C’est donc un cheminot qui remplace Guillaume Pépy. Voici les quatre grands chantiers qui l’attendent, selon Bernard Aubin, secrétaire général de la fédération First.
Le nom du successeur de Guillaume Pepy est désormais connu. Il s’agit de Jean-Pierre Farandou, un « cheminot » entré à la SNCF en 1981. L’intéressé y a exercé plusieurs postes de dirigeants essentiellement dans le domaine des transports de Voyageurs. Jusqu’à présent dirigeant de Keolis, bras armé de la SNCF dans divers transports nationaux et surtout internationaux, le nouveau président maîtrise notamment toutes les facettes des transports en commun.
Parmi les grands chantiers qui attendent le nouveau Président de la SNCF :
1. La réforme structurelle de la SNCF. La SNCF devrait en effet éclater en plusieurs sociétés anonymes, ce qui posera sans doute des difficultés organisationnelles et humaines.
2. Le défi commercial : La concurrence Voyageurs débarquera dès 2020 sur le réseau national. En jeu aussi l’avenir du transport de marchandises laissé à l’abandon et menacé de filialisation. La modernisation et le développement des trains du quotidien devront être examinés, ainsi que les projets qui assureront l’avenir de la SNCF, dans un contexte où la nouvelle Loi Mobilités (LOM) sera relativement défavorable à l’Entreprise.
3. Le renouvellement du réseau classique, après les accidents qui ont marqué les esprits, et son financement, encore très nébuleux malgré les annonces faites par l’Etat.
4. L’aspect social : une crise de confiance est apparue entre la direction et les cheminots, notamment depuis que cette dernière a accompagné sans réserve la très controversée réforme de la SNCF. Seront à gérer les conditions de travail du personnel, très dégradées, la cohabitation entre personnel à Statut et nouveaux embauchés, la négociation de la convention collective ferroviaire au point mort pour l’instant, les conditions de transfert des cheminots vers le privé, le dossier explosif de la réforme des retraites… Enfin, les cheminots espèrent bénéficier enfin d’une partie des bénéfices surcroîts de richesse que leurs efforts ont dégagé depuis des années.
Conflits en perspective
Jean-Pierre Farandou se devra de dialoguer avec tous, sans privilégier les uns et ostraciser les autres… Au vu des enjeux sociaux, il ne pourra éviter les conflits, même avec la meilleure des volontés. Tout juste peut-on espérer qu’il atténuera les effets néfastes de la situation dont il a hérité.
Les cheminots ne sont pas dupes. Quel que soit leur nouveau président à la tête de la SNCF, ce haut fonctionnaire reste l’exécutant de la politique du gouvernement.
Reste à savoir de quelle manière il mettra à profit la modeste marge de manœuvre dont il dispose. Souhaitera-t-il travailler avec son personnel ou contre lui, avec des cheminots ou avec des « collaborateurs » ? Souhaitera-t-il restaurer l’âme de l’Entreprise, vieille de 80 ans, ou se complaira-t-il dans la technocratie et une gestion des ressources inhumaine qui rongent l’entreprise de l’intérieur ?
Réponse bientôt.