Plusieurs études ont démontré le rôle de la vitamine D dans la réduction du risque d’infections virales aiguës des voies respiratoires et de pneumopathie. Ce traitement est tout simplement la vitamine D. Elle interviendrait via des effets anti-inflammatoires ou immunomodulateurs.

Par Jean-Michel Wendling*
Énorme étude collaborative en 2017 de chercheurs issus de 13 pays : réduction des infections respiratoires grâce à la vitamine D.
Des chercheurs issus de 13 pays (1) ont collaboré pour démontrer l’effet de la vitamine D sur les infections respiratoires. Les pays participants étaient : Angleterre, Canada, Suède, Japon, USA, Israël, Italie, Nouvelle Zélande, Finlande, Belgique, Australie, Inde et Pologne. Cette étude intègre 25 essais contrôlés randomisés sur 10 933 patients. La supplémentation en vitamine D a réduit le risque d’infection aiguë des voies respiratoires chez tous les participants. La supplémentation par prise quotidienne ou hebdomadaire de vitamine D avait des effets protecteurs plus importants. La supplémentation en vitamine D était considérée sûre et protégeait contre l’infection aiguë des voies respiratoires. Les patients qui avaient une carence importante en vitamine D et ceux qui recevaient quotidiennement ou hebdomadairement de la vitamine D en ont le plus bénéficié.
Comparaison entre taux de vitamine D, cas et mortalité COVID 19 entre pays européens : un lien significatif

Les niveaux moyens de vitamine D pour 20 pays européens, le nombre de cas et la mortalité causés par le COVID-19 ont été collectés. Les taux de vitamine D étaient très bas dans la population vieillissante, en particulier en Espagne, en Italie et en Suisse, qui est également le groupe de population le plus vulnérable par rapport au COVID-19. Il semble exister un lien entre les taux de vitamine D et les décès dans 20 pays européens (avril et mai 2020). Il a été observé une corrélation pour les deux études (2) (3) entre les niveaux de vitamine D moyenne et le nombre de cas de COVID-19/1 M de population dans chaque pays [r (20) = – 0,4435], mais également pour le nombre de décès (pour une étude) dus au COVID-19/1 M [r (20) = – 0,4378; valeur p = 0,05. Les pays dont les taux moyens étaient les plus bas avaient un niveau de mortalité plus élevé.
Association carence/gravité
La carence en vitamine D augmenterait la gravité de la maladie COVID-19
L’équipe de Pereira M et col. (University of Bahia, Brazil). a identifié que les cas graves de COVID-19 présentaient plus de carence en vitamine D que les cas bénins (OR = 1,64). Une insuffisance de concentration en vitamine D a augmenté l’hospitalisation (OR = 1,81) et la mortalité par COVID-19 (OR = 1,82). Les chercheurs ont observé une association entre la carence en vitamine D et la gravité de la maladie. (4).
Le traitement curatif en essai contrôlé : des résultats impressionnants à confirmer !
Dans une étude en essai contrôlé sur 76 patients menée par le service de pneumologie de l’hôpital universitaire Reina Sofía de Córdoba (Spain), les patients ont été sélectionnés par tirage au sort électronique le jour de l’admission pour prendre (n=50) ou non (n=26) du calcifediol oral (0,532 mg de calcifediol par voie orale (0,266 mg) aux jours 3 et 7, puis toutes les semaines jusqu’à la sortie ou à l’admission en unité de soins intensifs).
Dans le groupe traités par calcifediol, seul 1/50 a dû être admis à l’USI (2%), tandis que sur 26 patients non traités, 13 ont dû être admis (50%) ( p <0,001). Le risque est réduit de 97% selon les auteurs. (OR = 0,03). Aucun des patients traités par calcifediol n’est décédé et tous sont sortis sans complications. Sur le groupe des 13 patients non traités par calcifediol, qui n’ont pas été admis à l’USI, deux sont décédés. Ces résultats nécessitent d’être étendus sur des séries de patients plus importantes mais sont très prometteurs. (5)
Exposition au soleil
Les pays africains mieux protégés ? Un effet préventif de l’exposition solaire
La carence en vitamine D est un problème majeur de santé publique dans le monde dans tous les groupes d’âge mais elle est plus important au-dessus de 70 ans, en raison d’une diminution de l’exposition au soleil et de la synthèse cutanée. Elle concerne particulièrement les personnes en institutions, 75% d’entre elles étant gravement déficientes en vitamine D (sérum 25 (OH) D <25 nmol / L). De nombreux experts considèrent que la concentration minimale de 25OHD permettant d’optimiser la santé musculo-squelettique est de 75 nmol/L. (6)
Les concentrations retrouvées dans des populations qui s’exposent généreusement au soleil apportant des UVB toute l’année sont bien plus importantes et sans doute protectrices. Les populations vivant traditionnellement en Afrique de l’Est ont une concentration moyenne de sérum 25-hydroxyvitamine D de 115 nmol/l (7).
L’exposition modérée au soleil, à raison de 15 à 30 minutes d’exposition directe du visage et des bras par jour entre avril et octobre, représente notre plus grande source de vitamine D1,2. Elle permettrait de couvrir 50 à 70 % de nos besoins. (8) Le confinement n’est, sur ce point, pas de nature à favoriser cet apport.
Quel apport via l’alimentation ?

