Tatjana Crnogorac-Jurcevic, Queen Mary University of London
La plupart des cancers sont détectés grâce à une biopsie cellulaire, où un échantillon du tissu potentiellement cancéreux est examiné au microscope. Des chercheurs américains ont fait un pas en avant vers le développement d’un outil de dépistage du cancer ne nécessitant qu’un simple échantillon de sang.
Le test, baptisé CancerSEEK, a été développé par l’Université Johns Hopkins de Baltimore. Il cible 16 mutations d’ADN communément associées au cancer ainsi que huit protéines (des biomarqueurs).
CancerSEEK a été testé sur 1 000 patients atteints de cancers des ovaires, du foie, de l’estomac, du pancréas, de l’œsophage, du côlon, du poumon ou du sein. Les cancers ne s’étaient pas propagés à d’autres parties du corps (absence de métastase).
Les scientifiques ont rapporté que le test était précis à 70 % pour repérer les personnes atteintes de cancer. Fait important, le test a relevé peu de fausses alarmes ou « faux positifs ». En d’autres termes, il a seulement « trouvé » un cancer chez sept des 812 sujets témoins en bonne santé (personnes sans cancer).
Encore des obstacles à franchir
Cette preuve de concept est importante car elle prouve la faisabilité du développement d’un test sanguin peu invasif et potentiellement peu coûteux.
C’est encourageant car elle confirme l’utilité de rechercher simultanément une combinaison de différentes molécules – telles que l’ADN, l’ARN, les protéines ou les métabolites – complémentaires qui augmentent la probabilité de détecter le cancer.
C’est une nouvelle approche que nous développons au Barts Cancer Institute pour la détection précoce du cancer du pancréas dans l’urine.
L’inconvénient de cette étude est qu’elle est rétrospective. Des échantillons de sang ont été prélevés chez des patients déjà diagnostiqués avec un cancer. Bien que le test détecte les tumeurs qui peuvent encore être enlevées par chirurgie, ce n’étaient pas des tumeurs au stade précoce.
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Le test semble également être le moins sensible pour deux des cancers les plus communs (poumon et sein), bien que cela soit probablement dû à la sélection des biomarqueurs et puisse être encore amélioré.
Une autre limite est que le test ne dit pas où le cancer est localisé, mais cela pourrait probablement être également amélioré dans les futures versions du test en incluant d’autres variables dans le modèle, telles que des symptômes ou des biomarqueurs supplémentaires.
Comme preuve de principe, il s’agit d’une étude importante et passionnante, mais avant que le nouvel outil de diagnostic ne soit disponible dans les hôpitaux et les cliniques, il faudra satisfaire à de nombreuses exigences. Une évaluation rigoureuse est à mener sur de nombreuses personnes prouvant son efficacité et son utilité en tant qu’outil de dépistage du cancer.
Tatjana Crnogorac-Jurcevic, Reader Centre for Molecular Oncology, Queen Mary University of London
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.