Cinq ans après le début de la crise sanitaire, de nombreuses questions demeurent sur l’origine du virus qui a causé plus de 7 millions de morts à travers le monde. Longtemps écartée, la théorie d’une fuite de laboratoire gagne du terrain selon un article du Sun.

Alors que la planète tente encore de panser ses plaies après la pandémie de COVID-19, une controverse persiste sur l’origine exacte du virus. Ce qui était autrefois écarté comme théorie du complot fait désormais l’objet d’enquêtes sérieuses : le virus pourrait-il provenir du laboratoire de virologie de Wuhan plutôt que d’une transmission naturelle ?
Des signaux d’alerte précoces
Fin décembre 2019, Robert Redfield, alors directeur des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), est informé d’une mystérieuse épidémie en Chine. Très vite, il soupçonne qu’il s’agit d’un problème majeur. L’antenne du CDC à Pékin rapporte 27 nouveaux cas d’une maladie respiratoire non identifiée, qui n’est ni la grippe ni le SARS.
Redfield propose d’envoyer une équipe d’experts américains en Chine pour enquêter, mais cette offre reste sans réponse, malgré l’intervention personnelle du président Trump.
L’Institut de virologie de Wuhan au centre des soupçons
L’Institut de virologie de Wuhan (WIV) était l’un des plus grands laboratoires au monde travaillant sur les coronavirus avant la pandémie. Sous la direction de Dr. Shi Zhengli, l’équipe parcourait les provinces chinoises à la recherche de virus similaires au SARS dans la faune sauvage, notamment chez les chauves-souris.
Le laboratoire collaborait étroitement avec des chercheurs occidentaux, dont Ralph Baric de l’Université de Caroline du Nord, spécialiste mondial des coronavirus. Cette collaboration permettait notamment de pratiquer des techniques de « génétique inverse » pour reconstruire des virus à partir de leur séquence génétique.
Des recherches controversées
Le WIV menait des expériences dites de « gain de fonction« , consistant à modifier des virus pour les rendre plus infectieux ou plus dangereux. L’objectif affiché était de mieux comprendre ces pathogènes pour développer des traitements et des vaccins.
Ces recherches étaient partiellement financées par l’Alliance EcoHealth, une organisation à but non lucratif américaine dirigée par Peter Daszak, qui collaborait étroitement avec le laboratoire de Wuhan depuis plus d’une décennie.
Des indices troublants
Plusieurs éléments ont alimenté les soupçons d’une fuite de laboratoire :
- Le niveau de sécurité du laboratoire : certaines expériences sur des coronavirus auraient été menées dans des conditions de sécurité insuffisantes (BSL-2 au lieu de BSL-3 ou BSL-4).
- L’absence de trace d’un hôte intermédiaire entre la chauve-souris et l’homme.
- La présence dans le virus d’un « site de clivage à la furine », caractéristique absente des autres coronavirus similaires trouvés dans la nature, mais qui le rend particulièrement efficace pour infecter les cellules humaines.
- Des informations selon lesquelles plusieurs employés du laboratoire seraient tombés malades en automne 2019.
- La suppression de bases de données de séquences virales par le laboratoire en septembre 2019.
Une controverse scientifique et politique
La communauté scientifique s’est rapidement ralliée à l’hypothèse d’une origine naturelle, notamment à travers un article influent intitulé « The proximal origin of SARS-CoV-2 » publié en mars 2020. Cependant, des documents ultérieurement révélés suggèrent que certains des auteurs considéraient pourtant la fuite de laboratoire comme une possibilité plausible.
David Asher, enquêteur ayant travaillé pour le département d’État américain, affirme avoir rencontré une résistance inhabituelle de la part des responsables gouvernementaux lorsqu’il tentait d’explorer cette piste.
Des implications pour la recherche future
Cette controverse soulève des questions fondamentales sur la recherche de gain de fonction. Robert Redfield, ancien directeur du CDC, suggère que le virus pourrait avoir été développé comme vecteur vaccinal et se serait échappé accidentellement.
De nombreux experts appellent désormais à un moratoire sur ce type de recherche et à un débat social plus large sur ses risques et ses bénéfices.
Face à la menace de futures pandémies potentiellement plus mortelles, certains scientifiques proposent de privilégier des approches alternatives comme l’intelligence artificielle pour prédire le comportement des virus, plutôt que de manipuler des agents pathogènes vivants.