Après l’annulation par le tribunal administratif de Paris de l’ancien agrément accordé à l’association de lutte contre la corruption, Anticor attendait, hier, un renouvellement de son agrément par le gouvernement. Qui n’est pas venu ! Les anciens administrateurs n’en sont pas étonnés.
L’association spécialisée dans la lutte contre la corruption n’a pas obtenu le renouvellement de son agrément par le gouvernement. Cet agrément qui lui permet d’ester en justice dans les affaires de corruption ou de probité impliquant des élus. La décision a été annoncée ce mercredi 27 décembre par le ministère des Affaires étrangères qui a suppléé les services de la Première ministre Élisabeth Borne dans ce dossier.
« Une arme contre l’impunité »
L’agrément, « C’est une arme contre l’impunité d’une certaine classe politique » explique la présidente Elise Van Beneden à France Inter. Elle ajoute sur X « « Si aujourd’hui, nous n’avons pas d’agrément, ce n’est pas parce que nous ne respectons pas les critères pour être agréé. C’est parce que nous dérangeons un gouvernement qui depuis quelques années accumule les dossiers politico-financiers. »
L’avocat de l’association, Vincent Brengarth, voit dans ce refus d’agrément « un cadeau de Noël [fait] aux corrupteurs ».
L’association annonce son intention de contester cette décision devant la justice administrative.
Les dérives de l’association
Reste que l’affaire n’est pas si simple. Comme nous l’avons déjà écrit, d’anciens membres du conseil d’administration dénoncent avec force les dérives de l’association. Exemples. Alain Bressy, ancien magistrat : « On ne nous disait pas tout […] « La moitié du CA n’était pas d’accord avec la gestion d’Anticor. »
Jean-Pierre Steiner, ancien commissaire de police chargé des affaires financières à la DCPJ et ancien administrateur d’Anticor : « J’ai démissionné en raison d’une forme de politisation de cette association. Cela m’a gêné […]. Ensuite, j’ai appris qu’il y avait des dossiers pour lesquels les avocats étaient eux-mêmes des apporteurs d’affaires et qu’ils avaient fait l’objet d’un financement par des donateurs. C’est ce qu’on appelle des affaires fléchées. C’est-à-dire qu’on envoie une flèche contre quelqu’un et celui qui envoie la flèche, apporte le pognon pour avoir la procédure.
J’ai appris aussi qu’il y avait des dépôts d’espèces dans des sommes dépassant les montants autorisés, et dont on ne voulait pas me donner le nom des donateurs, ça faisait beaucoup. »
« Il est temps de dire la vérité »
Graziella Stefana, ex-trésorière d’Anticor : « Je recevais tous les mois une somme de 5.000 €, je voulais savoir si c’était une personne physique qui les donnait ou autre chose…. Nous voulions protéger l’association et la faire fonctionner conformément aux valeurs qu’elle prétend promouvoir et qu’elle demande aux autres. Nous avons été exclus pour cela. Il est temps de dire la vérité. »
Françoise Verchère : « Il faut être irréprochable ». Ancienne référente départementale de Loire-Atlantique et ex-membre du conseil d’administration, Françoise Verchère a été virée d’Anticor pour avoir dénoncé un manque de démocratie interne dans l’association. « De 2018 à 2020, j’ai hélas constaté l’absence de transparence, les petits secrets entre amis, le refus de donner aux administrateurs toutes les informations qu’ils demandaient, notamment le nom du fameux donateur dont il a fallu que nous apprenions par un journaliste que sa fortune était placée dans des paradis fiscaux… Lorsqu’on dénonce les tristes pratiques du monde politique (mensonges, dissimulation, copinage), il faut être irréprochable dans son propre fonctionnement interne. »
« Cette décision ne nous surprend pas malheureusement car nous sommes bien conscients que nos actions contre la corruption agacent profondément le gouvernement » Elise Van Beneden, présidente d'Anticor#JeSoutiensAnticor https://t.co/oZLMi0uWLM
— Anticor (@anticor_org) December 27, 2023
Anticor : Le retrait de l’agrément judiciaire confirmé en appel