’octobre. Toutes causes confondues, 60 700 décès sont à déplorer en 2020, pour seulement 53 200 naissances, ce qui accentue la baisse de la population de la région.
Le solde naturel devient déficitaire en 2020

Solde migratoire

Le solde naturel (différence entre les naissances et les décès) devient déficitaire en 2020, ce qui n’était jamais arrivé au cours des cinquante dernières années. Bien que toujours négatif, le solde migratoire s’est quant à lui légèrement redressé par rapport à 2019 (− 0,1 % en 2020 contre − 0,2 % en 2019). L’évolution de la population du Grand Est ne suit pas la tendance nationale, puisque la population métropolitaine augmente de 0,2 % en 2020 malgré la Covid-19. La région n’est toutefois pas la seule à perdre des habitants, les régions du Nord et du centre de la France (Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire, Hauts-de-France et Normandie) voient également leur population diminuer.

Vieillissement de la population

Au-delà de ces conditions de mortalité exceptionnelles, le vieillissement de la population qui s’observe chaque année contribue également à l’augmentation du nombre de décès. Parmi les 7 400 décès supplémentaires à déplorer en 2020, 1100 peuvent être attribués à l’augmentation du nombre de personnes âgées. En effet, la proportion de personnes d’au moins 65 ans a augmenté de 5 % en 15 ans et atteint 21 % en 2020.

Les naissances, toujours en baisse

En 2020, près de 53 200 bébés sont nés dans la région. Au début de l’année, les naissances sont légèrement plus nombreuses qu’en 2019, puis c’est l’inverse à partir de mars. Cette diminution apparaît 9 mois après le début du 1er confinement en France et se poursuit début 2021, particulièrement au mois de janvier, avec une baisse de 18 % du nombre de naissances dans la région par rapport à janvier 2020 (13 % à l’échelle nationale). Le contexte de crise sanitaire et d’incertitude économique a pu inciter les couples à reporter de plusieurs mois leurs projets de parentalité.

Fécondité : derrière la Corse

Le Grand Est est la région la moins féconde derrière la Corse (1,33 enfant par femme). Au sein de la région, la Meurthe-et-Moselle a la fécondité la plus basse en 2020, avec un ICF de 1,53 enfant par femme, tandis que les Ardennes sont à la première place (1,82 enfant par femme). Cet écart de fécondité peut être expliqué par la structure par âge des femmes âgées de 15 à 49 ans et leur mode de cohabitation.

Le Bas-Rhin, qui est le département le plus peuplé du Grand Est, ne suit pas la tendance régionale quant à l’évolution de sa population. Il est le seul où le nombre d’habitants augmente en 2020, avec un peu plus de 4 100 habitants supplémentaires, soit un gain de 0,4 %. C’est aussi le seul à avoir un solde naturel et un solde migratoire apparent positifs en 2020 (+ 0,1 % et + 0,3 %). À l’inverse, les départements les moins peuplés de la région, la Haute-Marne et la Meuse, sont ceux qui voient leur population décroître le plus rapidement (respectivement − 1,2 % et − 1,3 % en 2020). Ces deux départements font face à de forts déficits naturels et migratoires.

Chute du nombre de mariages

En 2020, 12 600 mariages ont été célébrés dans le Grand Est en 2020, soit près d’un tiers de moins qu’en 2019, où 18 900 mariages avaient été enregistrés. Cette brusque diminution a été causée par la pandémie, qui a empêché la tenue des célébrations ou incité les couples à les repousser en raison de la limitation du nombre d’invités. Quasiment aucun mariage n’a été célébré entre avril et mai et le mois de juin, qui d’habitude est l’un des mois de l’année où l’on se marie le plus, a connu une diminution de 70 % du nombre de mariages par rapport à 2019. En 20 ans, il a fortement diminué : en l’an 2000, près de 29 700 mariages avaient eu lieu dans la région.

Eléa Souilhé, Institut de démographie de l’Université de Strasbourg, Sophie Villaume (Insee)

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