L’épidémie est hors de contrôle en Inde où trois variants ont fusionné pour former un triple mutant plus contagieux que le virus souche et résistant aux vaccins actuels. Plusieurs pays dont la France prennent des précautions drastiques à l’égard de l’Inde. Mais le variant indien est déjà en Europe.
L’épidémie fait des ravages en Inde. Dans ce pays peuplé de 1,4 milliard d’habitants, la Covid-19 a fait 189.544 morts selon les chiffres de l’OMS, pour 16,6 millions de cas confirmés. Ce qui inquiète les scientifiques, c’est la progression exponentielle des contaminations : plus de 332 000 nouveaux cas enregistrés vendredi et plus de 346 000 samedi. Les hôpitaux sont débordés. Le nombre de morts explose. Plus de 700 médecins, infirmières et personnel soignant des hôpitaux de Patna ont été infectés par la nouvelle vague de Covid-19 et les hôpitaux ne sont plus en mesure de recevoir de nouveaux malades. Plusieurs établissements hospitaliers ont manqué de bouteilles d’oxygène mettant en péril la vie des patients.
La souche du Bengale
Outre Patna, les districts de Gaya, Saran, Begusarai, Aurangabad, Bhagalpur, West Champaran, Muzaffarpur, Purnia et Vaishali sont les plus touchés par la recrudescence de la maladie. Comment expliquer cette flambée de l’épidémie dans un pays où le virus semblait en voie de régression? C’est à cause de ses mutations successives. Plus de 4 000 souches du SARS-CoV-2 ont déjà été identifiées à travers le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais certaines sont plus virulentes et plus inquiétantes que d’autres. Les scientifiques ont trouvé des variétés triple-mutantes dans des échantillons de patients. En effet, trois variants ont fusionné pour former un nouveau variant, baptisé « la souche du Bengale ». Ou, plus scientifiquement B.1.617.
Selon le Times of India qui cite Vinod Scaria, chercheur à l’Institut CSIR de géonomique et de biologie intégrative en Inde, « ce triple mutant est un variant d’échappement immunitaire ». En outre, il est porteur de la mutation E484K que l’on retrouve à la fois dans les variants sud-africain et brésilien. Bref, on n’est pas l’abri de ce mutant même si on a été vacciné et même si on a déjà attrapé la Covid.
Détecté en Belgique
Le variant indien circule d’ores et déjà en Europe. Il a été repéré au Royaume-Uni, en Irlande, en Allemagne et, plus récemment en Belgique sur vingt étudiants indiens qui ont transité par l’aéroport de Roissy. Selon plusieurs experts, ils auraient pu être victimes d’un « super contaminateur » lors de leur trajet en bus entre Roissy et la Belgique.
En tout cas, ce variant Indien a de quoi inquiéter. De nombreux pays ont décidé de se protéger. La France a pris des mesures strictes pour limiter les entrées sur son territoire et impose 10 jours d’isolement à toute personne en provenance de certains pays à risques dont l’Inde. L’Allemagne a classé l’Inde « pays à haut risque » dès ce dimanche 25 avril 2021.La Suisse s’apprête à classer l’Inde sur sa « liste rouge ». D’autres songent à fermer leurs ports et aéroports à l’Inde.
Pourtant, le triple-mutant indien « est probablement déjà en France », explique Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris. Plus que jamais il convient d’appliquer les gestes barrières au Covid. Et se laver les mains, c’est la meilleure protection contre les virus.
Un super-spreading event a eu lieu durant le voyage vers la Belgique d’un groupe d’étudiants infirmiers en provenance d’Inde. Ces étudiants respectent un isolement strict depuis leur arrivée. 20 des 43 étudiants sont à ce jour infectés par le variant « Indien ».
— Emmanuel André (@Emmanuel_microb) April 22, 2021