Face à une hausse des signalements de piqûres dans les jardins privés, représentant jusqu’à 47% des piqûres signalées lors du confinement strict du printemps 2020, un nouveau volet du programme participatif CiTIQUE cible de manière expérimentale les jardins privés des communes du Grand Nancy et alentours.
Plus de 56 000 signalements de piqûres de tiques sur l’ensemble du territoire (humains et animaux confondus), plus de 35 000 tiques transmises et archivées dans la seule « tiquothèque » française de tiques piqueuses, plus de 2 500 tiques analysées : c’est le bilan remarquable du programme de recherche participative CiTIQUE, coordonné par INRAE depuis près de quatre ans, dans le cadre du Labex ARBRE, en partenariat avec l’Université de Lorraine, de l’ANSES et du CPIE Nancy Champenoux.
Ce programme mobilise les citoyens et les chercheurs pour mieux comprendre l’écologie des tiques et des maladies associées, dont la maladie de Lyme. Face à une hausse des signalements de piqûres dans les jardins privés, représentant jusqu’à 47% des piqûres signalées lors du confinement strict du printemps 2020, un nouveau volet du programme participatif cible de manière expérimentale les jardins privés des communes du Grand Nancy et alentours. Ce nouveau pan du programme a vocation à s’étendre pour consolider la fonction d’observatoire permanent et de cartographie des risques liés aux tiques sur le territoire, qui nécessite de renforcer le soutien à ce programme dans un objectif de santé publique.
Une cartographie du risque de piqûres de tiques
La maladie de Lyme est une zoonose, une maladie infectieuse transmissible de l’animal à l’être humain, qui peut se déclarer suite à une piqûre de tique infectée par la bactérie Borrelia burgdorferi sensu lato. En 2019, le réseau Sentinelles a répertorié 50 133 cas en France métropolitaine, principalement dans le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté, l’Auvergne Rhône-Alpes et la Nouvelle Aquitaine.
Grâce aux tiques collectées depuis 2017, le programme CiTIQUE a montré que 15% des tiques qui piquent les êtres humains étaient porteuses de cette bactérie, et 14% étaient porteuses d’un autre agent pathogène potentiellement dangereux pour la santé humaine et animale. Pour limiter l’apparition de ces maladies, qui touchent l’être humain et plusieurs espèces d’animaux domestiques et sauvages, CiTIQUE a depuis son lancement l’objectif de prévenir les risques liés aux tiques, en établissant une cartographie du risque de piqûres de tiques sur le territoire, en repérant les périodes et les origines des piqûres, tout en s’appuyant sur la sensibilisation et la formation des publics.
Dans le cadre du premier plan national de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmissibles par les tiques, lancé en 2016, CiTIQUE, coordonné par INRAE, s’est appuyé dès juillet 2017 sur la création de l’application gratuite « Signalement TIQUE » en partenariat avec le ministère des Solidarités et de la Santé, mise à disposition de tous les citoyens. L’application, dont une nouvelle version a été rendue publique en mai 2020 pour faciliter les remontées d’informations et personnaliser le suivi des piqûres, a été téléchargée plus de 70 000 fois en moins de quatre ans.
Risque de proximité : une forte hausse des piqûres de tiques dans les jardins au printemps 2020
Alors qu’entre 2017 et 2019, 28% des personnes avaient déclaré s’être fait piquer dans un jardin privé en France, le taux de déclaration des piqûres dans ce lieu s’est élevé à 47% entre mars et avril 2020 sur l’ensemble du territoire métropolitain. Cette période liée au premier confinement strict du printemps 2020 (sorties interdites à plus d’un km du domicile) vient ainsi confirmer l’importance du risque de piqûres dans les jardins, ce milieu familier étant souvent moins perçu comme à risque par les particuliers que les sorties en forêt. Alors que les principaux lieux de présence de tiques identifiés par le grand public sont les forêts, les zones boisées et humides, et les herbes hautes des prairies, le risque de piqûre dans les jardins publics et privés nécessite désormais des recherches spécifiques pour améliorer la compréhension de ce phénomène et rendre visible ce risque auprès des pouvoirs publics, des citoyens et des professionnels de santé.
