Point-de-vue. Le message du Premier ministre, jeudi, annonçant le confinement de 21 millions de Français dans 16 départements est particulièrement confus. On est confiné, mais on peut sortir ! Etrange autant que bizarre.
Par Bernard Aubin
Nombreux furent les Français, hier, devant leur petit écran, à souhaiter découvrir à quelle sauce ils allaient être mangés. Plus précisément s’ils allaient être confinés ou non. Les atermoiements du gouvernement, les Français s’y étaient habitués depuis le début de la pandémie. Dernier en date, la suspension pour quelques heures de la vaccination AstraZenaca. Mais hier, nos compatriotes ont découvert un nouvel exercice : de l’enfumage pour certains, de l’embrouillage pour d’autres, ou tout simplement une communication des plus confuses.
La question qui se posait était pourtant simple : « j’habite dans tel département, vais-je être confiné oui ou non ?». Eh bien à ce jour, la réponse n’est toujours pas connue. Pendant de longues minutes, le Premier ministre a dressé un nouveau point sur la situation assorti d’un interminable auto-satisfecit. Le suspens était à son comble lorsqu’ il a enfin abordé les « nouvelles mesures de freinage ». En l’occurrence le « confinement qui impactera 16 départements durant un mois ».
C’est flou
Curieusement, Jean Castex a commencé par dresser la liste des entorses que le gouvernement accorderait aux nouvelles restrictions : écoles ouvertes, maintien des commerces de première nécessité, possibilité de sortir de chez soi sans limitation de temps dans un rayon de 10 kilomètres. Il a également plaidé pour le renforcement du télétravail.
Mais dans son intervention, il n’a pas répondu à la question basique : « j’habite dans tel département, serais-je impacté par le confinement et comment ? ». Il eut été indispensable de citer chaque département concerné. Quant au « confinement », il n’était pas superflu d’expliciter le sens que le gouvernement allait donner à cette mesure.
Or, ce point n’a jamais été clairement abordé. L’ouvrier devra-t-il rester chez lui, les métiers « non-essentiels » pourront-ils être exercés dans les zones concernées ? Eh bien, rien ne le précise dans l’intervention de Jean Castex. Pas plus que dans le résumé des mesures publiées sur le site officiel de gouvernement.
Les habitants concernés devront-ils rester « confinés » chez eux ? Rien ne l’indique mais rien ne stipule le contraire. Ce flou explique l’exode de nombreux habitants craignant de revivre l’enfermement imposé en 2020.
Clair et simple en 2020
Pourtant, c’est bien la notion de « confinement » qui a été évoquée hier. Les Français gardent à l’esprit celui du début de l’année dernière. Une règle qui, si elle prêtait à discussion, avait le mérite d’être simple et claire : tout le monde chez soi, hormis quelques situations dérogatoires. La définition du dictionnaire confirme cette approche : confiner, c’est « enfermer, maintenir dans un espace restreint ».
S’applique-t-elle aux mesures arrêtées dans les 16 départements ? Sinon, pourquoi emprunter un terme inapproprié ? Sans être victimes de carences intellectuelles particulières, de nombreux Français se posent encore la question : « je suis confiné, mais je peux sortir ? Je peux travailler ? On n’y comprend plus rien ! ».
Dans son allocution, le ministre évoquerait donc un « confinement » qui n’en serait pas un, des dérogations à des restrictions qui ne sont pas clairement exprimées,… mais le recul du couvre-feu à 19h00.
C’est sans doute le seul point positif, qui ne donne pas lieu à interprétation. Pour le reste, l’embrouille atteint les sommets et ça marche : lors de la conférence de presse qui a suivi les annonces du gouvernement, aucun journaliste n’a sollicité d’éclaircissement sur les points précédemment évoqués. Et pourtant, au vu du départ précipité de nombreux habitants, les choses sont loin d’être claires.