France
Partager
S'abonner
Ajoutez IDJ à vos Favoris Google News

Présidentielle : la démocratie outragée

Et si Marine Le Pen, Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon et d’autres n’obtenaient pas les 500 parrainages indispensables pour être candidats à l’Élysée ? Que se passerait-il ?

Elections présidentielles 2022
Elections présidentielles 2022

Cette élection présidentielle de 2022 est une véritable injure à la démocratie. À moins de 60 jours du premier tour, le 10 avril 2022, le président de la République mène ouvertement campagne alors qu’il n’est toujours pas officiellement candidat à sa propre succession. « Il va falloir y songer à un moment » ironise Emmanuel Macron.
Ce qui fait hurler ses opposants. « On a un Président de la République qui se sert des deniers publics pour faire sa campagne. On est clairement sur du détournement de fonds publics » accuse carrément Christian Jacob, président des Républicains. En précisant qu’il a écrit à la commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP) pour dénoncer cette situation anormale.

La publicité des parrainages

Ce n’est pas la seule anomalie de ce scrutin. On sait que pour être candidat à l’élection présidentielle, il faut recueillir au moins 500 parrainages provenant d’au moins 30 départements, sans que plus de 10% d’entre eux ne puissent émaner d’un même département. Ces parrainages doivent arriver au Conseil constitutionnel avant le 4 mars 2022 à 18 heures. Macron, Pécresse et Hidalgo ont obtenu largement les 500 signatures qui les qualifient pour le premier tour. Mais pas les autres.
La règle des parrainages a pour but d’éviter les candidatures fantaisistes. La réforme de 1976 a porté le nombre de parrainages de 100 à 500. La publicité des parrainages, prévue par la loi organique du 25 avril 2016 relative à « la modernisation des règles applicables à l’élection présidentielle » a imposé au Conseil constitutionnel d’assurer la publicité intégrale des auteurs de présentations des candidats. Ce qui pose problème. Car les quelque 42.000 élus (maires, députés, sénateurs…) pouvant soutenir un candidat hésitent à voir leur nom (et celui de leur commune) être associé à tel ou tel candidat classé soit trop à droite, soit trop à gauche.

Sondages et parrainages

Évidemment, les candidats qui n’ont pas de socle électoral suffisamment large sont à la peine, indépendamment de leur score dans les sondages.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, Emmanuel Macron, le président pas encore candidat, est crédité de 26% des intentions de vote au premier tour selon un sondage Elabe pour l’Express et BFM-TV. Il a d’ores et déjà obtenu 926 parrainages. Il devance Marine Le Pen créditée de 15,5% des intentions de vote. Mais elle n’a engrangé que 139 parrainages. Valérie Pécresse est donnée à 15% (mais elle fait la course en tête des parrainages avec 939 signatures). Eric Zemmour est à 13% dans ce sondage (149 parrainages). Jean-Luc Mélenchon est à 10% des intentions de vote (224 parrainages).
Tous les autres candidats, Hidalgo, Jadot, Roussel, Arthaud, Dupont-Aignan, Poutou et Taubira sont sous la barre des 5% et aucun n’a obtenu suffisamment de parrainages pour se présenter.

L’abstention ou le chaos

Peut-on imaginer que Marine Le Pen, Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon ne puissent pas concourir pour le scrutin des 10 et 24 avril 2022 faute de parrainages ?
Deux cas de figure peuvent alors se présenter.

  • Soit un grand nombre d’électeurs refusera de participer à cette bouffonnerie démocratique et le ou la présidente élu(e) n’aura pas de majorité à l’assemblée (les élections législatives ont lieu dans la foulée). Ce sera vite le chaos.
  • Soit les Français n’accepteront pas le verdict des urnes et risquent de s’en prendre au nouveau (ou nouvelle) locataire de l’Élysée. Et ce sera le chaos.Dans les deux cas, la démocratie outragée conduira à une période de forte instabilité. Les candidats à la présidentielle ont moins d’un mois pour faire le plein de parrainages. Mais peuvent-ils réaliser en trois semaines ce qu’ils n’ont pas réussi à faire jusqu’ici ?

France