Après l’Agence de l’Eau, la Confédération Paysanne et bien d’autres, l’Association Flore 54 s’inquiète de la multiplication des « méthaniseurs » dans nos campagnes. Son président, Raynald Rigolot, veut porter le débat sur la place publique.
La méthanisation est un processus biologique de dégradation des matières organiques, appelée aussi bio-méthanisation ou digestion anaérobie, utilisé en agriculture. Les avantages sont nombreux. La méthanisation permet de valoriser les matières organiques et de produire du méthane, donc un combustible pour produire de l’électricité et de la chaleur. Une aubaine pour beaucoup d’agriculteurs qui y voient un revenu complémentaire encouragé par les pouvoirs publics.
La qualité de l’eau
L’ennui, c’est que l’on constate un développement des surfaces agricoles aux méthaniseurs, parfois au détriment des surfaces de prairies. En outre, observe l’Agence de Bassin Rhin-Meuse » On observe une intensification de la gestion des Cultures Intermédiaires Pièges à Nitrates (Cipan), qui ont normalement pour vocation de pomper en automne une partie des excédents d’azote, et qui sont maintenant gérées de manière à augmenter leur productivité. » Ces déséquilibres sont préjudiciables à la qualité de l’eau, par exemple.
Dans un article très documenté, la Confédération Paysanne se demande « si la méthanisation est compatible avec l’agriculture paysanne? » Le syndicat agricole écrit : « La méthanisation est plébiscitée pour faire partie de ce mix énergétique des énergies renouvelables… Développer la méthanisation en France peut être intéressant, mais laisse aussi entrevoir la mise en place d’un concept possiblement dévoyé par un système économique qui cherche le profit
à court terme. »
« Catastrophe en vue »
C’est précisément l’inquiétude des associations écologiques comme Flore 54 (membre de Lorraine Nature Environnement). « Malheureusement avec déjà 50 méthaniseurs et probablement plus de 100 à terme, rien que pour le Département 54, la catastrophe est en vue » regrette Raynald Rigolot qui souhaite lancer un vaste débat sur cette question. « Concernant le développement de la méthanisation dans le Grand Est (et partout en France et en Europe !) : nous demandons un moratoire pour évaluer les conséquences sur l’environnement des dizaines de méthaniseurs déjà en fonctionnement : pollution des rivières, retournement de prairies , absence de contrôles sur les origines des approvisionnements … La note de l’Agence de bassin fait le même constat ! »
Éclairer les citoyens
Pour Flore 54, il est nécessaire de mieux connaître cette nouvelle forme de création d’énergie, d’avoir une meilleure concertation sur le fond des dossiers, de procéder à une opération de vérité sur l’affectation nouvelle de grandes surfaces agricoles (dont retournement de prairies, Maïsiculture…).
« Il y a nécessité d’éclairer les citoyens sur l’évolution du «modèle agricole », par modification de l’élevage avec du bétail qui ne verra plus l’herbe, avec la disparition à terme des petites exploitation face à une industrialisation des terres…. NON à une méthanisation qui accapare les terres et les ressources » insiste Raynard Rigolot. Il y a nécessité d’une plus grande transparence sur les dangers et risques éventuels, effets des digestats et de pollutions des eaux de surfaces et des sols ».
FLORE 54 a la volonté de porter le débat au niveau des citoyens !