Connaître les facteurs de présence des tiques dans les jardins : le projet original TIQUoJARDIN
TiQUoJARDIN est un dispositif original, porté par INRAE et l’Anses, qui doit permettre de mieux connaître le risque lié à la présence de tiques dans les jardins, comprendre les caractéristiques de ces jardins et identifier si ces tiques sont porteuses d’agents pathogènes. À partir d’un kit de prélèvement transmis aux foyers volontaires de la ville de Nancy et des communes voisines, ce sont plus de 200 jardins qui vont être investigués et vont permettre à des citoyens volontaires de participer à des recherches novatrices, selon un protocole bien défini. L’ensemble des résultats sera mis à disposition de la communauté scientifique nationale et internationale ainsi que des citoyens, comme pour tous les résultats issus du programme CiTIQUE.
« Le projet TIQUoJARDIN est lancé localement dans un premier temps pour nous permettre de tester le protocole et d’optimiser notre organisation avant d’envisager un changement d’échelle. Cette première étape va nous permettre d’acquérir de nouvelles connaissances utiles pour prévenir ce risque de proximité. L’extension du dispositif à d’autres territoires nécessitera auparavant de consolider les soutiens au programme CiTIQUE dans son ensemble, comme observatoire des risques liés aux tiques » explique Pascale Frey-Klett, coordinatrice du programme CiTIQUE.
Participer à CiTIQUE c’est bien, ne pas se faire piquer c’est mieux !
Alors, en forêt comme dans les jardins, quelques rappels de prévention pour toute sortie :
- Avoir un tire-tique et un désinfectant toujours à portée de main
- Porter des vêtements longs, clairs et couvrants, et utiliser si possible un répulsif (il existe des répulsifs pour les vêtements et pour la peau, se renseigner en pharmacie sur les contre-indications enfants et femmes enceintes).
- Porter un chapeau couvrant la tête et le cou, notamment pour protéger les enfants, qui ont la tête à hauteur des herbes hautes et des buissons.
- Porter des chaussures hautes, le bas de pantalon dans les chaussettes, la blouse dans le pantalon.
- Au retour, changer les vêtements et les passer au lave-linge à 60° ou au sèche-linge pendant au moins 1 heure car la tique n’aime pas la chaleur sèche.
- Observer méticuleusement toutes les zones du corps, notamment les plis et les parties intimes, passer la main sur la peau pour sentir des éventuelles tiques accrochées. Se faire aider pour les parties difficiles à atteindre (dos, nuque, cuir chevelu, etc.) Répéter l’action le lendemain.
- En cas de piqûre, retirer la tique avec le tire-tique. Toute autre méthode est à proscrire (huile, alcool, éther…).
- Surveiller la zone de piqûre et son état de santé général pendant au moins J+30.
L’un des objectifs de CiTIQUE est de collecter des données sur la répartition géographique des piqûres de tiques et des agents pathogènes qu’elles transportent en France, en fonction des milieux, de la météorologie et des saisons. CiTIQUE associe chercheurs et citoyens de tous âges, à toutes les étapes du programme, pour collecter ces données. Il s’appuie sur un large réseau de partenaires impliquant des scientifiques, des professionnels de différents secteurs, des acteurs publics et de l’éducation, et des associations. Un réseau de bénévoles s’est également organisé autour du Centre Permanent d’Initiatives pour l’environnement Nancy-Champenoux, partenaire facilitateur de CiTIQUE, pour appuyer et faire rayonner le programme. Grâce à la forte mobilisation des citoyens, une première cartographie des piqûres de tiques et des agents pathogènes qu’elles transportent a pu être établie à l’échelle nationale et régionale, qui a vocation à s’enrichir des données nouvelles collectées quotidiennement par les citoyens. https://www.citique.fr
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