Un nombre limité d’aliments contient des quantités significatives de vitamine D. De plus, ces teneurs sont étroitement liées à la présence de matières grasses dans les aliments, la vitamine D étant liposoluble. En France, les principaux aliments contributeurs aux apports en vitamine D dans la population sont les poissons gras (l’huile de foie de morue et les poissons gras tels que le hareng, le pilchard, le maquereau, la sardine, le tilapia, l’anchois, la truite, la perche, le saumon) et les produits laitiers (yaourts, fromage blanc, fromage, lait) qui contribuent respectivement à 19 % et 25 % des apports chez les adultes et à 12 et 40 % des apports en vitamine D chez les enfants de 11 à 17 ans.(Référence ANSES). De ce fait, la supplémentation en vitamine D semble nécessaire en cas de déficit d’exposition au soleil.
La vitamine D montre des effets protecteurs contre les infections des voies respiratoires voire un effet bénéfique dans la réduction du risque de forme grave COVID 19 en thérapeutique. Par conséquent, les personnes qui présentent une carence en vitamine D pendant cette pandémie mondiale devraient envisager de prendre des suppléments de vitamine D pour maintenir la 25 (OH) D en circulation à des niveaux optimaux.
Un traitement préventif et curatif prometteur peu coûteux !
*Le Dr Jean-Michel Wendling, spécialiste prévention santé au travail à Strasbourg est consultant pour infodujour.fr.
1) Martineau Adrian R et al. Vitamin D supplementation to prevent acute respiratory tract infections: systematic review and meta-analysis of individual participant data BMJ 2017; 356 :i6583 https://www.bmj.com/content/356/bmj.i6583
2) Nurshad Ali, Role of vitamin D in preventing of COVID-19 infection, progression and severity, Journal of Infection and Public Health, Volume 13, Issue 10, 2020, Pages 1373-1380,ISSN 1876-0341, https://doi.org/10.1016/j.jiph.2020.06.021
3) Ilie PC, Stefanescu S, Smith L. The role of vitamin D in the prevention of coronavirus disease 2019 infection and mortality. Aging Clin Exp Res. 2020;32(7):1195-1198. doi:10.1007/s40520-020-01570-8
4) Pereira M et al. Vitamin D deficiency aggravates COVID-19: systematic review and meta-analysis. Crit Rev Food Sci Nutr. 2020 Nov 4:1-9. doi: 10.1080/10408398.2020.1841090. Epub ahead of print. PMID: 33146028.
5) Entrenas Castillo M et al. Effect of calcifediol treatment and best available therapy versus best available therapy on intensive care unit admission and mortality among patients hospitalized for COVID-19: A pilot randomized clinical study ». J Steroid Biochem Mol Biol. 2020 Oct;203:105751. doi: 10.1016/j.jsbmb.2020.105751. Epub 2020 Aug 29. PMID: 32871238; PMCID: PMC7456194. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32871238/
6) Jean-Claude Souberbielle et col. La supplémentation en vitamine D en France chez les patients ostéoporotiques ou à risque d’ostéoporose : données récentes et nouvelles pratiques – 12/10/19 Doi : 10.1016/j.rhum.2019.02.014
7) Luxwolda M, Kuiperst R, Kema I, et al. Traditionnally living populations in EastAfrica have a mean serum 25-hydroxyvitamin D concentration of 115 nmol/L.Br J Nutr 2012;108:1557–61.https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22264449/
8) https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2018/10/DP_MYLAN_Vitamine-D.pdf
Figure : aliments issue de la base de données Ciqual, ANSES. Disponible à : https://ciqual.anses.fr