Deux mois et demi après le premier tour, les citoyens retournent aux urnes, le 28 juin, dans près de 5.000 communes. Mais bien des choses ont changé et le jeu reste plus ouvert que jamais. Découvrez le programme des candidats.
Commençons par Paris. Il y a 20 arrondissements où les électeurs devront choisir dans le cadre d’une triangulaire ou d’une quadrangulaire. Mais seulement trois listes sont dans la course pour prendre l’hôtel de Ville. Celle d’Anne Hidalgo (Union de la gauche), maire sortante arrivée en tête du premier tour (29,3%). Un accord a été trouvé avec la liste de Daniel Belliard (EELV) qui a engrangé 10,8% des suffrages le 15 mars. En deuxième position lors du premier tour, la liste de Rachida Dati, (LR) qui collecte 22,7% des voix, suivie par celle d’Agnès Buzyn (LREM) à 17,3%.
Trois femmes briguent donc la mairie de la capitale. La mieux placée, arithmétiquement parlant, reste Anne Hidalgo qui a une bonne longueur d’avance sur Rachida Dati. Quant à Agnès Buzyn, on la voit mal remonter son score au second tour après sa piètre performance au premier tour. Mais en politique rien n’est joué d’avance et il faudra attendre le soir du 28 juin pour avoir une confirmation des tendances qui semblent se dessiner.
L’après Gaudin
A Marseille, où le parti présidentiel est en mauvaise posture, tout comme à Paris, à Lyon et ailleurs, la campagne est très chaude. Ici, on prépare l’après Gaudin dans la confusion. Le candidat macroniste, Yvon Berland, n’a pas voulu d’une alliance avec la tête de liste L.R. Martine Vassal. Il s’est maintenu dans le quatrième secteur où se jouera une quadrangulaire très dangereuse qui met en péril la présidente de la Métropole Aix-Marseille.
Après de longues et difficiles tractations, les Écologistes d’EELV ont finalement rejoint la coalition de gauche, le Printemps Marseillais, arrivée en tête au premier tour dans six des huit secteurs de la ville. Elle est conduite par le communiste Jean-Marc Coppola. Mais aucun accord n’a été conclu avec la sénatrice Samia Ghali (DVG) qui avait obtenu le soutien d’EELV au premier tour. Précisions que deux listes de gauche se sont retirées pour faire barrage au Rassemblement national du sénateur Stéphane Ravier.
Compte tenu des dissensions entre les candidats de droite, il risque d’y avoir de grosses surprises. Avec, en embuscade, le Rassemblement national.
La trahison Collomb
A Lyon, les écologistes emmenés par Grégory Doucet (EELV) sont arrivés en tête du premier tour avec 29% des suffrages, suivis par Les Républicains avec Etienne Blanc (16,5%) puis par Yann Cucherat (14,9%) de l’Union du centre. Pour le second tour, EELV s’est rapprochée de la gauche. Mais la surprise est venue de Gérard Collomb, ancien ministre de l’Intérieur, qui a scellé un pacte avec Les Républicain pour que sa ville ne tombe pas dans les mains de la gauche. Une trahison. Conséquence : La République en Marche ne sera pas représentée au second tour dans la deuxième ville française.
L’espoir alsacien pour LREM
A Strasbourg, la République En Marche s’accoquine avec la droite pour faire barrage aux écologistes. Les Verts sont arrivés en tête du premier tour avec Jeanne Barseghian (EELV) qui totalise 26,7% des suffrages suivis par le candidat du parti présidentiel, Alain Fontanel (20,6%), puis par Catherine Trautmann représentant le parti socialiste (19,4%), puis par Jean-Philippe Vetter (Union de la droite) avec 18,2%.
Pour le second tour, surprise : Jeanne Barseghian et Catherine Trautmann n’ont pas trouvé de terrain d’entente. Elles partent séparément devant les électeurs strasbourgeois. En revanche, contre toute attente, la liste LREM et LR ont fusionné. Alain Fontanel (Marcheur) tirera la liste d’union sur laquelle Jean-Philippe Vetter sera en troisième place. Cette triangulaire pourrait donner une grande ville au parti présidentiel. Mais la faible participation du premier tour, ici comme ailleurs, pourrait réserver quelques surprises.
Quadrangulaire
A Mulhouse, on assistera à une quadrangulaire. La maire sortante, Michèle Lutz (LR) a succédé à Jean Rottner devenu président de la région Grand Est. Au soir du premier tour, elle a recueilli 33,7% des suffrages. Mais ses concurrents restent en lice : Loïc Minery pour EELV qui a collecté 22% des voix et Lara Million (divers centre) qui a engrangé 20%. Le RN avec Christelle Ritz n’a obtenu que 12% des voix et ne devrait pas jouer les trouble-fêtes. Tout donne à penser que Michèle Lutz confirmera son avance au soir du 28 juin. Mais rien n’est jamais acquis d’avance.
Rien n’est joué
A Metz, le jeu s’annonce serré. Trois listes se présentent aux suffrages des électeurs pour succéder au maire socialiste Dominique Gros. On sait que le sénateur de droite François Grosdidier (LR) est arrivé en tête du premier tour avec 29,7% des voix suivi par la liste de Xavier Bouvet (Unis-pour-Metz) avec 24,97% puis par celle de Françoise Grollet (RN) avec 11,79% des voix. Le député LREM Gérard Lioger (7%) a été lamentablement éliminé de la compétition.
Mais le fort taux d’abstention du premier tour (plus de 66%) est de nature à rebattre les cartes. Le rapprochement entre Béatrice Agamennone (6,19%) référente LREM et adjointe au maire, et François Grosdidier ne changera pas fondamentalement le rapport de forces.
Qui succèdera à Dominique Gros, le 28 juin? Rien n’est joué à moins de deux semaines du second tour. Et bien malin qui pourrait faire un pronostic définitif. Nous l’avons dit à plusieurs reprises : en dépit des apparences de pure arithmétique, le jeu reste très ouvert.
Les règles arithmétiques
A Nancy, même sentiment d’incertitude et de flottement qu’à Metz. Le duel plusieurs fois répété entre le maire sortant, Laurent Hénart (Radical) et le président du Conseil départemental 54, Mathieu Klein (divers gauche) reste incertain. Certes, Mathieu Klein a pris l’avantage, le 15 mars, en collectant 38% des suffrages face à Laurent Hénart (35%). Mais les Verts emmenés par Laurent Watrin (11%) ont fusionné avec la liste de Mathieu Klein donnant à ce dernier un avantage mathématique. Mais avec un taux d’abstention proche de 63% à Nancy, les simples règles de l’arithmétique sont-elles encore pertinentes ? Réponse dans moins de deux semaines.
Trublion
A Thionville, la situation est plutôt confuse. Le second tour se jouera dans le cadre d’une triangulaire. La liste de Bertrand Mertz (PS) a collecté 19,8% au premier tour et celle de Guy Harau (EELV) 12,6%. Les deux listes ont fusionné pour le second tour. D’où le danger pour le maire sortant, Pierre Cuny (divers centre) qui a réalisé un bon score le 15 mars : 32,4%. Ce dernier comptait sur le retrait d’un trublion de la politique, Patrick Luxembourger (divers droite) qui a récolté 23,5% des voix au premier tour. Luxembourger risque donc de troubler le jeu.
Il y aura donc une triangulaire à Thionville qui pourrait bien voir le retour de la gauche et des Verts à la mairie.