Ils se préparent comme des soldats avant de livrer bataille. Les Gilets jaunes veulent faire de leur journée d’action de demain un grand succès populaire.
Près de 1500 actions sont programmées aux quatre coins du territoire. Objectif ? Bloquer les principaux axes de circulation, du nord au sud, de l’est à l’ouest.
Le mouvement des Gilets jaunes, comme ils se sont baptisés eux-mêmes, est d’autant plus inattendu et, il faut bien le dire, inquiétant pour les pouvoirs publics, qu’il vient de la base, de la France profonde, celle des petits, des sans grades, des non syndiqués, des non encartés à un parti politique. Car ils n’ont pas de chef, par de service d’ordre et même pas de porte-parole. C’est une révolte. Une jacquerie comme la France en a connue sous l’Ancien régime lorsque le peuple en avait marre de ses princes, de ses barons, de ses marquis, de tous ces hobereaux qui vivaient sur le dos des autres, qui collectaient la taille et la gabelle sans se soucier de la misère dans les villes et les campagnes.
Aujourd’hui, on en est là. La France de 2018 ne supporte plus ses dirigeants politiques déconnectés des réalités du terrain, qui ne connaissent rien de la vraie vie, celle de millions de Français qui vivent (ou survivent) avec moins de 1.000 euros par mois. Certes, ces gagne-petit ne paient pas d’impôt sur le revenu, mais ils paient au prix fort toutes les taxes, de la TVA aux taxes sur les carburants, le gaz, l’électricité, les assurances et tout le reste.
Doublement de la prime
Comme ceux d’hier, les politiques d’aujourd’hui ne comprennent pas, que l’on ne peut plus se chauffer quand le fioul, le gaz et l’électricité sont devenus des produits de luxe, que l’on ne peut pas changer de voiture quand on roule avec une vieille guimbarde au diesel depuis 20 ans parce que ce n’est pas possible.
La preuve ? Sur RTL, ce jeudi 14 novembre 2018, le Premier ministre, Édouard Philippe a annoncé une série de mesures visant à désamorcer la crise. Il propose notamment d’accélérer la transition du parc automobile français vers des véhicules moins polluants en doublant le montant de l’aide de l’État de 2.000 à 4.000 €.
La bonne blague. Il manque encore 20.000 € pour acheter une voiture neuve !
Une motion du Grand Est
Les élus locaux commencent à comprendre le danger et le rejet des citoyens. Les collectivités territoriales ont décidé d’agir. La Région Grand Est a voté ce jeudi 14 novembre, une motion ainsi rédigée :
« Les Elus de la Région Grand Est, réunis en séance plénière le 15 novembre 2018 :
• tiennent à ce que l’Etat soutienne la conversion des véhicules pour les rendre compatibles à l’utilisation du Super éthanol E85 ;
• Demandent que le PLF prévoit l’augmentation du seuil d’incorporation de bioéthanol de 7,7 à 8,3 % afin de permettre la valorisation des résidus des amidonneries et sucreries régionales et françaises en éthanol au-delà du plafond de 7% ;
• appellent au soutien de toutes dispositions favorisant l’utilisation du bioéthanol, qui permet de réduire le recours aux énergies fossiles et de garantir un meilleur pouvoir d’achat aux automobilistes. «
C’est bien, mais désormais insuffisant pour calmer le jeu. Beaucoup de Français ne croient plus aux promesses des politiques, d’où qu’elles viennent. Voilà pourquoi les Gilets jaunes se révoltent. Les menaces du ministre de l’Intérieur ne servent à rien. La France sera paralysée samedi. Et peut-être les jours suivants…