Quatre mois après le début du mouvement et à la veille de l’acte 18, ce samedi 16 mars 2019 à Paris, Isabelle, Gilet jaune de la première heure, fait le point sur cette révolte populaire qui est loin d’être terminée. Entretien.
-Pourquoi êtes-vous Gilet jaune ?
-Parce que je suis principalement humaniste. J’ai toujours eu besoin de penser aux autres. Ce n’est pas pour moi que je suis Gilet jaune. J’ai un bon salaire, j’ai de quoi vivre. Par contre, je souffre du système capitaliste à plein de point de vue. J’en ai marre des pressions de consommation, j’en ai marre de consommer des produits de merde, j’en ai marre de l’individualisme à outrance, marre qu’il n’y ait plus de services publics, marre de cette pression fiscale sur les gens qui ont un SMIC et qui payent des impôts partout et tout le temps avec la TVA. J’en ai marre qu’il n’y ait aucun effort d’un point de vue écologique… On n’avance pas.
–Quatre mois après le début du mouvement des Gilets jaunes, le 17 novembre 2018, où en est-on aujourd’hui ?
-On s’organise. Toutes les petites structures nées de façon spontanée, comme à Commercy, sont en train de se regrouper, avec d’autres. Tous les Gilets jaunes s’organisent par territoires. Il y a des réunions Grand Est, par exemple. Il y a aussi de grandes organisations qui se raccrochent au Gilets jaunes. Elles ont écrit leurs revendications.
-L’acte 18, c’est samedi
– Vendredi 15, c’est la manif des jeunes pour le climat et le samedi 16 mars c’est à la fois la manif pour le climat à Paris et la manif des Gilets jaunes. Il y a eu un appel pour que tout soit centralisé à Paris. Toutes les places de la capitale vont être investies. Il faut montrer à toute la France et aux médias que le mouvement ne s’essouffle pas comme essaient de la faire croire les médias.
-Cet appel à manifester est appelé « ultimatum ». Pourquoi ?
-Parce que l’on arrive à la fin du Grand débat initié par Emmanuel Macron en début d’année. Maintenant, c’est la remontée des revendications. Et donc on demande aux pouvoir publics, au gouvernement et à Macron : qu’est-ce que vous faites ?
-Et qu’exigent les Gilets jaunes ?
-Nous voulons un changement complet de politique et surtout une représentation démocratique plus directe. A la suisse, en quelque sorte.
-Quelle sera la suite : une convergence entre Gilets jaunes et Gilets verts ?
-La convergence existe déjà. Il y a quelques écolos qui ne seront pas d’accord car il y a toujours eu des écolos qui ne sont pour la classe populaire. Mais la majorité est favorable à cette convergence. Comme il faut expliquer aux Gilets jaunes comment on peut se retrouver avec les écolos. La réunion de Metz entre Gilets jaunes et écologistes a été très positive. A Paris, la convergence existe depuis longtemps.
-Au-delà 16 mars, quels sont les grands rendez-vous ?
-Les 5 et 6 avril, assemblée générale des Gilets jaunes à Saint-Nazaire. Et le dimanche 26 mai 2019, jour des élections européennes, appel à un rassemblement massif à Bruxelles. Car il y a des Gilets jaunes aussi en Belgique et ailleurs.
-Le mouvement n’est donc pas à bout de souffle…
– Au contraire. Le mouvement prend de l’ampleur grâce au rassemblement avec de nombreuses associations qui ont listé 66 revendications communes. Maintenant, il faut faire de l’éducation populaire pour que tout le monde s’approprie ces propositions. Le mouvement est loin de s’arrêter.