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Hépatites infantiles : deux études fantaisistes

Deux études scientifiques publiées le 25 juillet 2022 mettraient hors de cause le SARS-CoV-2 dans la survenue des mystérieux cas d’hépatites chez les enfants. Elles sont réfutées par Jean-Marc Sabatier*.

Position du foie (UnlimPhotos)
Position du foie (UnlimPhotos)

Les gazettes ont largement relayé ces deux études publiées lundi 25 juillet 2022 selon lesquelles le SARS-CoV-2, le virus responsable de la Covid-19, ne serait pas en cause dans l’apparition des graves inflammations du foie chez de jeunes enfants.
On sait qu’un bon millier de cas ont été recensés dans 35 pays, depuis le printemps 2022, parmi lesquels on déplore 22 décès et de nombreuses greffes du foie.

L’hypothèse de deux virus associés

Les deux études récentes, publiées (mais non validées par la communauté scientifique) l’une en Écosse et l’autre en Angleterre, émettent l’hypothèse selon laquelle l’origine de ces hépatites serait due à un virus commun appelé AAV2 (virus adéno-associé 2), détecté à des niveaux élevés chez les enfants malades, un virus à ADN non pathogène. Or, ce virus ne peut pas agir seul. Il a besoin de la complicité d’un autre virus, un adénovirus, parfois le HHV6 (virus de l’herpès) pour agir. Selon ces deux études, les deux virus associés seraient ainsi à l’origine de l’inflammation du foie chez les jeunes enfants.

Plusieurs enzymes hépatiques

Pour Jean-Marc Sabatier, les conclusions de ces études sont erronées. Dans un article publié le 20 mai 2022, il établissait déjà un lien direct entre la Covid-19 et l’hépatite infantile (Voir figure 3) alors que l’OMS et la communauté scientifique impliquaient alors un autre adénovirus, appelé AD-41.
L’implication du SARS-CoV-2 dans les hépatites infantiles seront ultérieurement confirmées par plusieurs études citées, entre autres, par le journal Sciences et Avenir, mais aussi par le Journal of paediatric gastroenterology and nutrition.
D’autres travaux mettaient en évidence que la Covid-19 peut entrainer une élévation de la concentration de plusieurs enzymes hépatiques dans le sang, notamment l’alanine aminotransférase (ALT) et l’aspartate aminotransférase (AST), ainsi que la bilirubine comme observé lors d’une hépatite.
Cette observation vient d’être confirmée chez les enfants ayant une hépatite par des chercheurs de l’Université Case Western Reserve (Cleveland, États-Unis) dans un preprint mis en ligne le 14 mai 2022 (pas encore revu par les pairs).
Ils ont comparé « une cohorte de 245.000 enfants avec la Covid avec une cohorte de 550.000 enfants avec d’autres infections respiratoires. Après avoir contrôlé plusieurs facteurs de risque, tels que l’âge, le poids et l’origine ethnique, ils ont constaté que le risque d’atteinte hépatique était plus élevé chez les patients Covid, avec des taux anormalement élevés de ces enzymes (ALT et AST) ainsi que de bilirubine, un pigment qui s’accumule lors d’une hépatite et qui cause la jaunisse (ou ictère). Ce risque accru était présent jusqu’à six mois après l’infection, ce qui, selon les auteurs, suggère des séquelles hépatiques aigües et à long terme chez les patients pédiatriques de Covid-19. »

Un dysfonctionnement du SRA

Jean-Marc Sabatier
Jean-Marc Sabatier (DR)

Déjà en mai 2022, Jean-Marc Sabatier précisait que les hépatites aiguës sont des inflammations du foie jusqu’ici provoquées par l’infection de l’un des 5 virus des hépatites et, parfois, par des substances toxiques. Ces virus sont désignés par les lettres A, B, C, D et E qui donnent la maladie du même nom. Ces virus diffèrent par leur mode de transmission qui est féco-orale pour les virus A et E et parentérales (sanguine ou muqueuse) pour les virus B et C. Ces virus diffèrent aussi par leur dangerosité.
Or ces virus n’ont pas été détectés chez ces enfants atteints d’hépatite aiguë. D’où le mystère qui plane autour de cette maladie. Selon Jean-Marc Sabatier, ces hépatites aiguës correspondent à une maladie de la Covid-19 et sont induites par un variant ou sous-variant émergent du SARS-CoV-2 (Omicron, XD, XE ou autres). Ceci suggère qu’il existe un risque qu’avec les nouveaux vaccins basés sur la protéine Spike d’Omicron, le même phénomène inflammatoire du foie puisse survenir chez les jeunes enfants vaccinés avec les nouveaux vaccins. Il est notable que l’hépatite (hépatite auto-immune) apparaît déjà dans le suivi des cas d’effets indésirables des vaccins Covid-19 (vaccins à ARNm).
Selon Jean-Marc Sabatier, ces hépatites aiguës sont le pendant de ce que l’on observe pour le cœur avec les myocardites (inflammation du cœur), péricardites (inflammation du tissu protecteur du cœur), conjonctivite (inflammation de la conjonctive de l’œil) et vascularite (inflammation des vaisseaux sanguins), etc.
Ces maladies de la Covid-19 sont dues à un dysfonctionnement du système rénine-angiotensine (SRA) qui joue un rôle clé dans le fonctionnement de l’organisme humain (et des mammifères en général).

À quoi sert le foie ?

Ces hépatites aiguës apparaissent chez les enfants, car ils ont un système immunitaire très puissant et réactif, notamment au niveau de l’immunité innée. Les derniers sous-variants émergents du SARS-CoV-2 doivent favoriser l’inflammation du foie.
Les traitements anti-inflammatoires sont donc recommandés ainsi qu’une bonne supplémentation en vitamine D, régulateur négatif du SRA.
Le foie remplit trois fonctions vitales indispensables à notre organisme : La détoxification (élimination des toxines et déchets produits par notre corps), la synthèse métabolique (lipides, glucides et protéines), le stockage de l’énergie (sous forme de sucres) et de vitamines (A, D, E, K).
Au regard de toutes ces analyses, les conclusions de ces deux études écossaises et britanniques semblent à ce stade complètement erronées.

*Jean-Marc Sabatier est directeur de recherches au CNRS et docteur en Biologie Cellulaire et Microbiologie, HDR en Biochimie. Éditeur-en-Chef des revues scientifiques internationales : « Coronaviruses » et « Infectious Disorders – Drug Targets ». Il s’exprime ici en son nom propre.

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